ARBO
La pluie, bon support pour les traitements
L’eau de pluie est bien adaptée pour les traitements et préparations phytosanitaires en particulier en bio et biodynamie. Le pH et la dureté sont deux critères à surveiller.
L’eau de pluie est bien adaptée pour les traitements et préparations phytosanitaires en particulier en bio et biodynamie. Le pH et la dureté sont deux critères à surveiller.
Les deux critères à surveiller pour la qualité de l’eau utilisée lors des traitements sont la dureté et le pH. La dureté est proportionnelle à la présence plus ou moins importante en ions calcium, magnésium ou fer. Elle est exprimée en mg/l, ppm ou degré. La dureté peut rendre instables les formulations et les mélanges, et limiter la quantité de matière active pénétrant dans la plante. Le pH permet de mesurer l’acidité ou la basicité d’une solution. Le pH de l’eau pure à 25°C est égal à 7, c’est la valeur de référence d’un milieu neutre. Un pH inférieur à 7 est dit acide et un pH supérieur à 7 est dit basique. Le pH influe directement sur la demi-vie du produit. Si ces deux critères sont largement pris en compte dans la formulation des produits phytosanitaires en agriculture « conventionnelle » (même si quelques matières actives comme le glyphosate sont sensibles à un pH élevé), en bio et/ou en biodynamie, les producteurs sont très vigilants à la qualité de l’eau pour leurs préparations.
Pour Anne Duval-Chaboussou, chargée de mission en bio-biodynamie à la chambre d’agriculture des Pays de Loire, « l’eau de pluie est une eau réceptive, proche de la neutralité et particulièrement bien adaptée aux préparations, tisanes et décoctions utilisées en bio et biodynamie ».
L’eau de pluie, une eau réceptive proche de la neutralité
C’est également une source renouvelable et gratuite, et si les réserves sont insuffisantes, il est toujours envisageable d’utiliser l’eau du puits (penser à faire des analyses), voire l’eau du réseau, « mais elle est souvent chargée en chlore » souligne Anne Duval-Chaboussou. Si l’eau de pluie présente de nombreux atouts, il faut être très vigilant sur sa récupération et son stockage, souligne Pierre Masson, consultant en biodynamie : « Les quatre premiers millimètres doivent être évacués car ils sont chargés en impuretés et en polluants qui stagnent sur les toits et dans l’atmosphère. Il faut également penser au stockage de préférence dans des cuves en béton (affranchies à l’acide tartrique) enterrées à l’abri de la lumière (pour éviter la formation et le dépôt d’algues) ou des cuves en acier inoxydable pour une conservation optimale. »
AVIS DE PRODUCTEURS
PHILIPPE PROT, arboriculteur en Lorraine (6 ha de vergers)
L’eau de pluie bien adaptée aux tisanes et préparations en biodynamie
« Je récupère l’eau de pluie depuis les toits des bâtiments de mon exploitation et j’utilise cette eau pour préparer mes tisanes et préparations. Avec un pH aux environs de 6-6,5 elle est particulièrement adaptée alors que le pH de l’eau du réseau est aux environs de 8 (nous sommes dans une région avec des sols très calcaires). Je stocke cette eau de pluie dans des citernes enterrées à l’abri de la lumière, pour une capacité d’environ 5 000 litres. Pour les dilutions homéopathiques, j’utilise une eau « osmosée » car elle est encore plus pure que l’eau de pluie mais cela a un coût de traitement et on rejette 30 à 50 % de l’eau traitée ».
Dynamiser l’eau de pluie ou l’eau du puits
« L’eau du réseau est trop chargée en chlore et n’est pas adaptée aux préparations que nous utilisons en biodynamie. Nous utilisons de préférence l’eau du puits ou l’eau de pluie que nos arboriculteurs stockent dans des cuves en inox isolées (pour éviter une montée en température de l’eau) après avoir évacué les premiers millimètres chargés de polluants. Pour une parfaite information entre l’eau et la plante, nous dynamisons l’eau afin qu’elle s’oxygène. Cela permet de vivifier l’eau et de la régénérer, et lui donner ainsi toute son importance pour les traitements mais aussi pour l’irrigation des vergers ».