Aller au contenu principal

ASPERGE
Les mauvaises herbes ont mauvaise mine

Le désherbage de l’asperge cherche des solutions dans la combinaison de différentes techniques de maîtrise des mauvaises herbes.

Même si sa végétation peut devenir très abondante en plein été, l’aspergeraie se montre sensible à la compétition des adventices lors de sa première et deuxième année d’implantation puis pendant la période post-récolte pour les asperges blanches. Les mauvaises herbes entraînent également une gêne sur les chantiers de récolte en asperge verte. Aucun herbicide n’étant utilisable pendant la durée de récolte, leur gestion doit se faire obligatoirement avant et/ ou après récolte chimiquement ou en utilisant de méthodes alternatives, désherbage thermique ou mécanique entre rangs.

Complémentarité du spectre d’action des herbicides

« Outre la compétition pour l’eau et les éléments nutritifs présents dans le sol, la présence d’adventices peut aussi générer un microclimat favorable à l’apparition des maladies fongiques type rouille et stemphylium », a mentionné Emilie Casteil, Asperges de France, lors de la seconde journée technique organisée par l’association qui s’est déroulée en septembre dernier à Saint-Maturin-sur-Loire (49). Une bonne maîtrise du désherbage est donc nécessaire à la bonne mise en réserve de l’aspergeraie. Mais l’éventail de solutions chimiques est faible et a tendance à se restreindre. « Notamment avec la disparition du Surflan (oryzalin), désherbant antigerminatif utilisé en pré-levée sur sol nu après débutage, dont l’utilisation est arrivée à échéance au 30 novembre 2016 », précise Grégory Roy, référent Asperge au Ctifl. Toutefois, l’année 2017 pourrait laisser espérer l’arrivée de nouveaux produits. « Des essais sur aspergeraies destinées à la destruction ont permis de tester des produits encore non homologués et de montrer l’élargissement possible et la complémentarité du spectre d’action de certains herbicides en association », a mentionné Sarah Bellalou, responsable du Pôle Asperge chez Invenio.

Ne pas laisser les adventices se développer

Des alternatives au désherbage chimique émergent aussi et sont testées seules ou en association. C’est le cas du désherbage thermique qui a fait l’objet d’expérimentations sur asperge dans les stations LCA en région Centre et Invenio dans le Sud-ouest. Celui-ci peut présenter une efficacité satisfaisante sans présenter de problème de sélectivité même si, dans certains cas, il peut « marquer » les écailles des turions selon leur stade. Attention toutefois à ne pas trop laisser se développer les adventices et éviter de dépasser le stade cinq feuilles, surtout avec les graminées. Cette destruction thermique présente une rémanence nulle qui peut devenir une limite si les conditions météorologiques sont favorables à des levées successives. Ce point est à prendre en compte pour les surfaces importantes avec des temps de passage importants d’environ 3 h/ha mais aussi une consommation de gaz importante (60 kg de gaz par hectare) en plein et l’amortissement d’un matériel spécifique. Le désherbage mécanique fait également partie des opportunités de maîtrise de l’enherbement de l’entre-rang expérimentées à LCA. Son efficacité est intéressante associée à une rapidité d’intervention, mais aussi à une rémanence faible liée aux conditions météorologiques (ré-émergence). Le paillage avec des films biodégradables fait également partie des moyens utilisables présentés dans des essais réalisés par la coopérative Fleuron d’Anjou. Enfin, toutes ces techniques peuvent également être associées, ainsi que l’amélioration des conditions d’application des désherbants grâce à du matériel adapté comme la pulvérisation confinée.

Faire baisser l’IFT

Conseillère à la chambre d’agriculture de Maine-et-Loire, Rosalie Dutertre travaille avec des producteurs d’asperge dans le cadre du Réseau Dephy Ferme. « Pour l’année de plantation, la part des herbicides dans l’IFT total (indice de fréquence de traitement) est de 30 %. Pour une aspergeraie en routine, cette part va jusqu’à 60 % mais en fait, c’est le nombre des autres traitements insecticides et/ou fongicides qui diminue en fonction de la pression sanitaire de l’année », explique la technicienne. Toutefois, le projet Dephy est de réduire cet indice grâce à différents leviers : diminution des doses utilisées, traitement localisé sur le rang, désherbage mécanique de l’entre-rang, rebutage progressif sur le rang. « Dans nos essais nous avons notamment substitué le désherbage chimique par du désherbage mécanique avec comme résultats une diminution de 42 % de l’IFT sur la conduite Dephy », mentionne Rosalie Dutertre. Toutefois, à résultat équivalent, les coûts de trois programmes sont distincts : conventionnel chimique, Dephy (chimique + mécanique), bio (plastique biodégradable + mécanique) sont très différents et passent respectivement de 180 euros/ha à 369 euros/ha et 946 euros/ha.

