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Fret ferroviaire : mort du train des primeurs Perpignan-Rungis ou arrêt temporaire ?

La liquidation de Fret SNCF met l’avenir du train des primeurs en grande incertitude. Le futur terminal mixte sur le Min de Rungis devrait, en théorie, le remettre sur rails. Mais quoiqu’il arrive, le train sera à l’arrêt fin juin. Retour sur ce nouveau rebondissement de la liaison ferrée Perpignan-Rungis pour les fruits et légumes.

[Mise à jour le 10/06/24 : ajout en fin d'article réaction Semmaris]

Nouveau rebondissement dans la biographie déjà bien secouée du train des primeurs. Le train iconique qui transporte fruits et légumes -principalement espagnols et marocains- depuis Perpignan jusqu’à Rungis cinq fois par semaine est-il à nouveau en péril ?

Ce début juin, Céline Malaisé, conseillère régionale d’Ile-de-France, élue Gauche Communiste Écologiste et Citoyenne, lance l’alerte. « De nouvelles incertitudes planent sur le train des primeurs, le Perpignan-Rungis. Son avenir est incertain alors que le gouvernement démantèle le fret ferroviaire », a-t-elle notamment tweeté le 2 juin.

Avec deux autres élus PCF et une dizaine de membres de la CGT, elle a réuni la presse le 31 mai à Rungis pour dénoncer l’avenir incertain du train des primeurs. « Un train comme celui-là s'il était supprimé ça donnerait entre 20 000 camions supplémentaires par an sur les routes en direction de l'Île-de-France. »

 

Démantèlement de Fret SNCF suite à l’accusation de la Commission européenne

Mais pourquoi parle-t-on à nouveau dans la presse et sur les réseaux de la mort prochaine du train des primeurs ? Il se trouve que le train des primeurs a été identifié parmi les 23 flux que Fret SNCF doit remettre sur le marché à la concurrence avant sa liquidation, et pour laisser place en 2025 à deux nouvelles entreprises : une entreprise ferroviaire (spécialisée dans le groupage de wagons) et une entreprise de maintenance des locomotives, comme nous le rappelle un porte-parole de Fret SNCF

Ceci intervient dans le cadre de la « discontinuité à mener », solution mise en place par le gouvernement suite à l’enquête de la Commission européenne qui accuse Fret SNCF d’avoir perçu 5,3 milliards d’euros d’aides illégales de l’Etat.

Pour assurer le maintien des circulations du train des primeurs à partir de l’été 2024, l’Etat avait publié le 30 juillet 2023 un AMI (appel à manifestation d’intérêt) pour trouver un nouvel exploitant pour la période 2024-2025. AMI qui se serait révélé infructueux, personne n’aurait postulé.

 

A Rungis, un terminal combiné rail-route attendu pour 2026

En parallèle à Rungis, la Semmaris est intéressée pour faire construire un nouveau terminal mixte. A cette fin, elle a lancé en 2022 un appel d’offres pour la création d'un terminal combiné rail-route sur le Min qui pourra lui permettra de faire transporter des containers ou des semi-remorques sur les trains.

Objectif : porter à 20 % la part du ferroviaire dans les approvisionnements du marché de Rungis et éviter près de 60 000 camions par an sur les routes. L’issue de cet appel d’offres est attendue prochainement.

La mise en service de cette nouvelle infrastructure est prévue pour 2026. « Il a donc été convenu entre les parties prenantes du train des primeurs, c’est-à-dire Rungis, l’Etat et le transporteur logisticien Primever d’arrêter le train des primeurs plus tôt que prévu, en 2024 plutôt qu’en 2025, pour permettre la réalisation des futurs travaux », nous explique encore le porte-parole de Fret SNCF

 

Un AMI de l’Etat pour exploiter le futur train des primeurs à partir de 2026

L’Etat a d’ailleurs dans cette optique lancé un nouvel AMI “Développement d'un service de fret ferroviaire entre Perpignan et sa région et Rungis” pour identifier un nouvel opérateur pour l’exploitation de ce train des primeurs.

Extrait de l’AMI du 17 mai 2024 « La présente consultation a pour but d'identifier les initiatives des acteurs pour permettre la réalisation de ces acheminements de produits primeurs sous température dirigée à compter du service ferroviaire annuel 2026 et, dans l'éventualité d'un accompagnement nécessaire par la puissance publique, le meilleur projet de service de transport ferroviaire répondant à cet enjeu. »

Le train des primeurs s’arrête donc au 30 juin 2024, et ce jusqu’au 1er janvier 2026 dans le meilleur des cas. « Le train des primeurs est temporairement arrêté. Il reprendra mais sans Fret SNCF, qui ne pourra plus opérer de train entier régulier à moyens dédiés. Il y a d’autres opérateurs qui seront aptes à l’exploiter », estime le porte-parole de Fret SNCF.

 

Vers la transformation et la modernisation du train des primeurs ?

« Un terminal combiné à Rungis annonce la transformation du train des primeurs avec la possibilité de transporter en train les fruits et légumes par conteneurs ou semi-remorques », glisse-t-on encore à Fret SNCF.

La possibilité de passer par des chargements de semi-remorques pourrait séduire davantage d’opérateurs fruits et légumes. Il y a aussi à gagner à moderniser le matériel. A date, le train des primeurs consiste en des wagons réfrigérés (deux trains de 14 wagons plus des wagons de réserve), du matériel « ancien, en fin de vie », et donc « coûteux à l’entretien ».

Contactée par FLD, la Semmaris, a confirmé son implication dans le fret ferroviaire et la nécessité de modernisation :  « La Semmaris et son président sont très attachés au maintien d’une liaison ferroviaire pour approvisionner le marché de Rungis en produits frais. Ce maintien implique une modernisation de l’outil pour le mettre aux standards du transport ferroviaire de marchandises d’aujourd’hui. Le Marché de Rungis œuvre au quotidien pour développer le transport décarboné en adaptant les équipements et installations et ainsi répondre aux enjeux de demain. »

Lire aussi : Quelle est la part des importations à Rungis en viande, volailles, produits laitiers et fruits et légumes ?

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