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Plants maraîchers : une demande en croissance

La demande pour les plants maraîchers froids est en croissance. La recherche de légumes produits en France, le développement du bio et des circuits courts et la réduction des solutions herbicides favorisent leur essor.

L’essor du bio et la baisse des herbicides utilisables favorisent le recours aux plants qui voient leur marché progresser de 5 à 7 % par an.
L’essor du bio et la baisse des herbicides utilisables favorisent le recours aux plants qui voient leur marché progresser de 5 à 7 % par an.
© GroupeThomas

Une trentaine d’entreprises en France fournissent des plants de salade, choux, poireau, céleri, oignon, melon, tomate, courgette… Depuis quelques années, le secteur est en forte croissance. « La consommation en France s’oriente de plus en plus vers des légumes français, ce qui accroît la demande en plants. L’essor du bio et la baisse des herbicides utilisables favorisent aussi le recours aux plants. Globalement, les volumes augmentent de 5 à 7 % par an. Et une grosse part de la croissance est liée au développement du bio et des circuits courts », note Didier Cadiou, président du Syndicat français des producteurs de plants (SF3P) et dirigeant d’Emeraude Plants, Arcat Plants et Atlantique Plants Bio. « En 2021, nos ventes ont augmenté de 3 % en conventionnel et 15 % en bio, indique Frédéric Ollivier, directeur commercial du Groupe Briand. Le bio a représenté 20 % du chiffre d’affaires en 2020 et sans doute 22 % en 2021. »

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« Nos ventes de plants froids augmentent de 20 % par an, essentiellement en bio qui représente aujourd’hui un quart à un tiers des plants, note Nicolas Paul, directeur du Groupe Thomas. En l’absence d’herbicides, les bio choisissent plus souvent de planter que de semer, avec des écartements permettant le binage mécanique. » Des espèces principalement semées jusqu’ici (épinard, navet, oignon…) sont plus souvent plantées en bio. Et la demande en plants bio augmente aussi en salade, poireau, céleri, fenouil, mâche, aromatiques, melon, choux, betteraves, tomate et choux d’industrie… tant chez les producteurs spécialisés qu’en maraîchage de ceinture verte ou pour l’industrie. « La salade se développe en bio, notamment pour la 4e gamme où le bio est encore peu présent », précise Frédéric Ollivier.

Plus de segmentation

Avec la tendance du « manger mieux et local », la demande en plants froids augmente aussi chez les maraîchers en circuit court. « Une tendance dans le Sud-ouest, qui s’est accentuée avec le Covid, est la multiplication du nombre de petits clients cultivant de nombreux légumes pour la vente en circuit court », constate Albert Maraval, gérant d’Hortival. Le développement du bio, qui implique plus de rotations, et celui des circuits courts demandeurs d’une large gamme de légumes se traduisent aussi par plus de diversification et segmentation. De nouvelles espèces sont aujourd’hui très demandées en plants (patate douce, courges, aromatiques) et la gamme variétale s’élargit. « Nous avons désormais dix références de courgette, avec cinq variétés par référence. En courge, le nombre de références est impressionnant pour de petits volumes. Il y a aussi beaucoup de variétés d’oignon, choux, tomate… Emeraude Plants propose 4 500 articles », indique Didier Cadiou.

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Le développement du bio, des circuits courts et des filières sans résidu de pesticides impacte fortement le secteur. La plupart des pépiniéristes ont désormais des serres dédiées au bio et ont dû revoir la production. « La principale contrainte en plants froids bio est qu’il faut être beaucoup plus vigilant, notamment par rapport aux insectes, note Frédéric Ollivier. Des solutions de biocontrôle existent, mais elles ne sont pas efficaces à 100 %. Le bio fait toutefois progresser les équipes et permet de réduire les pesticides sur l’ensemble des plants. » Une autre contrainte est l’approvisionnement en semences biologiques. « Les lots sont moins réguliers et il y a plus de fonte de semis, observe Frédéric Ollivier. La disponibilité en semences bio n’est par ailleurs pas totale et pourrait être un frein au développement du bio. L’approvisionnement en semences de choux non CMS, de plus en plus demandées, commence aussi à poser problème. »

Evolution de tous les services

La multiplication du nombre de références demande aussi des évolutions de tous les services. « Il faut des serres plus compartimentées, du matériel qui puisse traiter de gros volumes et des spécificités. Nous avons aussi dû faire évoluer nos systèmes informatiques. Et nous devons faire appel à de vrais logisticiens pour livrer à l’heure voulue et massifier les volumes pour rendre les coûts de transport supportables », analyse Didier Cadiou.

