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Échalote : le vinaigre montre son efficacité contre la fusariose

Le vinaigre de qualité alimentaire confirme son effica­cité contre la fusariose dans des essais réalisés en stations ex­périmentales et par la chambre d’agriculture de Bretagne chez des producteurs.

Des problèmes sanitaires dus au Botrytis ont marqué la saison 2023 en Bretagne.
Des problèmes sanitaires dus au Botrytis ont marqué la saison 2023 en Bretagne.
© Prince de Bretagne

Le vinaigre alimentaire a reçu deux dérogations d’usage fin 2022 et fin 2023 pour le trempage des bulbes d’échalote et d’oignon, afin de lutter contre les maladies fongiques. La filière bretonne a testé son efficacité par rapport à l’ancien fongicide Topsin 70 WG, autorisé jusqu’à fin 2021. « Après de nombreux essais, réalisés en station expérimentale et chez les pro­ducteurs, l’emploi du vinaigre a montré son efficacité contre la fusariose, indiquent les auteurs d’un article publié dans Aujourd’hui et Demain en mars 2024. Le taux d’efficacité n’est cependant pas de 100 %, ce qui n’était déjà pas le cas du Topsin 70 WG, surtout en situation de forte pression. »

Lors des premiers essais réalisés au laboratoire de Vege­nov (2019-2020) et en station expéri­mentale (2020-2021), le témoin Topsin 70 WG était de même niveau d’efficaci­té que le vinaigre à 2 % pour lutter contre la fusariose. À cette dose, l’absence de phytotoxicité a aussi été montrée. Les essais ont été conduits à la fois en stations expérimentales (avec des bulbes inoculés pour assurer la pré­sence de maladie) et en conditions pro­fessionnelles (bulbes sans problème particuliers). Dans le cadre de la première année du projet Vinaigrette, des essais menés au Caté et à Terre d’essais ont confirmé l’efficacité du vinaigre dans un contexte à haut risque de mala­die (bulbes inoculés avec de la fusariose produits par OBS Innovation). Les travaux ont montré une efficacité du vinaigre à 2 % pour les deux variétés évaluées, Molène et Longor – avec une moindre sensibilité à la fusariose de Molène par rapport à Longor.

Des analyses biolo­giques de l’eau de trempage

Ce projet vise aussi à vérifier la faisa­bilité de la mise en œuvre de vingt bains successifs en conservant la même eau. « Pour la deuxième année consécutive, l’efficacité reste démontrée au champ même pour les derniers bains et ce, sans impacter le rendement entre le premier et le vingtième bain, souligne l’article d’Aujourd’hui et Demain. Des analyses biolo­giques de l’eau de trempage réalisées par OBS Innovation montrent une très faible quantité de spores de Fusarium oxysporum après vingt bains successifs. Cette quantité est très insuffisante pour contaminer des bulbes. » Il n’y a pas eu de transmission de maladie entre lot à risque et lot sain trempés l’un après l’autre dans une même eau. Les essais vont se poursuivre en 2024 pour confirmer également l’absence de différence d’efficacité entre un trem­page au vinaigre en début de saison en novembre et un trempage au vinaigre de fin de saison en février.

Plateaux d' échalottes
© RFL
En conditions professionnelles, l’objec­tif premier était de vérifier la sélectivité du trempage au vinaigre. Les essais ont été menés par la chambre d’agriculture sur deux parcelles en bio et deux parcelles en conventionnel. Les deux variétés Longor et Molène ont été comparées, pour un trempage des plants à l’eau chaude seule ou additionnée de vinaigre à 2 %. Ni les plants ni les parcelles n’étaient considérés comme « à risque ». Cepen­dant les conditions climatiques de l’année ont été favorables à la maladie. Les résultats en conservation (septembre) ont démontré l’efficacité du vinaigre : le pourcentage de fusariose est très net­tement inférieur pour Longor, variété très sensible. Molène n’est quasiment pas touchée par la maladie.

Une autorisation pour le trempage à chaud ?

Concernant l’impact du vinaigre sur d’autres maladies des alliums, les es­sais menés à Vegenov ont montré que le vinaigre à 2 %, porté deux heures à 42 °C était efficace pour contrôler les spores de Botrytis allii présentes dans les eaux de trempage. Un trempage au vinaigre évite ainsi le risque de transmission de Botrytis entre bulbes malades et bulbes sains par l’eau du bain. Ces études vont être appuyées par d’autres essais à la station du Caté avec des bulbes porteurs de Botrytis allii.

Le vinaigre autorisé pour le trempage des bulbes (par les AMM 120 jours 2022 et 2023) est un vinaigre d’alcool à 10 % maximum d’acidité : c’est un vinaigre d’origine agricole, reconnu comme substance de base depuis 2015, c’est-à-dire à faible risque pour l’homme et l’environnement. Déjà autorisé pour le traitement des semences pota­gères – à froid – il fait l’objet d’une de­mande d’extension d’autorisation pour le trempage – à chaud (42 °C) – pour le traitement des bulbes d’échalotes et d’oignons. Les mesures ont démontré que le taux d’exposition était inférieur aux valeurs limites d’exposition autori­sées. Ces données ont été transmises à l’administration pour compléter la de­mande d’extension d’usage.

Concernant le risque pour l’environ­nement, des essais sont en cours à la station du Caté pour évaluer les risques agronomiques en cas d’épandage en intercultures ou sur prairies dans le contexte réglementaire, à savoir le ca­lendrier d’épandage de la directive ni­trate. La gestion des eaux résiduelles en station d’épuration fait également l’objet d’un suivi par analyses. Dans ces deux situations, le niveau de pH est remonté préalablement de 4 à 5,5 pour préserver les micro-organismes, à l’aide de bicar­bonate de soude (également reconnu comme substance de base et donc uti­lisable en AB) ou de carbonate de potas­sium (non utilisable en AB).

Claire Gouez (chambre d’agriculture de Bretagne), Aurélie Le Goff-Prat (Caté), Jean-Michel Collet (Caté/CTIFL), Claudie Monot (Vegenov), Benoît Borschinger et Clothilde Meyroux (OBS Innovation)
Échalote – Bilan technique 2023 – Aujourd’hui et Demain mars 2024

La fusariose : un ou plusieurs champignons ?

L’agent de la fusariose – Fusarium oxysporum f.sp. cepae – est spécifique des alliums. L’inoculum provient soit des plants, soit des parcelles, car il se conserve très longtemps dans les sols. Cependant, d’autres souches de fusariose (Fusa­rium oxysporum, F. solani, F. proliferatum, F. culmorum…) sont connues pour générer des symptômes sur bulbes dans des contextes dé­favorables pour la culture. Un travail d’identification des souches est en cours pour mieux appréhender la problématique avec une collection de souches réa­lisée dans la région de production.

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