Italie : près de 40 millions d’arbres fruitiers perdus à cause des inondations
Il est encore trop tôt pour avancer un chiffre mais sur les fruits stars de la production italienne (fruits à noyaux, fraises, cerises…), les dégâts sont extrêmement importants.
Il est encore trop tôt pour avancer un chiffre mais sur les fruits stars de la production italienne (fruits à noyaux, fraises, cerises…), les dégâts sont extrêmement importants.
Les événements climatiques qui ont frappé la péninsule italienne, et singulièrement la région de l’Emilie-Romagne, ont entrainé un terrible drame humain (une dizaine de décès, plusieurs milliers de personnes déplacées) . Et ils ont aussi touché les productions de fruits et légumes.
40 millions d'arbres potentiellement perdus en Emilie-Romagne
Le syndicat Confagricoltura Emilia Romagna a commencé à chiffrer l’impact sur les productions fruitières à la suite du terrible épisode climatique qui a frappé récemment la région italienne.
« On parle d'au moins 10 millions d'arbres fruitiers à déraciner - en particulier les pêchers et les kiwis, les plus sensibles à la stagnation de l'eau, mais aussi les abricotiers - le long de l'artère submergée qui relie Bologne à Rimini » estime le syndicat. Les cultures détruites par les glissements de terrain ou entraînées en aval par la fureur de la boue ne sont pas incluses dans ce chiffre.
Mais le pire reste à venir semble-t-il : « Dans les semaines à venir, un nombre quatre à cinq fois plus élevé risque d'être déraciné : plus de 40 millions d'arbres fruitiers des espèces les plus résistantes et les plus robustes dont le pommier, le poirier, le prunier, le cerisier, l'olivier » souligne Confagricoltura Emilia Romagna.
« Nous avons constamment maintenu le contact avec nos associés dans les zones les plus touchées entre Bologne, Forlì, Cesena, Ravenne et Rimini, qui représentent également en grande partie le cœur de nos principales entreprises associées. L'image qui se dégage est dramatique » explique, de son côté, le président du CSO Italie, Paolo Bruni. Les inondations ont frappé, avec une gravité au-delà de toute prévision selon les spécialistes, jusqu'à quatre provinces d'une région pivot de l'arboriculture fruitière nationale.
Alessandro Giunchi, directeur du marché de gros fruits et légumes de Cesena : « La campagne des cerises est compromise à 70 %. Des dégâts très importants sur fraises, pêches, abricots, légumes »
La météo impacte fortement le prix des fruits et légumes
La tendance météo avec la multiplication des événements extrêmes, dont la sécheresse et les intempéries, impacte fortement la disponibilité des produits, ce qui influe du coup sur le prix sur les étals. C'est ce qui ressort de l'analyse de la Coldiretti sur l'évolution de l'inflation en avril qui montre une hausse de 11,8% des prix des produits alimentaires, supérieure au chiffre moyen d'inflation de 8,2%. Pour ce qui concerne les fruits et légumes, la progression des prix est de +7,6%, en raison de la météo folle.
Le sud du pays est aussi frappé
L’Emilie-Romagne n’est pas la seule région touchée par le phénomène. L'alerte météo s’est étendue du Piémont (où le Pô est monté de 1,5 mètre en 24h) au Latium, de la Sicile à la Calabre. Dans le Mugello en Toscane, les intempéries, qui ont déchargé en quelques heures plus de 150 mm de pluie ont déclenché des dizaines de coulées de boue emportant des morceaux entiers de terres cultivées.
Coldiretti, le syndicat agricole italien, souligne que la région inondée des Marches, les cultures de fruits et de légumes sont touchées, sans oublier les glissements de terrain et les coulées de boue qui entravent la viabilité des exploitations à court terme. Notre confère Corriere Ortofrutticolo rapporte par ailleurs que la situation n’est pas meilleure dans le grand sud du pays : dans la région du Basilicate, les pluies ont causé des problèmes sur la culture de fraises, au niveau du rendement mais aussi de la qualité. Les fruits à noyaux sont aussi concernés (éclatement des fruits).
"il faudra aussi lancer des projets de travaux hydrauliques destinés à réduire le débit d'eau lors de la crue d'une rivière, techniquement par le stockage temporaire d'une partie du volume. Les projets existent, mais ils sont restés, en partie, dans les tiroirs de la bureaucratie" Paolo Bruni, CSO Italie
Appel à l’aide de la filière
Les instances représentatives de la production italienne ont rapidement fait appel aux autorités pour qu’elles viennent en aide à la profession. Le président de la Confédération des agriculteurs italiens d’Emilie-Romagne, Stefano Francia, a ainsi demandé l’activation de toutes les procédures d’urgence « sans rapport avec les procédures législatives normales afin d'intervenir immédiatement pour restaurer une zone jamais traversée par une catastrophe similaire qui affecte 23 municipalités d'Émilie-Romagne ». Le président national, Cristiano Fini, a interpellé le Premier Ministre italien Giorgia Meloni, lui demandant un décret-loi spécial « pour faire face, rapidement et avec des moyens exceptionnels, à la situation d'extraordinaire difficulté de l'Émilie-Romagne ».
Le CSO Italie demande aussi que des mesures gouvernementales soient prises : réduction conséquente des charges fiscales, suspension des versements hypothécaires… Son président veut aussi se projeter dans l’avenir : « Dès que l'urgence sera passée, il faudra aussi lancer des projets de travaux hydrauliques destinés à réduire le débit d'eau lors de la crue d'une rivière, techniquement par le stockage temporaire d'une partie du volume. Les projets existent, mais ils sont restés, en partie, dans les tiroirs de la bureaucratie. Nous devons réfléchir à la prévention pour éviter que cela ne se reproduise » espère Paolo Bruni.