Produits d’import
Du rififi sur la ligne routière pour atteindre la Russie
La mésentente diplomatique entre les gouvernements russes et polonais bloque 80 % des flux transportés par la route. Cela aggrave la congestion du port de Saint-Pétersbourg.

La traversée de la Pologne est interdite aux poids lourds immatriculés en Russie et assimilés (biélorusses si un élément est russe…). Ce sont eux qui assurent habituellement jusqu’à 80 % du transport. Le commerce entre l’Europe de l’Ouest et la Russie est rendu très onéreux. Le prix du camion au départ de Belgique ou des Pays-Bas a bondi à 8 000 $ contre 4 800 $ habituellement à cette période de l’année, et au plus haut 6 500 $ avant les fêtes en décembre.
Les exportateurs belges et hollandais se rabattent sur les conteneurs. Mais le port de Saint-Pétersbourg est de plus en plus engorgé et le délai d’attente pour le déchargement des portes conteneurs atteint une semaine. Le surcoût est important. Il dépasse 100 $ par jour, facturé au destinataire.
L’interdiction porte aussi sur les camions immatriculés en Pologne qui ne peuvent pénétrer le territoire russe. Ce blocage est lié au refus mutuel de délivrer les autorisations annuelles de transit (AFMAP). Les autorités russes ont tardé, la Pologne a suivi. Le différend est né des doutes sur l’origine de l’accident d’avion qui avait causé la mort du président de Pologne et d’une bonne partie du gouvernement au printemps dernier. A Saint-Pétersbourg, le déchargement des bateaux conventionnels souffre de beaucoup mois de retard. Les agrumes du Maroc, toujours bradés, sont donc abondants sur le marché russe, qui est par ailleurs quasiment en rupture.
L’impact sur le marché de ces blocages diplomatiques est surtout ressenti en poire Conférence. Les prix n’ont que légèrement baissé. En pomme Jonagold, les achats de la Russie restent élevés pour toute la gamme des gros calibres (80 et +). Le prix départ est de 75/80 cents. En Argentine, les importateurs russes ont été très acheteurs de poire Williams.
Les premiers bateaux pour l’Europe sont bien partis vers le 24 janvier. La grève des cueilleurs avait bien pris fin quelques jours avant. Le retard de la récolte, qui pouvait débuter au plus tôt le 10 janvier, atteint une semaine. Le taux de perte est d’environ 30 %. En effet, la canicule sévit. La pomme Gala finit mal sa coloration alors que la récolte est aussi abondante. Les cueilleurs ont obtenu une augmentation d’environ 25 %. Elle doit être acceptée par le gouvernement : le taux d’inflation est officiellement beaucoup plus bas que celui, officieux, d’environ 20 % par an. Cela oblige à atteindre une moyenne de prix de vente de campagne supérieure à 1 €/kg en Europe.
En Espagne, la deuxième vague de froid a surtout entraîné des pertes en agrumes. Mais l’offre reste encore trop élevée. En légumes, les températures froides ont bien freiné l’offre. Les prix sont plus fermes. La courgette du Maroc bénéficie aussi du regain d’intérêt, l’affaire de l’Ethéphon sur le poivron ayant tendance à faire tache d’huile. En provenance du Sénégal, l’offre de tomate cerise commence à progresser cette semaine. Suite au froid, la pleine saison est retardée de deux ou trois semaines.