Du bambou alimentaire planté en Normandie
Matthieu Lerdu et ses deux fils, Rodolphe et Baptiste, ont planté 6 ha de bambou alimentaire, en contrat avec Onlymoso, société italienne qui développe la culture en France.
Matthieu Lerdu et ses deux fils, Rodolphe et Baptiste, ont planté 6 ha de bambou alimentaire, en contrat avec Onlymoso, société italienne qui développe la culture en France.
« Un de mes fils m’a proposé de faire des asperges. L’autre du bambou. On fait les deux car, quand nos enfants reviennent à la ferme, il faut prendre leurs idées. » Voilà comment Matthieu Lerdu et ses deux garçons, Rodolphe et Baptiste, ont planté 6 ha de bambou alimentaire en juin dernier, au Thil-en-Vexin, dans l’Eure. Ainsi, les trois associés, installés sur 240 ha, cultivent des pommes de terre, de l’escourgeon, des pois, des betteraves, des asperges, des céréales et maintenant du bambou.
Régénérer la bambouseraie
Depuis l’année dernière, des agriculteurs français se lancent dans cette culture avec Onlymoso, entreprise italienne qui a développé une filière pour la culture de bambou dans son pays. En 2019, cinq premiers hectares ont été plantés dans l’Hexagone. Cette année, la surface est multipliée par dix. Les Lerdu sont les premiers en Normandie. « On achète les plants à la société italienne, qui vient nous aider à les planter. On compte 1 800 pieds/ha. Normalement, les bambous se plantent à la main. Mais, nous avons trouvé une machine construite exprès par un cultivateur des Deux-Sèvres qui en a planté 2 hectares », explique Matthieu Lerdu dans L’Agriculteur normand. En amont, la parcelle a été travaillée avec un outil à dents. Un fossé de 60x60 cm a été creusé pour éviter que les bambous n’envahissent celles qui la jouxtent. « La culture ne demande aucun produit phytosanitaire. En revanche, on lui apporte tous les ans 200 uN, 90 uP et 100 uK. Les intrants sont amendés via le goutte-à-goutte car l’irrigation est indispensable », mentionne le producteur. La première récolte arrive au bout de quatre à cinq ans. « On ramasse 75 % des pousses, à la main. On en laisse un quart pour que la bambouseraie se régénère », précise-t-il. Les pousses sont vendues à la société italienne. « Nous avons un contrat de dix ans avec un minimum de prix garanti. Onlymoso a acheté les pousses entre 2,30 €/kg et 3,60 €/kg cette année en Italie, en fonction du diamètre. Le résultat net annuel est estimé à 10 000 €/ha en moyenne, pondéré sur quinze ans », assure le professionnel. Le risque en Normandie lié au climat serait un gel tardif en avril qui pourrait endommager les pousses de bambou. « La culture est innovante, exonérée des cours mondiaux, apprécie Matthieu Lerdu. Les Italiens ont planté plus de 2 000 ha, depuis 2014. » Le bambou est utilisé en alimentation humaine mais aussi pour l'énergie, l'ameublement, la construction, le textile, les cosmétiques, les bioplastiques…
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