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Abricot : en quête de variétés au potentiel supérieur

L’abricot ne doit pas seulement être abondant et beau, il doit être bon. Qualité gustative et performances agronomiques sont désormais indissociables dans le choix des variétés. [Article de Sophie Sabot]

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Qualité gustative et performances agronomiques sont désormais indissociables dans les choix variétaux en abricot.
© Fruits et compagnie

Lancé en 2019 par l’AOP Pêches et Abricots de France, le plan qualité abricot visait à enrayer le désamour des consommateurs pour ce fruit après une lente dérive de la qualité gustative. Six ans plus tard, les producteurs ont bien intégré ce nouveau défi. Mais ils ont besoin de garanties pour choisir les variétés qui renouvelleront leurs vergers. Celles qui satisferont les goûts des consommateurs devront aussi être régulières en production et offrir des rendements et calibres compatibles avec les exigences de rentabilité.

Sans oublier le critère « tenue du fruit » pour éviter de précipiter les récoltes au détriment de la qualité gustative quand la météo s’annonce chagrine. C’est pour répondre à ces questions que l’AOP livre chaque année des listes variétales identifiant les variétés prometteuses, celles au potentiel supérieur mais aussi celles à ne plus planter.

Créneaux très précoce et précoce

Pour éclairer ces choix variétaux, Muriel Millan, responsable technique de l’AOP, s’est livrée fin 2024 à une analyse des dernières campagnes. Sur la base des données (apports, ventes, stocks) fournies quotidiennement par les organisations de producteurs adhérentes de l’AOP, elle a décrypté pour les producteurs les créneaux à enrichir en termes d’offre. « Sur la partie très précoce (semaines 20 à 23), il reste nécessaire de trouver un remplaçant au trio Wonder, Pricia, Colorado avec le même niveau agronomique mais un meilleur niveau qualitatif », indique-t-elle.

Trois variétés semblent intéressantes sur ce créneau : NC 1-17-283 (cov en cours) de Newcot, Luxaprem (cov en cours) de Star Fruits et Smart Cot (cov en cours) de Cot International. Leur comportement est suivi par les stations expérimentales. Attention toutefois à ne pas trop augmenter les volumes sur cette période où l’Espagne offre des variétés davantage en avance et donc meilleures gustativement. 

C’est sur le créneau précoce (semaines 23 à 25) que s’effectue la bascule entre apports espagnols et français. L’abricot français devient majoritaire. Avec la nécessité d’offrir « un super niveau qualitatif », insiste Muriel Millan. Sur ce créneau, Fiesta Cot (cov) de Cot International est identifiée par l’AOP comme « variété au potentiel supérieur », à la fois d’un point de vue agronomique et sur ses qualités gustatives. Elle fleurit un peu tôt en vallée du Rhône, à la même époque que Flopria (cov) de PSB.

Son comportement semble plus régulier dans les Pyrénées-Orientales. Sur ce créneau, l’AOP identifie également une variété « prometteuse » : Luxico SF 18-44 (cov en cours) de Star Fruits. Sa floraison tardive la rend intéressante en Rhône-Alpes. Son fruit est attrayant et elle présente un bon équilibre sucre/acidité. Seul point de réserve du côté des stations expérimentales (Sefra et Sica Centrex) : sa tenue épidermique.

Des variétés au potentiel supérieur

Sur le créneau « début de saison » (semaines 25 et 26), Muriel Millan alerte sur un marché généralement difficile. « Les stocks commencent à gonfler. Il ne faut pas perdre en qualité car nous entrons dans le cœur de la cueillette », avertit-elle. Sur ce créneau, l’AOP pointe notamment comme « potentiel supérieur » Cocot (cov) et Delicot (cov) de Cot International et Lido (cov) de PSB. Cocot reste à réserver au sud (Gard, Crau, Roussillon, Corse). Delicot et Lido confirment leur bon potentiel et leurs qualités gustatives sur l’ensemble des bassins de production, jusqu’en Rhône-Alpes. Attention toutefois à la sensibilité de Delicot au chancre bactérien. Du côté des nouvelles variétés, TC 237-18 de PSB, entre Lido et Boléro en maturité, semble se détacher.

Sur le créneau mi-saison (semaines 27 et 28), l’apport atteint en général son pic. « C’est le créneau des bêtes agronomiques avec une rentabilité à tenir pour les producteurs. Mais ces variétés sont aussi limitées qualitativement », reconnaît Muriel Millan. Le renouvellement variétal s’appuie donc sur une amélioration gustative mais aussi un maintien du potentiel agronomique.

Rouge Cot (cov) de Cot International semble tenir cette promesse sur tous les bassins de production. Attention toutefois à sa sensibilité au chancre bactérien et à la sensibilité de son épiderme à la pluie. NC 4-15-12 (cov en cours) de Newcot est à suivre du côté des variétés prometteuses. Les premières observations en vallée du Rhône et dans le Roussillon montrent des qualités intéressantes : potentiel de production important (à confirmer en Rhône-Alpes), fruit bicolore, attrayant, avec un IQA® entre 9 et 10.

Forte demande sur la fin de saison

Sur le créneau variétés de saison (semaines 29 et 30), Nelson (cov) de PSB se démarque. Son comportement agronomique se révèle homogène sur tous les bassins de production et son fruit offre tenue et très bonne qualité gustative. La Sefra (Drôme) signale aussi la variété Winter Cot (cov) de Cot international. Sa floraison très tardive en fait une variété intéressante pour les secteurs nord ou d’altitude en Rhône-Alpes.

Enfin, Muriel Millan souligne l’intérêt de planter sur le créneau fin de saison (semaines 30 et 31). « C’est une période où les stocks fondent et où la demande des enseignes est forte. Il faut un remplaçant à Farbaly sur ce créneau, avec un niveau agronomique équivalent mais une meilleure qualité gustative », recommande-t-elle. Madrigal (cov) de PSB semble se détacher sur ce créneau après plusieurs années de suivi dans les stations, en Rhône-Alpes comme en Roussillon.

Rédaction Réussir

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