Courge
La conservation des courges en questions
Le stockage des courges est une source de pertes dues à des contaminations par des champignons et bactéries. Deux stations expérimentales bretonnes ont étudié cette étape de la production afin d’identifier les facteurs influençant les pertes à la conservation.
Le stockage des courges est une source de pertes dues à des contaminations par des champignons et bactéries. Deux stations expérimentales bretonnes ont étudié cette étape de la production afin d’identifier les facteurs influençant les pertes à la conservation.
La conservation des courges en général, et des potimarrons en particulier, est une phase particulièrement délicate de leur production. Les maladies sont fréquentes lors du stockage et peuvent provoquer des pertes importantes. Les stations expérimentales bretonnes SEHBS – CA 56 et Caté (29) – ont étudié la conservation des courges, afin d'améliorer celle-ci et de limiter les maladies. « Deux champignons, régulièrement identifiés par l’outil de diagnostic phytosanitaire SAEP (OBS), sont impliqués dans la majorité des pertes en stockage : Didymella brionae et Fusarium culmorum », indique Jean-Michel Collet, Ctifl/Caté. Didymella provoque des pourritures noires, et est capable de pénétrer dans les graines et donc de contaminer la culture suivante. Les graines contaminées germent et produisent des plants viables mais le champignon se diffuse alors dans la culture, y compris les fruits. Cet effet contaminant des lots de semence, mis en évidence par l'étude du Caté, peut être fortement limité par le trempage des graines contaminées à l’eau chaude. « Le lot de graines contaminées trempé puis séché conserve sa capacité germinative et présente un faible taux de plantules malades après germination », mentionne Nicolas Mezencev, de la chambre d’agriculture 29. Quant à Fusarium culmorum, il se développe à la suite d’attaques primaires de champignons ou bactéries. Il forme un feutrage blanc qui achève la destruction du fruit atteint.
Calibre et aptitude au stockage
Les essais de la station expérimentale Bretagne Sud, menés en 2015 en bio, ont porté sur l’influence des variétés sur l'aptitude à la conservation des potimarrons. Pour des mêmes conditions de stockage (sous hangar, sur palettes, sans contrôle des conditions de température et d’hygrométrie), quatre variétés se démarquent : Red kuri (Voltz), Fictor, Solor (De Bolster) et Vitalis n°013. « Ces variétés sont celles qui présentent les plus petits fruits parmi la quinzaine de variétés testées. On peut se poser la question s’il y a une corrélation entre le calibre et l’aptitude au stockage », analyse Maët Le Lan, de la station de Bretagne Sud – CA 56. Par ailleurs, quatre stratégies de conservation ont été testées sur la variété Orange Summer (Vitalis) : sur palettes sous un hangar ; sur palettes dans un tunnel pendant dix jours puis transfert sous un hangar ; sur des étagères à 30°C pendant dix jours puis transfert sous un hangar ; et en chambre climatique à 14°C, avec un taux d’humidité entre 60 et 75 % et une ventilation régulière. « La stratégie en conditions contrôlées est celle qui optimise le mieux la conservation », déclare Maët Le Lan.
Adaptation aux durées de conservation
La stratégie combinant conservation sous tunnel et sous hangar donne de bons résultats, mais les conditions climatiques lors de l’essai étaient particulièrement favorables. En revanche, la stratégie consistant à sécher les courges à 30°C avant stockage donne les moins bons résultats, avec un taux de pertes déjà à 25 % début décembre, deux mois après le début du stockage. « Il est possible que le passage des courges d’une pièce fortement chauffée au hangar non chauffé ait été trop brutal », analyse Solenn Perennec, de la chambre d’agriculture 29, partenaire du projet. Cette stratégie de conservation devrait être à nouveau étudiée cette année par la station de Bretagne Sud, en combinaison avec des conditions de stockage contrôlées. D’autre part, le Caté a comparé les moyens de stockage actuels et leur adaptation aux différentes durées de conservation. Ainsi, pour une durée de conservation courte, des techniques de stockage simples sont suffisantes. « En conditions non gélives, des silos à auvent ou des tunnels permettent de stocker sans pertes jusqu’en décembre », témoigne Nicolas Menzencev. Un stockage en caisses sous hangar ventilé permet de tenir jusqu’en janvier. Pour des durées plus longues, la station d’expérimentation recommande l’utilisation de cellules climatisées et de silos ventilés.
SOURCE : AUJOURD'HUI ET DEMAIN
En savoir plus
Attention aux étapes en amont
Il n’existe pas de solution curative pour résoudre les problèmes de maladies de conservation, mais les observations de terrain montrent l’influence positive de certaines mesures : • Effectuer des rotations et une destruction des résidus de récolte afin de limiter la transmission de Didymella d’une génération à l’autre par l’intermédiaire du sol. • Récolter les fruits à pleine maturité, les fruits trop jeunes sont à écarter. Un fruit mûr présente un pédoncule sec, une couleur définitive de l’écorce et une couleur homogène de la chair. • Récolter les fruits sous de bonnes conditions climatiques : les fruits doivent être secs à la récolte ou rapidement séchés. La récolte doit être réalisée avant les gelées. • Manipuler les fruits avec précaution lors de la récolte : les fruits heurtés et les pétioles abîmés sont des portes d’entrée pour les champignons et bactéries.