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Avant d’investir dans l’éclairage des serres, il faut faire des essais

L’éclairage des serres intéresse de plus en plus les producteurs. Avant d’investir, il est essentiel de mettre en place des essais pertinents.

Avant d’investir dans l’éclairage, des essais en conditions adaptées sont nécessaires. © V. Bargain
Avant d’investir dans l’éclairage, des essais en conditions adaptées sont nécessaires.
© V. Bargain

Avec le développement des systèmes d’éclairage à Led, de plus en plus de producteurs se posent la question d’investir dans l’éclairage des serres. « La lumière est souvent le facteur limitant dans une serre », a souligné Yassine El Qomri, président de Red Horticulture, lors de la rencontre Lumière et Végétal organisée par le Cluster Lumière, qui réunit la recherche, les principales entreprises du secteur de l’éclairage, Vegepolys Valley, Red Horticulture et le CTIFL.

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« En éclairant, on peut avoir une production plus élevée, plus étalée, plus précoce, des plants plus forts, une qualité supérieure », a-t-il ajouté. Le niveau d’investissement étant élevé, un premier point important est de bien définir ses objectifs. « L’éclairage peut viser à produire de la biomasse le plus vite possible et/ou à agir sur les réactions physiologiques telles que la germination, l’enracinement, la ramification, la floraison, la surface foliaire, a précisé Alain Ferré, d’Astredhor. L’atteinte d’un objectif est souvent contradictoire avec un autre et choisir un système d’éclairage relève souvent du compromis. Il faut donc bien clarifier ses objectifs. »

S’agit-il d’augmenter le rendement, d’avoir juste un peu de précocité avec peu de puissance, de produire sur les calendriers les plus rémunérateurs, d’améliorer la qualité ? « Il faut voir avec sa coopérative comment l’éclairage peut entrer dans sa stratégie commerciale, quelle est la saisonnalité souhaitée, insiste Patrice Borali, de la société Squiban, installateur d’équipements pour les serres. Il faut aussi voir la source d’énergie dont on dispose, pour que l’éclairage soit cohérent et puisse s’amortir. » Autres points essentiels : définir le type d’équipement le plus adapté (Led, HPS, hybride), le spectre le plus efficace selon ses objectifs, l’intensité nécessaire, les périodes d’éclairage.

Adapter le climat à l’essai

« Avant toute installation, il faut rechercher dans la bibliographie le spectre préconisé pour la plante considérée et vérifier la compétitivité de l’installation de Led par rapport aux autres types d’éclairage, estime Alain Ferré. Le coût dépend beaucoup du spectre, de l’intensité apportée et du moment d’éclairage. Les Led permettent parfois d’aller plus loin que les HPS en termes d’efficacité ou de consommation, mais pas toujours. De plus, les plantes ne réagissent pas toujours comme décrit dans la bibliographie. Avant toute installation, il faut faire des essais à petite échelle, pour valider les spectres à utiliser et la compétitivité des Led par rapport aux HPS. »

Des essais rapides en chambre climatique peuvent être réalisés. Mais des essais sur site sont essentiels. Le calcul de la puissance nécessaire implique d’abord de mesurer la quantité de lumière qui pénètre dans la serre. Un solarimètre permet de mesurer l’apport externe, par exemple sur les 10 % de journées les plus sombres de l’année. Sachant que pour assurer le rendement, l’optimum est de 25-30 moles/m2/jour en tomate-concombre, 15-20 moles/m2/jour en fraise, 12-17 moles/m2/jour en salade, on en déduit ce que devra apporter l’éclairage et adapter l’installation pour combler les besoins même les jours les plus sombres. Le choix du spectre est également essentiel et varie selon l’espèce, avec un impact notamment sur la qualité des plants.

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Avant tout essai d’éclairage, il est important aussi de maximiser l’apport gratuit du soleil, par le nettoyage des vitres, la suppression des sources d’ombre (arbres, bâtiments), le choix de lampes de taille réduite pour ne pas créer de zones d’ombre. L’emplacement de l’essai doit également être bien réfléchi. « Il faut éviter les pollutions lumineuses d’un traitement à l’autre, ne pas positionner l’essai dans un endroit atypique de la serre, garder une zone tampon entre les modalités… », insiste Vincent Truffault, de Futura Gaïa.

