LeoFresh à Rungis : le grand export est un sport de combat
Créé en 2005 à Rungis, Leofresh s’est imposé dans le domaine de la grande exportation. Une activité changée par la pandémie et sujette à un lourd dispositif administratif.
Créé en 2005 à Rungis, Leofresh s’est imposé dans le domaine de la grande exportation. Une activité changée par la pandémie et sujette à un lourd dispositif administratif.
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Spécialisé dans l’exportation de denrées alimentaires fraîches, Leofresh rayonne sur 59 destinations en Afrique, au Proche et Moyen-Orient, en Asie du Sud-Est… « Nous avons des positions très fortes sur l’océan Indien : Leofresh est le premier opérateur export vers les Maldives, les Seychelles, Maurice », précise d’emblée Hillel Sebag, son PDG. La clientèle de l’entreprise se compose de grands groupes hôteliers internationaux (Four Seasons, Marriott, Beachcomber, Constance, etc.), d’importateurs, de supermarchés indépendants, de yachts privés.
La Covid-19 rebat les cartes
L’année 2022 s’annonce sous de bons auspices. « L’activité est très bonne : les hôtels ont réouvert, le tourisme reprend et les taux de fret aérien – même s’ils ne sont pas revenus à leur niveau pré-Covid 19 – sont tout de même en baisse », note Hillel Sebag. Cependant, la pandémie qui a secoué le secteur pendant deux ans a amené une forte réflexion sur le métier : « La crise a montré notre dépendance envers le transport aérien mais aussi envers la zone Asie. Clairement, c’est notre activité vers l’Afrique qui nous a soutenus pendant la période. Du coup, nous avons ouvert de nouvelles destinations plus proches : nous travaillons désormais sur le Danemark et la Norvège pour la même typologie de clients. Nous avons pensé que si nous savions exporter vers le Congo, nous pouvions le faire sur l’Europe du Nord »
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Un client plus exigeant côté prix
Au début, Leofresh était à 100 % dédié aux fruits et légumes. Répondant à des demandes de plus en plus multiples de sa clientèle, il s’est diversifié dans d’autres gammes (produits laitiers, produits de la mer…). Aujourd’hui, les fruits et légumes représentent environ 70 % de l’activité. Une des forces de Leofresh est d’assurer la réalisation de la certification sanitaire européenne pour toutes les formalités d’exportation, y compris le dédouanement. « Il y a cinq ans, nous avons développé un ERP en interne, explique Hillel Sebag. Cela nous permet par ailleurs de mettre en ligne tous les documents nécessaires et aussi le prix par produit, ce qui n’est pas anodin. Notre clientèle a désormais accès à de multiples sources d’information : elle a une connaissance approfondie de la vraie valeur des choses. Nous traitons environ 40 000 bons par an et travaillons avec 500 fournisseurs. »
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Un contexte administratif ubuesque
Aussi passionnant qu’il soit, le grand export demande une sacrée prise de risque. Par nature, il fait parfois office de « banque ». « Nous achetons nos fruits et légumes à 30 jours, mais nous ne sommes pas payés pareillement », regrette Hillel Sebag. Mais surtout, les démarches administratives en France se sont singulièrement alourdies : « Nous ne sommes pas aidés par l’administration. L’obligation de prédéclaration avant envoi, la veille de l’expédition, alourdit le système. C’est encore plus compliqué pour les certifications : un temps, il était possible de tout réaliser sur le marché de Rungis ; désormais, il faut se rendre à Paris pour un simple tampon. Sans lui, le départ est bloqué ». Et de rappeler qu’aux Pays-Bas, les contrôles phyto sont effectués en interne avec vérification a posteriori. « Nous sommes inquiets pour l’avenir du métier. Nous ne demandons pas une confiance les yeux fermés de l’administration, mais au moins avoir la possibilité d’auto-contrôle », conclut Hillel Sebag.