Endive : trois défis en production et le challenge de la consommation
Alors que l’APEF, l’association des producteurs d’endives de France, a dressé les premiers constats suite aux inondations, FLD en a profité pour faire le point sur les défis et travaux en cours. L’APEF a en effet changé de président, de bureau et de directeur il y a quelques mois.
Alors que l’APEF, l’association des producteurs d’endives de France, a dressé les premiers constats suite aux inondations, FLD en a profité pour faire le point sur les défis et travaux en cours. L’APEF a en effet changé de président, de bureau et de directeur il y a quelques mois.
Si les inondations dans les Hauts-de-France ont eu pour l’instant un impact léger sur les endives - à confirmer selon l’état qualitatif des racines après arrachage -, l’offre devrait tout de même être déficitaire, comparé à la campagne précédente, surabondante, avec un potentiel plus faible et un marché des légumes d’hiver vide après le passage de la tempête Ciraran.
« On passe d’un extrême à l’autre, d’une offre surabondante à une offre équilibrée sur le papier qui se retrouve finalement déficitaire », confirme Pierre Varlet, directeur de l’Association des producteurs d’endives de France. Des hauts et des bas en production pour une filière endive qui reste inquiète face aux problématiques d’énergie, de main d’œuvre et de retrait de molécules, mais qui veut rester optimiste.
1-Le prix de l’énergie
Côté énergie, si les prix sont en baisse, les endiviers sont parfois encore engagés auprès de leurs fournisseurs au prix fort. Or, l’accompagnement financier par les pouvoirs publics doit prendre fin au 31 décembre. « L’APEF sensibilise les pouvoirs publics pour une reconduction en 2024, sans quoi cela va être compliqué pour les endiviers de poursuivre leur travail », avertit Pierre Varlet.
Il confie que des endiviers qui ont fermé en raison de l’explosion des coûts de l’énergie et des charges, l’APEF en a connu. Rien que six l’année dernière !
L'APEF recense six endiveries qui ont fermé l'année dernière en raison de difficultés liés à l'explosion des coûts de l'énergie et des charges.
2-Le retrait de molécules
A ce défi de l’énergie s’ajoute celui de pouvoir continuer à produire. La filière fait face au retrait de molécules les unes après les autres. « Or nous sommes une petite filière, on n’intéresse personne sur le marché des solutions », regrette Pierre Varlet.
Est ainsi prévu pour 2024 le retrait de la Benfluraline, un herbicide permettant de lutter contre les chénopodes, une mauvaise herbe qui concurrence les jeunes racines de chicon, jusqu’à 300 pieds de chénopodes par m2. Déjà que cette année, les producteurs ont fait face à un problème de levée des racines en mai-juin en raison de la sécheresse… « Une solution alternative qui est viable techniquement et économiquement, on ne l’a pas encore trouvée. On teste sous serre, dans la station d’expérimentation de l’APEF. »
A la Benfluraline s’ajoute le retrait annoncé du Movento, insecticide contre le puceron très utilisé dans la filière fruits et légumes.
3- La pénurie de main-d'œuvre
Enfin, troisième défi et non des moindres : la main d’œuvre, dans une filière dans laquelle les endiveries sont très peu mécanisées car tout se fait à la main. « Oui, on manque de bras, ce qui amène à des fermetures de lignes en endiverie et donc des choix commerciaux », regrette Pierre Varlet.
Pour faire face, la filière s’appuie sur le travail de l’interprofession sur le sujet. L’APEF intervient aussi auprès de groupements d’employeurs. « Et nous allons nous intéresser à une société marocaine qui fait venir des travailleurs -déjà agriculteurs au Maroc- en France. Les maraîchers nantais ont déjà eu recours à leurs services, alors pourquoi pas dans l’endive ? », précise Pierre Varlet.
Et côté consommation, quelles sont les nouvelles ?
Pierre Varlet relate : « Face à la hausse des coûts et des charges, les acheteurs ont consenti l’année dernière à une hausse des prix, ce s’est parfois répercuté sur les prix consommateurs. Et on a perdu des consommateurs, car on a pu voir certains rayons affichant des prix jusqu’à 6 ou 7€ pour l’endive ! En janvier 2023, c’est-à-dire au plus fort de la saison, on a eu perdu 5 % de consommateurs (comparé à l’année précédente), qu’on n’a pas retrouvés de la saison ! En revanche, les consommateurs d’été ont été fidèles, alors que les prix étaient aussi supérieurs en raison d’une offre faible. »
Lire aussi : Fruit Attraction 2023 : la filière endive doit travailler sur la consommation
C’est pourquoi l’APEF a commandé une étude CSA sur la notoriété de l’endive et le profil des consommateurs post-Covid et post-augmentation des prix. La commission Communication de l’APEF se penchera sur les résultats pour orienter la stratégie de communication auprès des clients et des consommateurs. « On prend notre temps mais il y a une volonté certaine des professionnels de repartir sur de nouvelles bases, de tout reprendre à zéro, afin de nous adapter au nouveau contexte de consommation », explique Pierre Varlet.
Une mise à plat qui intervient avec la nomination d’un nouveau président -Philippe Bréhon a succédé à Catherine Decourcelle fin août et d’un nouveau bureau- et avec la volonté de toute la filière de travailler collectivement, ensemble, y compris « avec la grande distribution pour mutualiser les moyens et accompagner la consommation d’endive qui a un avenir certain », conclut Pierre Varlet.
La filière Endive de France en chiffre clés
8 000 ha de racines d’endive.
300 producteurs de taille significative. 90 % sont en Hauts-de-France et sont réunis en 9 OP membres de l’APEF et représentent 89 % des volumes. En Bretagne, une dizaine de producteurs travaillent pour Prince de Bretagne. Quelques indépendants existent également.
Hyperspécialisation : il s’agit de structures dédiées à l’endive (75% du chiffre d’affaires de l’exploitation).
130 000 tonnes d’endives françaises pour la saison 2022-2023, un chiffre tendanciellement en baisse (diminution des emblavements et fermetures d’endiveries).
Avec 7 kg/an/foyer, c’est le 4e légume d’hiver le plus consommé.