Gaspillage alimentaire
Les fruits et légumes pionniers anti-gâchis en GMS
En grande distribution, ce sont les fruits et légumes qui ont marqué la lutte anti-gaspillage. Les deux opérations existantes sur les f&l déclassés se déclinent aujourd'hui sur d'autres produits, pas seulement alimentaires, ainsi qu'à l'étranger.
Les enseignes de la grande distribution se revendiquent comme les « premiers contributeurs en matière de dons alimentaires en France ». Argument : elles ont signé, dès juin 2013, le “pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire”. A travers ce pacte, elles s'engageaient à passer des conventions volontaires avec les organismes de dons alimentaires. Selon la FCD, les principaux groupes de distribution ont fait don l'an dernier de l'équivalent de 120 millions de repas, soit + 3 % par rapport à 2012. Carrefour a ainsi fait don, en 2014, de l'équivalent de 77 millions de repas aux associations. Auchan en revendique 13 millions. Monoprix, dont le nombre de magasins contributeurs est passé l'an dernier à 140 (contre 64 en 2013), aurait distribué l'équivalent de 3,1 millions.
Un concept qui se décline
La grande distribution lutte aussi contre le gaspillage alimentaire d'une autre manière. Alors qu'elle est au départ à l'origine du déclassement de nombre de produits, elle vend aujourd'hui dans ses linéaires, des fruits et légumes qu'elle a d'emblée refusés, au motif que le consommateur ne les achèterait pas. Et elle les vend moins cher. La petite histoire a commencé avec Intermarché qui, en 2014, avait lancé une opération “Fruits et légumes moches”, destinée à vendre des produits délaissés par les clients car d'aspect imparfait.
Quelques mois plus tard, c'est le collectif “Gueules cassées” initié par Nicolas Chabanne qui reprend les mêmes conditions (les produits sont vendus 30 % moins cher que leurs pendants à l'esthétique parfaite). Objectif : pouvoir étendre, à grands coups de communication, l'initiative aux autres enseignes. Décidé à faire autant de buzz qu'Intermarché, il adopte une signalétique humoristique signée “Quoi ma gueule ?”.
Une chose est sûre. Les fruits et légumes déclassés ont fait des émules. Alors qu'Intermarché lance ce mois-ci les “Biscuits moches”, les “Gueules cassées” – après s'être déclinées en céréales ou camembert au printemps dernier – concernent désormais des produits non alimentaires, tels que les couteaux et ustensiles de cuisine (!).
Fin novembre à l'Assemblée
Les mesures de lutte contre le gaspillage alimentaire feront leur retour fin novembre à l'Assemblée. Pour rappel, votées à l'unanimité au Palais Bourbon en mai dernier, dans le cadre de la loi sur la transition énergétique, les dispositions destinées à empêcher la GMS de jeter de la nourriture et de rendre leurs invendus impropres à la consommation, ce que les enseignes déclarent ne plus faire, avaient été censurées en juillet pour des raisons de procédure par le Conseil constitutionnel (lire aussi en p. 9). Le nouveau texte intégrera notamment des dispositions sur l'éducation à l'alimentation.
La vente des produits déclassés ne fait pas l'unanimité dans la filière. Que l'on soit pour ou contre, que l'on se pose la question “A qui profite l'opération ?”, cette pratique a moins le mérite de faire prendre conscience au consommateur de l'ineptie de vouloir ne consommer que des produits, qui plus est agricoles, à l'esthétique parfaite.