Autre point important : adapter le climat à l’essai. « Si l’essai vise à comparer des HPS avec des Led, il faut prendre en compte la chaleur apportée par les HPS et adapter les températures de consigne pour éviter d’observer un effet température et non un effet lumière, précise Vincent Truffault. Si l’essai compare des Led avec un témoin non éclairé, deux climats sont nécessaires sous peine de favoriser une modalité, les Led pouvant avoir un effet génératif. » L’irrigation doit également être adaptée, la chaleur des lampes ou le chauffage supplémentaire augmentant les besoins en eau et certaines longueurs d’onde (ratio bleu/vert) influant sur l’ouverture des stomates.

Dédier un compartiment à l’essai

La gestion de la pollinisation doit aussi être revue. « Les bourdons utilisent les UV pour s’orienter et détecter les fleurs. Quand on éclaire, les fleurs s’ouvrent environ une heure après le début de l’éclairage. Mais s’il n’y a pas encore de lumière naturelle, les bourdons ne pourront pas polliniser. Même quand on éclaire, il ne faut donc ouvrir les ruches que quand il fait jour. » Un autre point important est de tester plusieurs variétés, la réaction des différentes variétés au sein d’une même typologie de produits pouvant fortement varier. Enfin, comme la lumière n’est plus le facteur limitant, il faut identifier le nouveau facteur limitant (CO2, eau, température, nutrition minérale) et adapter la conduite. « Quand on fait un essai éclairage, il est préférable d’y dédier un compartiment géré indépendamment », résume Vincent Truffault.

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Avis de producteur

Jérôme Crenn, responsable technique chez Thomas Plants (Côtes d'Armor)

« L’éclairage est devenu un sujet technique majeur »

 

 
Jérôme Crenn, responsable technique chez Thomas Plants (22) © V. Bargain
« Il y a trois ans, nous avons réfléchi à l’éclairage, notamment pour améliorer l’équilibre des plants. Nous avons d’abord fait un essai sur 400 m2 en tomate greffée, en comparant des Led à longueurs d’onde variables avec des HPS. L’essai a montré l’intérêt des Led pour l’équilibre des plants, très important en plants greffés. Il y a un an et demi, nous avons donc installé 2 000 m2 supplémentaires d’éclairage, en plants de tomate greffée et sur d’autres espèces. Les essais se sont fait en partenariat avec Red Horticulture qui dispose de recettes lumineuses en termes de longueurs d’onde et d’équilibre des différentes longueurs d’onde, selon que l’on veut un effet plutôt génératif ou végétatif. Les essais nous ont montré aussi que l’on peut accélérer la croissance des plants par l’éclairage. Quand on fait un essai éclairage, il faut bien regarder la bibliographie, bien suivre la culture, faire attention quand on adapte une recette à une autre espèce et être très prudent avant de passer à une surface plus importante. »

 

Bien connaître son matériel

La mesure importante dans l’éclairage des serres est le PAR ou rayonnement photosynthétique actif, mesuré en µmol/m2/s. Une cellule PAR comptabilise la quantité de photons reçus par la plante dans le spectre 400-700 nm, les deux plages de longueurs d’onde réellement utiles pour la photosynthèse étant la plage 400-450 nm (bleu) et la plage 645-675 nm (rouge). Les lux ou lumen/m2, mesurés par un luxmètre, correspondent à l’intensité dans le spectre 400-700 nm avec une sensibilité proche de celle de l’œil humain.

Le solarimètre, quant à lui, mesure l’énergie de la radiation lumineuse (watt/m2 ou Joules/m2) sur la totalité du spectre solaire (300 à 3 000 nm). Les fournisseurs donnent en général le PPF de leur matériel, soit la quantité de photons produits par la source lumineuse (µmol/s) et le PPFD, soit la quantité de photons que la plante reçoit réellement à une distance donnée de l’éclairage (µmol/m2/s). Pour bien choisir son matériel Led, il faut connaître son spectre, son intensité (PPF et PPFD), son angle d’ouverture d’éclairage, sa consommation électrique (W), qui donne la performance à l’usage (PPF/W), et son prix, qui donne la performance à l’achat (PPF/€).

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