Des stratégies de désherbage pour la culture d'oignon blanc
Face au manque de solutions de désherbage de l’oignon blanc, les stations d’expérimentation testent de nouvelles stratégies de lutte contre les adventices.
Face au manque de solutions de désherbage de l’oignon blanc, les stations d’expérimentation testent de nouvelles stratégies de lutte contre les adventices.
L’oignon blanc fait partie des cultures pour lesquelles le désherbage est particulièrement problématiques. Très sensible à la concurrence des adventices, cette culture fait face depuis plusieurs années à un manque flagrant de produits homologués. Depuis 2015, des solutions chimiques efficaces ont effet été retirées du marché. Elles permettaient une gestion sur le long terme avec des produits racinaires efficaces. De plus, il existait des produits de rattrapage qui pouvaient éliminer les adventices non couvertes par les produits racinaires.
Face à ce constat qui met en difficulté les producteurs, le projet DedurPOb a été lancé pour définir de nouvelles stratégies de désherbage sur les cultures de poireau et d’oignon blanc. Ce projet implique des stations légumières de plusieurs régions de productions : la Serail (Rhône-Alpes-Auvergne), le PLRN (Hauts-de-France), le Sileban (Normandie) et Planète Légumes (Grand Est). Les essais sur oignons blancs de semis ont été menés par la Serail et Planètes légumes. Le projet a permis à chacune des stations de tester des programmes régionaux de désherbage avec des modalités communes, où seules les doses pouvaient varier en fonction des types de sol.
Post-semis et pré-levée
Les trois ans d’essais ont montré une efficacité de l’application de Prowl en post-semis entre 70% et 90% contre les flores adventices présentes : chénopodes, capselles, lamiers, véroniques, séneçons, avec un effet dose en faveur d’une dose de 1,5 l/ha. Des applications en pré-levée ont aussi été travaillées. L’application Prowl à 1,5 l/ha + Lentagran à 0,5 kg/ha permet ainsi un très bon contrôle des adventices. Attention, l’utilisation du Lentagran en pré-levée n’est pas homologuée. Son application n’est autorisée qu’au stade BBCH 12 – 19, soit à partir du stade deux feuilles de l’oignon. Ces essais pourraient permettre de faire évoluer les conditions d’utilisation du Lentagran.
Le Beloukha (acide pélargonique), herbicide de biocontrôle d’origine naturelle mais non sélectif, a été testé en pré-levée de la culture d’oignons à différentes doses, allant de 5 l/ha à 12 l/ha (produit homologué à 16 l/ha). A ces doses et utilisé seul, son efficacité a été limitée. Mais l’ajout d’adjuvant (Astuss ou Gondor) a permis une meilleure efficacité à 12 l/ha. Ce traitement non sélectif nécessite cependant une surveillance étroite de la levée de la culture afin de ne pas impacter celle-ci. En utilisation en post-levée (+1 jour et +2 jours après la levée), une baisse du peuplement d’oignons a été observée.
Des binages en rattrapage
Des solutions de rattrapage ont également été testées dans le projet, avec des modalités Lentagran, Lentagran + Prowl et des binages. Le mélange Lentagran + Prowl a été abandonné dès la première année d’essai à cause de la limitation des applications de Prowl. Le Lentagran permet de compléter et de prolonger les effets des programmes de post-semis ou de pré-levée en limitant les nouvelles levées d’adventices. Néanmoins, l’utilisation de cet herbicide est efficace sur les stades jeunes des adventices (stade deux feuilles maximum). Or, au moment des rattrapages, les adventices peuvent être rapidement à des stades supérieurs.
Le rattrapage mécanique par binage des inter-rangs assure une bonne efficacité en complément des programmes de post-semis ou de pré-levée, en détruisant les nouvelles levées d’adventices. Le binage de précision présente ainsi un réel intérêt dans la gestion des adventices. Il est en revanche dépendant des conditions climatiques qui peuvent mettre à mal sa mise en œuvre.
Source : Brassica - Alexandre Burlet (Serail)
Des stratégies économes en herbicides
Les stratégies de désherbage évaluées sur culture d’oignon blanc ont présenté des indices de fréquences de traitement (IFT) assez faibles. Les doses d’herbicides utilisées ont en effet été réduites par rapport aux doses homologuées. L’IFT est au maximum de 1,4 pour la modalité pré-levée + rattrapage herbicide. La pulvérisation en localisée sur le rang des oignons pourrait également permettre une réduction plus importante des herbicides de synthèse.
Le désherbage thermique peu efficace
Le désherbage thermique a été testé en pré-levée de la culture d’oignons, ainsi qu’à +1 et +2 jours après la levée en comparaison au Beloukha. En pré-levée, il a montré une efficacité moyenne, voire faible. En post-levée, le désherbage thermique a moins impacté le rendement que le Beloukha mais a induit tout de même une baisse significative de peuplement. De plus, son efficacité est plus limitée.