Avis d'expert
« Les économies d'énergie sont un facteur de rentabilité »
Expert en efficacité énergétique, Olivier Barrault, vice-président du groupe CertiNergy, répond à nos questions.

FLD : Quel est votre métier ?
OLIVIER BARRAULT : Nous accompagnons depuis quarante ans nos clients à bâtir une démarche d'efficacité énergétique, visant plus globalement à réduire leurs coûts. De fait, notre expertise englobe le sujet de l'eau, qui constitue à la fois un vecteur énergétique en raison de son usage pour laver ou refroidir des produits, les cuire, alimenter une chaudière ou une tour aéroréfrigérante. Mais l'eau est aussi une source de consommation énergétique en raison de son pompage, et surtout de l'énergie nécessaire à son épuration. La consommation énergétique d'une station d'épuration est en effet directement proportionnelle à la charge organique qui lui est envoyée. Notre second métier porte sur l'ingénierie et la conduite de projet d'installations d'utilités industrielles (vapeur, froid, air comprimé…) et d'énergies renouvelables, parmi lesquels des projets de chaudières bois, de géothermie ou de méthanisation. La valorisation du biogaz peut alors s'opérer directement dans le brûleur d'une chaudière ou dans un moteur de production d'électricité avec cogénération de chaleur. Il est possible aujourd'hui d'opérer une injection de ce gaz naturel dans le réseau GRDF avec un prix de rachat bonifié. Notre expertise nous a également conduits au fil des années à réaliser des projets innovants, voire même de rupture technologique telle que le procédé “Green CIP”. Ce procédé, unique, permet de régénérer des produits de lavages (soude et acide en général) de manière à réutiliser à l'infini ces solutions lessivielles. A cela s'ajoutent les grandes quantités d'eau et d'énergies en jeu, et surtout la suppression à la source de toute pollution. L'enjeu est considérable.
FLD : Les entreprises investissent-elles aujourd'hui dans les économies d'énergie ?
O. B. : Oui, mais il existe des freins à l'investissement. A ce titre, le chef d'entreprise n'aime pas l'incertitude. Or il en existe beaucoup. Sur le plan technique, quelles sont les opportunités et les solutions ? Les gains et les coûts d'investissement associés ? La rentabilité du projet ? Les moyens de financement ? C'est dans ce but que nous apportons les garanties pour sécuriser la rentabilité du projet, et que nous apportons au besoin le financement en assurant l'obtention immédiate de gains. Les certificats d'économies d'énergies peuvent à ce titre contribuer efficacement à leur réalisation. L'audit est incontestablement la première étape clé réalisée chez nos clients (Danone, Stalaven-Euralis, Intermarché, Agrial, Mix Buffet…). Dans le secteur des légumes, plusieurs axes de progrès concernent en général la gestion du froid, l'éclairage, l'air comprimé, le lavage des produits ou encore la cuisson. Il est classique de dégager des gisements de 10 à 20 % avec des rentabilités acceptables.
FLD : Les freins peuvent-ils être levés ?
O. B. : Souvent les entreprises ont une vision erronée de l'efficience énergétique en comparant leur facture énergétique au chiffre d'affaires. Or le budget énergie paraît souvent faible dans le secteur agroalimentaire en regard du poids des achats de matière première. Généralement, l'énergie ne représente que 2 à 4 % du chiffre d'affaires. Or, si l'on regarde en miroir le bénéfice de l'entreprise, il est proportionnellement peu différent. Toute économie de 10 % sur la facture énergétique se retrouve alors dans les mêmes proportions sur le résultat net de l'entreprise. Dans le contexte actuel, la pérennité économique de certains clients passe de fait par l'énergie et l'eau. La directive européenne sur l'efficacité énergétique a récemment positionné l'obligation de réaliser un audit énergétique tous les quatre ans pour tous les sites ayant dépassé au moins l'un de ces critères : plus de 250 salariés ou plus de 50 M€ de chiffre d'affaires ou plus 43 M€ d'euros de bilan. Ce qui peut passer pour une contrainte nouvelle est certainement une opportunité de réduire ses coûts.