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Fraise : 5 leviers à mobiliser contre les bioagresseurs

Focalisé sur le créneau fraises de printemps, le projet FragaSyst a cherché à créer avec cinq leviers innovants des conditions favorables aux auxiliaires et défavorables aux bioagresseurs. L’objectif est d’éviter l’usage des pesticides de synthèse et garantir une rentabilité économique.

fraise hors-sol serre
De 2018 à 2023, le projet FragaSyst s’est focalisé sur le créneau « fraises de printemps ».
© RFL

La fraise bénéficie de l’image d’un fruit « plaisir » et d’un aliment bénéfique pour la santé. Toutefois, elle a fait l’objet ces dernières années de communications mettant en avant un nombre important de traitements phytosanitaires. Les producteurs ainsi que la filière n’ont pas attendu les attaques pour réagir. Ainsi des travaux ont été amorcés dès 2012 à l’initiative de l’AOPn Fraises de France au sein du projet Dephy Fraise, afin de proposer un produit de qualité, attrayant et compétitif mais aussi respectueux des consommateurs et de l’environnement.

S’approcher d’un IFT 0 et garantir une rentabilité

Motivés par l’envie d’être acteurs du changement de modèle agricole qui se dessine, les partenaires du projet FragaSyst ont proposé en 2018 un projet succédant à Dephy Fraise, en rupture et aux objectifs ambitieux. De 2018 à 2023, le projet FragaSyst s’est donc focalisé sur le créneau « fraises de printemps » – créneau sur lequel le marché est actuellement le plus porteur – et s’est déroulé. Ainsi, en s’appuyant sur les acquis du projet Dephy Fraise 2012 ayant permis de diminuer de 50 % l’IFT dans 70 % des cas, le projet FragaSyst a visé le double objectif de faire évoluer les systèmes de production actuels vers des systèmes de production de fraise hors-sol agroécologiques n’utilisant des pesticides de synthèse (toutes familles confondues) qu’en ultime recours pour s’approcher d’un IFT 0 et de garantir une rentabilité économique de la production.

« L’hypothèse du projet FragaSyst a été de reconstruire et d’évaluer un système de production créant, au sein de l’outil de culture qu’est l’abri, à la fois des conditions favorables au développement des auxiliaires et défavorables à celui des bioagresseurs pour limiter les dégâts et ainsi éviter l’usage des pesticides de synthèse », commente Marion Turquet qui coordonne ce projet. Afin de répondre à ces objectifs, cinq leviers innovants ont été combinés au sein de six systèmes représentatifs des principales conditions de production de fraises de printemps en France et suivis par cinq partenaires situés dans les principales régions de production de fraise de printemps (Sud-Ouest en particulier Lot-et-Garonne et Dordogne, Bretagne, Centre, Provence-Alpes-Côte d’Azur). Les pesticides de synthèse n’ont été utilisés qu’en dernier recours, en cas de trop grands risques de perte de rendement et d’affaiblissement des plants ou de l’inefficacité des cinq leviers décrits ci-dessous.

1. Biocontrôle

« Le levier “solutions de biocontrôle”, a constitué la base des stratégies des six systèmes avec d’une part des apports d’auxiliaires et d’autre part des applications de produits de biocontrôle », explique la spécialiste. Seuls les produits de biocontrôle homologués et inscrits dans la liste des produits phytopharmaceutiques de biocontrôle (au titre des articles L.253-5 et L.253-7 du code rural et de la pêche maritime) ont été appliqués, de même que les auxiliaires autorisés sur le territoire.

2. Matériel végétal

Le second levier est celui du « matériel végétal ». Ce point capital dans la construction de systèmes de production sans pesticide, a été travaillé dans un premier temps en station d’expérimentation en observant notamment le comportement des variétés vis-à-vis de l’oïdium. « L’objectif était de trouver un compromis entre le rendement, le niveau de tolérance à l’oïdium et les attentes du marché », précise-t-elle.

3. Fertirrigation

Le troisième levier est celui de la « fertirrigation ». La fraise hors-sol étant produite sous abri et alimentée par fertirrigation, l’objectif est de jouer sur le niveau de fertilisation et d’irrigation de la plante afin de rendre la plante moins propice au développement des bioagresseurs tout en maintenant le rendement et la qualité des fraises.

4. UV-C

Le quatrième levier est celui de la lumière UV-C. « La lumière UV-C a été utilisée pour son effet stimulateur des défenses de la plante et pour son action directe sur l’oïdium », mentionne Marion Turquet. Ce levier a été travaillé dans un premier temps en station d’expérimentation puis intégré dans la combinaison de levier sur certains systèmes.

5. Biodiversité

Le cinquième levier est nommé « biodiversité ». « L’objectif de ce levier est de favoriser la présence précoce des auxiliaires indigènes et introduits dans les parcelles par la mise en place d’aménagements agroécologiques », assure-t-elle.

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