Vols de matériels, de cultures, incendies criminels, bâtiments saccagés, intrusions, destruction de cultures… les actes de malveillance se multiplient dans les exploitations. Si les chiffres varient quelque peu d’une année sur l’autre, la réalité ne trompe pas : les intrusions dans les exploitations agricoles sont devenues monnaie courante. En 2019, 14 498 faits d’intrusions clandestines ont été recensés par la cellule Demeter (voir encadré), en augmentation de 1,5 % en un an.
D’après les données publiées par les forces de l’ordre, les deux tiers des atteintes concernent des vols de productions (fruits, céréales, animaux…), d’engrais ou encore du matériel (métaux notamment). Mais ce sont surtout les véhicules agricoles qui constituent les cibles privilégiées par les contrevenants. D’après les données de Demeter, en 2019, 9 % des atteintes étaient des vols dans ou sur des véhicules (consoles GPS, gasoil, batteries…), quand 4,5 % des faits commis relevaient de vols purs et simples de ces mêmes véhicules. Le chiffre fait froid dans le dos : on estime qu’en France, chaque jour, un tracteur est volé sur une exploitation agricole.
Des moyens de protection divers
Face à ce phénomène, les agriculteurs sont parfois désemparés. « La difficulté de mise en sûreté réside dans le fait de protéger des installations situées sur de vastes territoires et dispersées géographiquement », indique le site Internet de la Gendarmerie nationale. En effet, souvent isolées des habitations, les exploitations agricoles sont plus vulnérables. Pour essayer de se prémunir au maximum des actes de délinquance, les agriculteurs sont encouragés à mettre en place des moyens de protection divers : alarmes avec détecteurs de présence, dispositifs d’éclairage, barrières ou portails à chaque entrée, serrures, présence de chiens, etc. Certains ont alors fait le choix de poser des caméras qui enregistrent les mouvements et appellent par téléphone l’exploitant dès l’intrusion de personnes.
« C’est une application spécifique qui permet de voir en temps réel. On a installé des panneaux pour indiquer la présence de caméras. Les moyens mis en place sont dissuasifs », commente un éleveur bressois qui a subi sur son Gaec plusieurs vols. Des actions toutes simples peuvent aussi permettre de dissuader les voleurs, comme varier ses horaires de passage dans les bâtiments ou les pâtures pour brouiller les habitudes, garder un œil sur les passages et signaler les comportements suspects à la gendarmerie la plus proche. Si malgré tous ces moyens mis en place, une infraction a tout de même lieu, il est recommandé de porter plainte à la brigade de gendarmerie la plus proche.
Un réseau de vigilance pour l'ensemble des filières
Certaines actions enfin peuvent également être collectives. Dans la Drôme, par exemple, les forces de l’ordre, (police nationale, gendarmerie), la chambre d’agriculture et le Département ont engagé un partenariat pour renforcer leur coopération et ont lancé il y a quelques années Vigi Agri 26. Ce dispositif s’adressait, à l’origine, à la filière élevage pour lutter contre les actes de malveillance. Il a ensuite été étendu à l’ensemble des filières. Cette initiative se présente comme un réseau d’alerte par SMS. Les forces de l’ordre envoient des messages pour avertir rapidement de faits délictueux commis au préjudice d’agriculteurs. La gendarmerie organise également des visites d’exploitations et apporte des conseils utiles comme retirer les clés du tracteur, fermer les bâtiments ou poser une barrière. Ce système a pour effet de renforcer la vigilance. Il a prouvé son efficacité grâce aux visites des forces de l’ordre et à la mise en place d’une signalétique à afficher sur l’exploitation à des endroits judicieux pour dissuader les actes de malveillance.
Un phénomène vaste et complexe
Autre fait observé par la cellule Demeter : la part importante des destructions et dégradations commises dans les exploitations agricoles, notamment sur les productions. Elles comptaient en 2019 pour 11,5 % des atteintes au milieu agricole, soit le troisième phénomène d’insécurité observé. Ces dernières années, la montée de mouvements animalistes hostiles à l’élevage a créé un vrai climat de peur chez les éleveurs. Les intrusions de militants se multiplient. De 8 faits recensés en 2017, 16 l’ont été en 2018 puis 41 en 2019(1).
Néanmoins, leur poids reste faible au regard du nombre total d’intrusions observées sur les exploitations agricoles. La problématique des intrusions sur les exploitations agricoles, et plus largement de l’insécurité subie par le monde agricole, est vaste et complexe et ne se résume pas à l’action de quelques associations d’opposants. Dans l’Allier, les gendarmes ont d’ailleurs mené des actions de sensibilisation auprès des maisons familiales et rurales et des lycées agricoles. Avec deux objectifs : faire prendre conscience aux futurs professionnels que la gestion de l’insécurité deviendra malheureusement une réalité de leur activité quotidienne, et donner quelques bons conseils de protection.
(1) D’après les dernières données en date fournies par Demeter.
Certains ont fait le choix de poser des caméras qui enregistrent les mouvements et appellent par téléphone l’exploitant dès l’intrusion de personnes, en temps réel