Fraise : améliorer le potentiel de production du plant grâce à la fertirrigation
Modifier la fertirrigation du fraisier en pépinière a une incidence directe sur l’induction et l’initiation florale, et donc sur le potentiel de production du plant.
Modifier la fertirrigation du fraisier en pépinière a une incidence directe sur l’induction et l’initiation florale, et donc sur le potentiel de production du plant.
Parmi les signaux intervenant dans l’induction de la floraison du fraisier, les apports nutritifs constituent un élément crucial. En effet, une véritable gestion des éléments nutritifs est mise en place par la plante afin de répondre au mieux à ses besoins en fonction des stades de développement. « Diminuer la concentration en nutriments dans la solution de fertirrigation est une stratégie efficace pour provoquer une initiation florale précoce de la plante en pépinière », explique Marie-Noële Demené, chargée de programme fraise à Invenio.
Dans de nombreux cas, il a été démontré que le rapport carbone/azote (C/N) représente un élément déterminant pour le déclenchement de la floraison. Un rapport C/N fort conduit à un effet inducteur de la floraison alors qu’un rapport faible, lié à un apport en azote plus élevé, aura pour effet de retarder la floraison au profit du développement végétatif.
Réduire la fertilisation provoque une avance de l’initiation
« L’augmentation des réserves azotées, avec une application foliaire d’urée à la fin de l’automne, est l’une des stratégies que les producteurs peuvent utiliser pour améliorer efficacement la croissance et la production, sur des plants peu ou modérément fertilisés », précise la spécialiste. Un autre essai réalisé sur des plants de fraises de la variété Camarosa et reconduit pendant trois ans a montré un effet des applications d’azote en fin de saison sur le potentiel de production. Cet effet s’est traduit par une augmentation de 22 % des rendements précoces sans augmenter le rendement global.
Des essais de fertilisation azotée en pépinière de trayplant ont été réalisés par Invenio de 2009 à 2012 dans le cadre d’un projet financé par la Région Nouvelle-Aquitaine et le FEDER, en partenariat avec l’UMR 1332 Biologie du Fruit et Pathologie de l’INRAE de Bordeaux. Ces essais ont mis en évidence un effet d’une fertilisation moins dosée en azote (3 meq d’azote total dans la solution fertilisante) par rapport au témoin (10 meq d’azote total dans la solution fertilisante). Ainsi, la réduction de la fertilisation a systématiquement provoqué une avance de l’initiation de neuf à dix jours et une réduction de la surface foliaire.
Réduire l’azote mais dans une certaine limite
Dans le projet, si la concentration d’azote de 5 meq dans la solution fertilisante a permis de réduire la fertilisation azotée sans conséquence sur l’initiation et le rendement, le passage à 3 meq en dernière année n’a pas été sans conséquence. Elle a provoqué une avance de l’initiation florale et une réduction de surface foliaire en pépinière. En production, elle a aussi induit une perte de rendement et réduit les populations de pucerons.
L’intérêt de l’urée appliqué en fin de la période d’élevage des plants en pépinière n’était pas là où il était attendu. En effet, si l’augmentation du rendement n’a été vérifiée que la première année, les trois années ont montré que les plants traités présentaient une population de pucerons plus faible en production en comparaison de la référence.