Provence : la pistache structure sa filière
Réimplanter la culture de la pistache dans le paysage provençal est bien loin de l’utopie, la filière s’organise pour renaître de ses cendres.
Réimplanter la culture de la pistache dans le paysage provençal est bien loin de l’utopie, la filière s’organise pour renaître de ses cendres.
« Pistache en Provence » s’est réuni en octobre dernier autour du petit fruit à coque dont la demande se fait de plus en plus forte. « C’est un système d’aspiration par le haut qu’il ne faut pas rater », affirme Olivier Baussan, président de l’association. Ainsi, de nombreuses actions ont été menées cette année, prouvant le dynamisme associatif ambiant. Deux stagiaires ont inventorié les vergers et les usages de la pistache. Deux vergers expérimentaux sont maintenant suivis pour trouver la variété idoine de la pistache provençale. Le premier est à la station expérimentale La Pugère, à Mallemort, avec une cinquantaine de plants, couplé à une observation du verger quasi sauvage de la Sainte-Victoire à proximité d’Aix-en-Provence ; le second est le verger du conservatoire de la Thomassine, à Manosque, où l’on trouve une soixantaine d’arbres de diverses variétés sur différents porte-greffes.
Construire le bon itinéraire technique
Un travail de fond a également été mené pour le développement de nombreux partenariats, avec le syndicat « France pistache », mais aussi la Chambre d’agriculture de Vaucluse, des universités américaines spécialistes du sujet, et des partenaires, à commencer par la Maison Brémond 1830. L’entreprise – qui souhaite faire de son produit phare, le suprême de pistache, une production provençale et non plus italienne – portera effectivement le projet de structuration de la filière, « Pistache avenir », devant FranceAgriMer. Le syndicat le déposera, quant à lui, devant la Région Sud.
« Actuellement, il y a environ 100 hectares de plantations. La surface moyenne estimée est de 1,1 hectare par verger, et 2 hectares plantés par agriculteur », détaille Emmanuelle Filleron, chargée de mission pour la Chambre d’agriculture. Ces chiffres confirment la phase du test et de structuration dans laquelle se trouve la filière. « L’essentiel des plantations a été fait avec la variété américaine Kerman, une des seules disponibles mais le potentiel variétal est énorme et la diversification est en cours », ajoute-t-elle. Les enjeux pour la filière sont triples : il faut sécuriser la production ; la développer de façon qualitative ; et, enfin, garantir un niveau de valorisation.
Pour cela, les besoins sont nombreux et concrets, tels que l’estimation du coût de production, la question de l’approvisionnement en plants, l’accompagnement technique, la détermination de l’équipement et la situation en post-récolte ou encore quelle valorisation sur le marché. Pour atteindre l’ambitieux objectif de 2 000 hectares d’ici 2035, la recherche de financement d’un programme d’expérimentation à la hauteur est obligatoire. Les chercheurs sont en tout cas déjà présents. Un GIEE pour la diversification des exploitations provençales par la culture de la pistache a également été validé pour neuf ans (afin d’aller jusqu’à la récolte). Doucement, mais sûrement, le retour de la pistache en Provence fait son chemin et prend la forme d’une réalité tangible.