Essais de paillage plastique biodégradable

Cette année, des essais de paillages biodégradables ont été mis en place par Fleuron d’Anjou avec trois types de film présentant des délais de dégradation variables, mais également au CEHM. L’objectif était de tester la facilité du turion à percer le paillage, l’effet sur l’enherbement, le maintien sur la butte puis la capacité de dégradation du film. « Cet essai se place dans une prospective de maîtrise des adventices en agriculture biologique, sans utilisation d’herbicide et s’avère avoir un coût très élevé », a mentionné Baptiste Richard, technicien de Fleuron d’Anjou. Dans le Sud-ouest, Invenio a également testé ce type de paillage biodégradable en notant différents avantages et inconvénients (voir ci-dessous) et en mentionnant son coût (environ 600 euros/ha).

Avantages

Pose facile avec un matériel adapté et par temps chaud.

Butter avant la pose du paillage permet une pose régulière, une tension satisfaisante du plastique et une meilleure percée des asperges.

Bonne efficacité sur digitaires, chénopodes, amarantes et daturas (sauf liseron).

Inconvénients

Déchirures de part et d’autre du turion avec certains plastiques.

Au départ, la densité de turion semble plus faible sur parcelle paillée.

Au départ, hauteur inférieure de turions.

Dégradation du paillage pas assez avancée à l’automne.

Du matériel en présentation

Pulvérisation

TEC (Technologie éco-confinée) a présenté un matériel de désherbage bas volume pour une application confinée sous un dôme étanche. La pulvérisation se fait par des disques de micronisation (et non des buses) permettant la réduction des volumes utilisés à l’hectare en assurant un compromis entre l’autonomie de désherbage, la qualité de la pulvérisation et l’efficacité produite. Le système limite les projections sur les asperges et dans l’environnement.

Désherbage thermique

Le Pirodiserbo, distribué par Sedima, est un désherbeur thermique équipé de brûleurs latéraux qui peuvent détruire les mauvaises herbes sur le rang en protégeant le feuillage des risques de brûlure, grâce à un système de flux d’air situé au-dessus de la flamme. L’engin utilise du gaz propane, en bouteille ou cuve selon les montages et peut fonctionner à une vitesse comprise entre 2 et 5 km/h.

Désherbage mécanique

Le robot de désherbage Naïo a fait ses premiers essais dans une aspergeraie. Equipé de griffes, l’engin, qui se guide de manière autonome au plus près de la butte, nécessite toutefois quelques adaptations pour une utilisation spécifique au désherbage mécanique des asperges. Selon son constructeur, il pourrait travailler de 0,5 à 1 ha en huit ou dix heures (durée de charge des batteries).

Retrouvez nos vidéos des démonstrations sur www.reussirfl.com

Les plus lus

« L’asperge est une culture rentable si on maîtrise ses charges » : dans les Landes, la coopérative Maïsadour à la recherche de producteurs d’asperges

Dans les Landes, la coopérative Maïsadour recherche 3 à 4 producteurs d’asperges en projet d’installation ou de…

Boîtes de légumes petits pois et haricots verts d'aucy de la gamme Bien cultivés avec le logo Origin'Info.
Baisse de la consommation des légumes en conserve : comment d’aucy (coopérative Eureden) entend s’adapter ?

Face à la baisse des ventes de légumes appertisés, la coopérative d’aucy, filiale du groupe breton Eureden prévoit une…

Pommes : comment Blue Whale entend dynamiser le rayon pommes ?

Redynamiser le rayon pommes pour faire face à la baisse de consommation de ce fruit : c’est la mission que s’est donnée…

Haricots verts destinés à la surgélation dans une usine Gelagri.
Légumes surgelés en Bretagne : pourquoi Gelagri (Eureden) et Greenyard se rapprochent ?

Gelagri Bretagne et Greenyard Frozen France ont annoncé le 27 mars être entrés en négociation exclusive en vue d’un…

récolte de clémentines de Corse, manuelle
Changement climatique : pourquoi le CGAEER estime que la relocalisation en fruits et légumes en France sera limitée ?

Un rapport du CGAAER s’est intéressé au potentiel de la France en fruits et légumes dans un contexte de changement climatique…

Montage de trois photos : portrait de Serge Le Bonniec ; des palettes de choux-fleurs ; un entrepôt vue de dehors avec un camion
« J’ai toujours su qu’un jour je reviendrai dans ce métier passionnant qu’est l’expédition de fruits et légumes » : Serge Le Bonniec, expéditeur de légumes à Paimpol

En Bretagne, rencontre avec Serge Le Bonniec, un « gars du pays de Paimpol », tombé dans la marmite des fruits et…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes