Salade : la fusariose s'installe en France
La fusariose s’installe résolument en France sur les laitues et la mâche. Les semenciers et producteurs font face à un nouvel ennemi tout aussi redoutable, le mildiou.
La fusariose s’installe résolument en France sur les laitues et la mâche. Les semenciers et producteurs font face à un nouvel ennemi tout aussi redoutable, le mildiou.
La fusariose s’installe progressivement dans les serres de salades. Des feuilles âgées qui jaunissent et se flétrissent ? De jeunes feuilles avec des symptômes de nanisme ? Ces dégâts sont potentiellement dus à Fusarium oxysporum f. sp. lactucae, un champignon tellurique vasculaire émergent en Europe, dont la présence a pour la première fois été rapportée sur laitue au Japon en 1955. En France, il a fait sa première apparition en 2015 dans les Alpes-Maritimes et s’est rapidement développé dans le sud-est du pays. Sa propagation, depuis, inquiète les professionnels.
Une vigilance accrue sur la production de salade
« Cette maladie n’était pas présente sous abri, en France, il y a sept ans », raconte Xavier Dubreucq, conseiller indépendant et spécialiste de la production de salade sous abri. Sa menace s’amplifie d’autant qu’il s’attaque à presque toutes les variétés. Toutefois, les semenciers se sont emparés du problème et commencent à proposer des variétés présentant des gènes de résistance Fol : 1, comme cela se fait déjà pour d’autres maladies telles que les races de Bremia (résistance caractérisée par la présence du gène Bl), du virus de la mosaïque (LMV) ou du puceron Nasonovia ribisnigri biotype 0 (Nr : 0).
L’élargissement de cette gamme de variétés de salades plus rustiques face à la fusariose permet aujourd’hui aux producteurs de commencer à les tester sur leurs exploitations sur des surfaces plus importantes, mais selon la pression et les années, l’impact peut être notable sur le marché. « Nous affrontons des années avec des cas de fusariose qui impactent le marché de façon importante », rapporte Thomas Juarez, responsable commercial et technique Sud-est chez Seminis (Groupe Bayer). « Il n’y a pas encore de chiffres officiels, mais des semenciers disent avoir moins vendu que l’année précédente. Et le constat est le même sur les étals des marchés », confirme Xavier Duroc.
La recherche change d’axe
Si jusqu’à aujourd’hui, la recherche se concentrait majoritairement sur le mildiou – le Bremia, dont les races se renouvellent sans cesse – elle a malgré elle dû changer de cap au profit de la fusariose, « beaucoup plus virulente que ce dernier », indique Thomas Juarez. Depuis deux à trois ans, c’est même devenu l’axe principal de la recherche chez les semenciers. De plus en plus de chercheurs et de techniciens s’intéressent à ce champignon qui, selon lui, fait davantage de dégâts sous abri qu’à l’extérieur. Or, la salade est principalement cultivée sous tunnel. Ce qui n’arrange rien, puisque sous abri, les surfaces sont plus petites, la production plus importante en termes de valeur ajoutée et l’environnement accorde à cette maladie de meilleures conditions de développement.
De plus, hormis la génétique, « il n’existe aucun produit capable de lutter contre ce pathogène, contrairement au mildiou », ajoute Xavier Dubreucq. Afin de lutter contre la fusariose, les chercheurs ont trouvé un rempart en proposant des variétés plus résistantes, à défaut de pouvoir traiter la plante ou le sol. Pour le conseiller, il existe cependant d’autres solutions pour diminuer les dégâts, notamment des mesures prophylactiques telles que la rotation, la pratique d’engrais verts, les couverts végétaux et la solarisation.
Margaux Masson
Le réchauffement climatique provoque d'autres maladies
Car, même si la présence de ce nouveau champignon inquiète, il ne faut pas négliger les conséquences du réchauffement climatiques, qui provoquent, entre autres, « d’autres maladies, comme des nécroses et le développement de la pourriture », ajoute Thomas Juarez. Les plantes souffrent de plus en plus des maladies à cause d’un manque de ventilation, de lumière et d’épisodes de grosses chaleurs. Pour lui, si la présence de ce champignon est très préoccupante, il faut agir de façon à limiter son développement et à protéger les cultures. En attendant de trouver des solutions plus efficaces.