L’asperge d’Australie cultive ses particularités
La production d’asperges sur l’île-continent est concentrée dans deux régions de l’Etat de Victoria, dans le Sud-est du pays. 40 % de la production australienne est exportée, essentiellement au Japon.
La production d’asperges sur l’île-continent est concentrée dans deux régions de l’Etat de Victoria, dans le Sud-est du pays. 40 % de la production australienne est exportée, essentiellement au Japon.
A l’échelle mondiale, l’Australie n’est pas un pays producteur d’asperges majeur. Elle en produit environ 7 500 t par an, sur 1 500 ha. Très loin derrière des poids lourds du secteur comme la Chine, le Pérou ou l’Allemagne. Loin également de la France, et ses 20 000 t annuelles sur 5 000 ha. Mais elle tire son épingle du jeu par ses spécificités et par un accès privilégié à certains marchés asiatiques.
Environ 98 % des volumes d’asperges australiennes sont produits dans l’Etat de Victoria, dans le sud-est du pays. La principale zone de production est située autour de la ville de Koo Wee Rup, réputée pour son « or noir » : une tourbe noire très fertile qui offre à l’asperge des conditions idéales de développement pour des tiges de grande qualité. Mildura, dans le nord-ouest de Victoria, est la deuxième plus grande zone de production du pays. La récolte y est légèrement plus précoce grâce à une température moyenne plus élevée de 5°C.
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Il y a généralement deux récoltes d’asperges dans l’année en Australie : une au printemps, qui fournit des tiges de qualité supérieure, connues pour leur douceur et principalement pour le marché d’exportation ; et une récolte d’été, surtout destinée au marché intérieur. A Victoria, la récolte printanière a lieu généralement entre août et fin décembre, avec un pic en octobre. La récolte d’été s’étend de mi-janvier à mi-avril. La principale variété est de loin UC 157 F1. En plus de cette variété à haut rendement, les producteurs de Mildura cultivent également la variété Ida Lea. Alors qu’elle était autrefois destinée surtout à la conserve, l’asperge australienne s’est réorientée vers le marché du frais face à la concurrence de la Chine sur ce créneau.
Entre 3 000 et 4 000 tonnes exportées
Malgré sa production relativement modeste, l’Australie n’en est pas moins un acteur important des échanges d’asperge en Asie de l’Est. Environ 40 % de la production est exportée, majoritairement vers le Japon (70 %). Les volumes restants sont expédiés à Singapour (7 %), à Taïwan (6,5 %), en Corée du Sud (6,3 %), à Hong Kong (5,6 %), en Chine (3 %) et en Malaisie (1,3 %). Avec entre 3 000 et 4 000 tonnes exportées chaque année, l’asperge est le deuxième légume frais australien le plus exporté. Mais elle ne représente que 1,8 % du volume total de ces exports, très loin derrière la carotte qui en représente près de 54 %.
Les asperges peuvent être coupées au champ en Australie et vendues au Japon 30 heures plus tard. Cet accès privilégié aux marchés asiatiques est l’une des principales forces de l’asperge australienne. La fraîcheur, la qualité et la durée de conservation des tiges sont ainsi maximisées. La majorité des exportations d’asperges du pays se font par des vols directs et à des taxes minimales. Mais la filière asperge australienne est aussi confrontée à des défis. Adrian Raffa, président de l’Australian Asparagus Council, pointe deux difficultés majeures, en plus des aléas climatiques : le coût élevé de la main-d’œuvre et celui du fret aérien.
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La saison des exportations australiennes (principalement de septembre à décembre) a lieu à une période où il y a encore beaucoup de production au Japon et à Taïwan. Mais selon Adrian Raffa, « l’Australie tire son épingle du jeu grâce à une différence qui posait problème il y a dix ans : les asperges australiennes ont un diamètre beaucoup plus grand que celles produites au Japon, à Taïwan, et celles importées du Mexique ». Désormais, les consommateurs identifient les asperges épaisses d’Australie comme des produits plus doux et plus juteux, avec moins de fibres par tige. « Nous offrons une expérience culinaire différente que vous ne pouvez obtenir qu’en Australie », vante Adrian Raffa.
Des importations du Mexique et du Pérou
Un autre axe de développement pour la filière asperge australienne est la croissance du marché intérieur. Seulement un tiers des ménages australiens ont acheté des asperges en 2017-2018, avec 326 g par habitant. La consommation augmente, mais il reste encore beaucoup de marges. Les asperges fraîches - vertes à 99 % - sont commercialisées sur les marchés de gros de tous les Etats d’Australie, mais aussi directement aux supermarchés et à la restauration collective. Le format standard de vente au détail est la botte de 150 g. Dans le passé, la botte de 250 g était prépondérante, mais la pression exercée par les distributeurs pour atteindre certains niveaux de prix a fait diminuer le format.
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Environ 60 % de la production nationale d’asperges est consommée en Australie, le produit local étant généralement disponible d’août à décembre, puis de la mi-janvier à avril. Pendant l’hiver australien, lorsque les asperges locales ne sont pas disponibles, les importations viennent principalement du Mexique mais aussi du Pérou. Elles sont d’un niveau équivalent à celui des exportations, environ 4 000 t. Depuis août 2019, les asperges d’importation sont traitées au bromure de méthyle avant expédition. L’Australie importe également de petites quantités d’asperges des Etats-Unis et de Thaïlande pour répondre à des besoins spécifiques, notamment en termes de variétés. Les importations arrivent généralement pré-emballées pour les spécifications australiennes.
En chiffres
Légumes
3,7 millions de tonnes de produites
Asperge
8 200 tonnes produites en 2020 sur 1 500 ha
3 100 tonnes exportées en 2020
40 % de la production est exportée
La Chine, prochaine destination d’export ?
Koo Wee Rup, le pays des asperges
La région de Koo Wee Rup, dans l’Etat de Victoria, à l’ouest de la région du Gippsland, concentre 95 % de la production d’asperges d’Australie. La zone de production de cette petite ville de 3 500 habitants, située à 70 km au sud-est de Melbourne, est renommée pour ses sols très fertiles et son climat méditerranéen. Dans les années 1800, la région de Koo Wee Rup était un immense marécage s’étendant sur 40 000 ha, couvert de Rasalina (Melaleuca ericifolia), de roseaux et de massettes. En 1870, il a été décidé que le marais devait être drainé et ouvert à l’agriculture. Les plus grands propriétaires terriens de l’époque étaient écossais. Les travaux de drainage ont commencé en 1876. Ces travaux ont été poursuivis à de nombreuses reprises au cours des décennies suivantes, la région ayant subi plusieurs inondations majeures.
Dans les années 1900, des agriculteurs d’autres régions se sont installés autour de Koo Wee Rup et y ont apporté leur savoir-faire. La région est devenue à cette époque la « capitale de la pomme de terre » de l’Etat de Victoria. Le ministère de l’Agriculture estimait en 1926 que l’ancienne zone marécageuse produisait environ 25 % des pommes de terre de l’Etat de Victoria. Cependant, la Grande Dépression de la fin des années 1920 a entraîné une chute des prix. En 1940, la superficie consacrée aux pommes de terre est tombée à environ 570 hectares. De plus petites superficies ont été plantées en maïs, oignons, carottes, pois et asperges. La demande de légumes a augmenté pendant la Seconde Guerre mondiale et la région de Koo Wee Rup est devenue le premier fournisseur de légumes et de lait de Melbourne. Le fort développement de l’asperge date de cette période.