Fruits et légumes : les vols se multiplient dans les champs et les vergers
Les vols de fruits et légumes, dont les quantités sont impressionnantes, des centaines de kilos à chaque fois, s’accompagnent souvent de dégradations. Les producteurs, qui soupçonnent des réseaux afin de fournir des marchés parallèles, se sentent impuissants et démunis. L'inflation serait en cause.
Les vols de fruits et légumes, dont les quantités sont impressionnantes, des centaines de kilos à chaque fois, s’accompagnent souvent de dégradations. Les producteurs, qui soupçonnent des réseaux afin de fournir des marchés parallèles, se sentent impuissants et démunis. L'inflation serait en cause.
Ce phénomène est ancien et récurrent mais le vol de fruits et légumes dans les exploitations agricoles semble s’être accéléré cette année : les producteurs de fruits et légumes se disent de plus en plus victimes. Les auteurs des méfaits viennent se servir en pleine nuit, directement dans les champs et les vergers. Et on ne parle pas d’une cagette de tomate par ci ou d’un sac de pommes par là. Les volumes sont parfois importants, au point de penser qu’il s’agit de “professionnels”, organisés pour revendre illégalement par la suite.
« Une volonté de nuire »
Dernière victime de vol à date : l’association d’insertion Bio Cultura à Roanne (Loire). Selon la presse départementale, ce sont plus de 4 tonnes de légumes qui ont été dérobés en deux mois, notamment lundi dernier, le 21 août. Les voleurs ont, en plus du vol de tomates en grande quantité, dégradé un véhicule de l’association et mis le feu à un bac de végétaux. Le 15 août, un scénario similaire s’était déjà déroulé et une plainte avait été déposée.
« Il y a toujours eu des vols, c’était déjà le cas au temps des Jardins de Cocagne. (…) Venir et récupérer une petite cagette de tomates, parce que les temps sont durs, on peut l’entendre, il n’y a pas de souci. Mais là, ce sont des gros volumes qui sont volés, peut-être pour être revendus sur des marchés, on ne sait pas », relate Nicolas Charreyre, directeur de Bio Cultura, à l’hebdomadaire Le Pays, qui estime en outre que les dégradations associés sont une réelle « volonté de nuire ».
Une filière professionnelle pour fournir des marchés parallèles ?
Le cas n’est pas isolé. Fin juin, les producteurs alsaciens dénonçaient dans France Bleu des vols de fruits et légumes, en quantité importante, qui se multiplient. 100 kilos de fraises, 600 pieds de tomate, 150 kilos de bulbes d’ail dont les fanes ont été méthodiquement coupées à même le champ la nuit du vol… Les producteurs évoquent des voleurs organisés, « semi-professionnels », qui écouleraient leurs larcins dans les marchés aux puces ou sur des sites de revente.
Des producteurs démunis, fragiles économiquement et des patrouilles des forces de l'ordre plus dissuasives que punitives
Les producteurs se sentent complètement démunis. Plusieurs centaines de kilos à chaque passage, plusieurs fois par semaine, pendant deux ou trois semaines de pleine maturité des fruits et légumes : les pertes sont colossales pour les exploitations.
« C'est vrai que c'est un petit peu décourageant parce qu'on a des équipes qui travaillent dur. Le métier d'agriculteur, de maraîcher, d'arboriculteur c'est compliqué, on doit faire face aux aléas climatiques pour faire en sorte que les produits soient beaux, en abondance et savoureux. Si on se fait voler, on ne peut pas vivre de notre travail », avait dénoncé Luc Signolle, maraîcher à Lieusaint (Seine-et-Marne) à France 3 fin mai.
Dans les endroits les plus exposés, les gendarmes et la police patrouillent, mais il s’agit plus d’opérations dissuasives qu’une réelle chasse aux voleurs. Les voleurs s’attaquant aux fruits à maturité, les producteurs peuvent fournir au jour le jour aux forces de l'ordre les données des parcelles à la limite de maturité, qui seront à surveiller plus étroitement.
Inflation et explosion du prix des fruits et légumes
Cette recrudescence de vols serait liée à l’explosion du prix des fruits et légumes ces dernières années.
Luc Smessaert, agriculteur dans l’Oise et vice-président de la FNSEA, confirme : « Historiquement, c’était les vols dans les champs : les fruits et légumes, ou parfois les animaux. Ce phénomène s’est amplifié ces dernières années, avec l’inflation. On peut même avoir des vols en très grandes quantités commis en une nuit par des bandes organisées, dans les vergers ou sur les vignes, au moment des récoltes. (…) Les vols au sein des exploitations agricoles, c’est une peur dont la profession n’a pas besoin. »