« La multiplication du nombre de clients ne facilite pas la mécanisation, témoigne Albert Maraval. La logistique est aussi plus compliquée, avec des lots plus petits, des palettes mélangées. Et comme nous livrons chaque semaine un nombre de clients toujours plus élevé pour un même nombre de plants, nous devons grouper les commandes et trouver des solutions de dépôt. » Le Groupe Briand a aussi simplifié la gamme variétale proposée aux petits maraîchers. « Pour les petits maraîchers, nous assurons une veille variétale et sélectionnons les variétés, ce qui simplifie et sécurise la gamme, précise Frédéric Ollivier. Nous proposons une ou deux variétés par espèce et créneau de plantation. Cela permet de regrouper les lots, car nos outils sont faits pour traiter de gros volumes. »

Peu de concurrence étrangère

Si des plants de choux arrivent de Belgique et des Pays Bas, des plants de courgette, poireau, céleri, salade, melon d’Espagne et d’Italie, la concurrence étrangère est par contre limitée. « A la différence des plants chauds, les plants froids sont livrés chaque semaine chez de nombreux clients, souligne Albert Maraval. Les Belges et Hollandais qui veulent livrer des camions entiers sont donc peu intéressés. » « Dans la logique du consommer français, les maraîchers privilégient les plants produits en France », note Nicolas Paul. L’essor du bio renforce aussi la préférence pour du plant français. « Les cahiers des charges bio diffèrent entre pays et les maraîchers préfèrent sécuriser leurs agréments en n’utilisant que du plant français, remarque Frédéric Ollivier. La durée de transport est aussi un frein, par exemple en salade. »

Les attentes des maraîchers

 

© Klasmann
1 Des plants sains et de qualité. Les plants maraîchers froids doivent avoir un bon enracinement, être vigoureux, endurcis, avec une motte compacte mais aérée, à la bonne humidité. Une autre exigence essentielle est qu’ils soient indemnes de maladies et d’insectes. En circuit court, parce que les quantités sont limitées et la préparation de sol pas toujours optimale, les maraîchers recherchent en général des plants un peu plus développés que les producteurs spécialisés.

 

 

 
© Ferrari
2 Des plants adaptés à la mécanisation. Le développement de la plantation mécanique donne plus de souplesse dans les plannings, limite le besoin en personnel et donc le coût et permet de faire face au problème de recrutement de la main-d’œuvre. De nombreux maraîchers investissent aujourd’hui dans des planteuses de plus en plus sophistiquées. Les plants doivent donc être adaptés à la plantation mécanique, avec des mottes qui se tiennent et parfois des plants moins hauts.

 

 

 
© RFL
3 La régularité des approvisionnements. Les plants froids sont livrés une fois par semaine pendant plusieurs mois mais ils se doivent d’être réguliers et homogènes d’une semaine à l’autre en taille, humidité, qualité de végétation… La livraison le jour J à l’heure H est également un point crucial. En plus des serres, les producteurs disposent en général d’espaces extérieurs qui permettent d’endurcir les plants, mais aussi éventuellement de les freiner s’il fait trop chaud.

 

Forte évolution des substrats depuis dix ans

 

 
L'objectif est de trouver des alternatives à la tourbe. © Klasmann

La tourbe noire allemande, qui se raréfiait, a été remplacée par de la tourbe des pays baltes, plus aérée, souple et légère à transporter. La pression sociétale pour préserver les tourbières amène aussi à remplacer une partie de la tourbe par des fibres de bois, composts végétaux, coco fine. « Notre objectif en 2025 est d’avoir 30 % de matières premières alternatives dans tous nos terreaux », indique Chantal Le Coguic, responsable technique de Klasmann-Deilmann France.

L'essor des plaques alvéolées

Une autre tendance est le développement des substrats certifiés UAB (Utilisables en Agriculture Biologique). « La difficulté est que la source d’azote est organique et que sa minéralisation en ammonium puis nitrates dépend de la vie microbienne. En cas d’excès d’eau ou de froid, il peut rester à l’état ammoniacal, ce qui nuit à certaines espèces. Et quand il fait très chaud, le processus s’emballe, générant des pics de salinité. Les nitrates sont aussi nécessaires pour lever la dormance de certaines graines. » Autre tendance : l’essor des plaques alvéolées, moins coûteuses. « Actuellement 3 % seulement de nos plants de salade sont en plaque alvéolée, mais les plaques pourraient être un axe de développement à l’avenir », indique Jean-Michel Mounier, de la Sarl du Tilleul.

 

Le secteur du plant maraîcher doit faire face à de nombreux défis

 
Les pépiniéristes doivent répondre au nouveau règlement européen de santé des végétaux, qui implique plus d’autocontrôles. © RFL

La recherche d’alternatives à la tourbe et la hausse du coût du transport et de la main-d’œuvre augmentent le coût de production des plants. S’y ajoute aujourd’hui la flambée des prix des matières premières liée à la crise. « Un enjeu à court terme est de faire face à l’inflation sur tous les intrants, semences, terreau, carton, plastique, acier, gaz, transport… », estime Nicolas Paul, Groupe Thomas. Un autre enjeu pour le secteur est de continuer à fournir des plants sains et de qualité avec moins de phytosanitaires et en limitant l’impact environnemental (pesticides, énergie, substrats, emballages…).

Nouveau règlement européen de santé des végétaux

« Même en conventionnel, il y a une forte baisse des produits utilisables et des cahiers des charges très poussés, comme le zéro résidu de pesticides, note Didier Cadiou. Nous devons être de plus en plus vigilants. Emeraude Plants a ainsi investi dans une ligne de lavage-désinfection de tous ses supports de culture. » Les pépiniéristes doivent aussi répondre au nouveau règlement européen de santé des végétaux, qui implique plus d’autocontrôles. « Nous réfléchissons à des formations du personnel sur ces aspects, sans doute en 2022 », indique le président du SF3P.

 

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