Laitue : les biostimulants montrent leur intérêt pour la culture
De nombreuses données bibliographiques actualisées montrent l’intérêt de l’usage des biostimulants pour la culture de la laitue, plus particulièrement des hydrolysats à base d’acides aminés libres.
De nombreuses données bibliographiques actualisées montrent l’intérêt de l’usage des biostimulants pour la culture de la laitue, plus particulièrement des hydrolysats à base d’acides aminés libres.
L’utilisation de molécules augmentant la vigueur des plantes lors de conditions environnementales défavorables pourrait être un levier efficace pour développer une agriculture plus durable à l’heure du changement climatique et des mutations agricoles. Parmi ces produits, l’usage de différentes formes de biostimulants s’accroît d’environ 10 % chaque année. Les biostimulants ont d’abord été utilisés par les producteurs de cultures spécialisées (viticulture, arboriculture, maraîchage et horticulture) surtout dans le sud de l’Europe.
Puis, peu à peu, le secteur des grandes cultures les a intégrés. Ces produits peuvent être incorporés au support de culture, avant l’implantation de cette dernière, ou être appliqués au cours de la saison de croissance, en préventif, par pulvérisation foliaire ou par arrosage au sol. Les biostimulants peuvent aussi être utilisés en enrobage de semences ou pour l’amorçage de la germination des graines (Seed Priming), dans la mesure où ils favoriseraient l’établissement des plantules sous diverses conditions environnementales.
Développement des laitues sous différents stress environnementaux
« Le recours à ces différents types de produits présente un intérêt tout particulier pour la culture de la laitue », mentionne Marthe Malécange, de l’Institut de recherche en horticulture et semences (IRHS), selon de nombreuses données bibliographiques recueillies lors d’un travail d’étude dans le cadre d’une thèse pour BCF Life Sciences (1). Des expérimentations menées sous tunnel plastique, sous serre ou en plein champ ont révélé les bienfaits des biostimulants sur la croissance, la qualité, la récolte ainsi que la tolérance des laitues à différents stress abiotiques. Par exemple, l’application foliaire (4 ml/l) d’acides humiques sur des laitues cultivées en plein champ augmente la récolte de 75 et 30 % durant deux saisons de végétation.
De même, l’apport d’acides aminés améliore la qualité de la production de laitue, de roquette et d’épinard, en limitant l’accumulation de nitrates dans leurs feuilles. « Ce dernier point revêt un intérêt particulier, dans la mesure où une teneur élevée en NO3- dans les feuilles conduit à une détérioration de la qualité nutritionnelle des laitues », commente Marthe Malécange. En effet, la concentration maximale réglementaire en nitrates des feuilles de laitues, sous abri, est comprise entre 3 500 et 4 500 mg NO3- par kilo de produit frais, selon la période de récolte. De ce fait, l’apport de NO3- doit être raisonné, de sorte à assurer la croissance des laitues, tout en évitant de les rendre impropres à la consommation humaine. De plus, les biostimulants permettent un meilleur développement des laitues sous différents stress environnementaux.
Des mécanismes variés en pleine exploration
Des travaux de recherche ont révélé que l’apport d’un biostimulant de la catégorie des hydrolysats protéiques et des acides aminés (acide L-pyroglutamique ajouté à 0,5 kg/ha par le système d’irrigation) réduit l’effet néfaste d’un déficit hydrique sur les laitues cultivées en plein champ. En effet, en situation de stress hydrique, le poids frais et le rendement des laitues traitées avec l’acide L-pyroglutamique augmentent respectivement de 37 % et de 31 %, par rapport aux laitues non traitées.
« Ce dernier point est très intéressant puisque la laitue est particulièrement sensible à la sécheresse en raison, notamment, de la forte teneur en eau de ses feuilles », mentionnent les auteurs. En effet, un déficit hydrique pour la laitue peut conduire à la formation prématurée de pommes de mauvaise qualité ainsi que de brûlures marginales. « L’emploi de biostimulants, en plein essor, revêt donc un rôle prometteur en agriculture, dans la mesure où il répond aux enjeux de demain : un usage d’intrants (engrais minéraux) diminué et un plus grand respect du sol », relève Marthe Malécange. Car les biostimulants agissent sur différents aspects de la production végétale – tolérance aux stress abiotiques, action sur la croissance et le développement, meilleure qualité des récoltes, absorption favorisée des éléments nutritifs – grâce à des mécanismes variés en pleine exploration.
Stimuler les processus naturels
D’après le consortium des industries européennes des biostimulants, l’Ebic, un biostimulant se définit comme « un produit contenant une ou des substances et/ou des microorganismes dont la fonction consiste, lors de l’application sur les plantes ou la rhizosphère, à stimuler les processus naturels afin d’améliorer l’absorption des nutriments, l’efficience des nutriments, la tolérance aux facteurs de stress abiotiques, et la qualité des cultures, indépendamment du contenu en nutriments ». Les biostimulants incluent les microorganismes, les acides humiques, les acides fulviques, les extraits d’algues ainsi que les hydrolysats protéiques et acides aminés. Le règlement UE 2019/1009, entré en application le 16 juillet 2022, intègre les biostimulants dans la famille des matières fertilisantes et supports de culture (MFSC), et les différencie formellement des produits de biocontrôle.
Salade-poireau : des biostimulants en expérimentation au Sileban
« Au Sileban, le projet Sygin a commencé en 2021. Ce projet a pour objectif d’évaluer l’intérêt de produits biostimulants à base d’algues (entéromorphe et sargasse) sur la culture de salade pour la gestion des stress abiotiques », témoigne Gwénaëlle Le Bihan, du Sileban. En 2021, six extraits candidats ont été testés vis-à-vis du stress hydrique de la plante, à différentes doses en conditions contrôlées. Les premiers résultats montrent, à trop fortes doses, des impacts possibles sur la culture. D’autres essais en conditions contrôlées devront affiner la méthodologie, les dosages et les temps d’application des produits algaux.
Des essais en plein champ ont été réalisés en 2022. « Les autres actions de ce projet permettent en amont la récolte des algues et le suivi d’un site de récolte. Le but est de fournir l’entreprise qui crée les extraits, et de créer une maquette d’un produit agroalimentaire (smoothie, crackers…) avec les algues transformées », précise la spécialiste. « Des biostimulants d’origine algale font également l’objet d’études de leur efficacité et leur intérêt, pour limiter le recours aux intrants fongicides en culture de poireau, dans le cadre du projet Apostim », mentionne également Franck Vial, responsable de ce programme au Sileban.