Phyto arbo
Des pucerons sur pomme mais moins de tavelure
Avec le printemps pluvieux, la pression de la tavelure était une crainte en pommier. Ce sont finalement les insectes qui ont donné le plus de fil à retordre : pucerons, carpocapses et tordeuses de la pelure ont apprécié les températures chaudes de l’été.
Avec le printemps pluvieux, la pression de la tavelure était une crainte en pommier. Ce sont finalement les insectes qui ont donné le plus de fil à retordre : pucerons, carpocapses et tordeuses de la pelure ont apprécié les températures chaudes de l’été.
« On attendait la tavelure et ce sont les pucerons qui ont été les plus difficiles à maîtriser », résume en quelques mots Jean-Louis Sagnes, de la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne. Ce constat vaut pour toutes les régions productrices. La douceur de l'hiver a favorisé des reprises d'activité précoces pour les pucerons. Les premières fondatrices de pucerons cendrés ont été observées dès la mi-février en Aquitaine. « Sur certaines variétés et sur certains secteurs, les repiquages après floraison ont été difficiles à maîtriser et ont pu nécessiter plusieurs réinterventions pour un résultat parfois décevant », continue le technicien du Tarn-et-Garonne. « L’efficacité des produits phytosanitaires est faible sur puceron cendré une fois les feuilles enroulées », confirme Fanny Le Berre, de la station expérimentale La Morinière (37). Le puceron lanigère a été aussi parfois problématique. « Ce ravageur secondaire est en recrudescence depuis quelques années », relève Myriam Berud, de la station d’expérimentation la Pugère. Le développement d’Aphelinus mali, son principal parasitoïde, a été ralenti par le printemps froid et humide de 2016 alors que la pousse des arbres était favorable au développement du puceron lanigère. Pour la tavelure, l’année était jugée à risque. « Malgré un inoculum relativement important et un printemps plutôt bien arrosé, la tavelure a été très bien maîtrisée sur la grande majorité des parcelles », juge Jean-Louis Sagnes. Les contaminations secondaires ont été limitées par l’été chaud et sec. « Mais un nombre non négligeable de vergers ont développé des sorties estivales de tavelure secondaire sur feuilles en Languedoc », souligne Cyril Sévely, de la chambre d’agriculture de l’Hérault. Des taches sont observées de façon plus diffuse sur fruits, notamment sur Pink Lady®, à l’approche de la récolte dans la région Paca. La pression d’oïdium a été forte dans le Val de Loire, le Languedoc et la région Paca. « Toutefois, la protection préventive suffit à maîtriser la maladie dans la grande majorité des vergers et le risque est nul dès le début de l’été », poursuit le conseiller de l’Hérault.
Ecarts de tri dus à la tordeuse de la pelure
La pression de carpocapse a aussi été forte sur tout le territoire. « Les conditions printanières ont été peu favorables aux pontes, limitant le risque sur G1. Mais l’été chaud a stimulé l’activité de la G2 et la tardivité de l’année a déporté la fin de période à risque jusque début septembre. Ce sont surtout les éclosions de la fin de l’été qui ont provoqué le plus de dégâts », analyse Fanny Le Berre. « A la récolte, un tiers des parcelles du réseau d’épidémiologie de Rhône-Alpes a été concerné par des dégâts avec plus de 2 % de fruits attaqués », rapporte Manuela Dagba, de la Fredon Rhône-Alpes. La tordeuse de la pelure a aussi profité de cet été indien pour continuer son activité jusqu'à très tard dans la saison et provoquer des dégâts parfois importants, à partir de mi-août sur certaines variétés en Val de Loire, dans le Sud-ouest et en Rhône-Alpes. « Parmi les différents bio-agresseurs, c'est la tordeuse orientale qui, cette année, a généré le plus d’écarts lors des agréages en station », témoigne Jean-Louis Sagnes.
Anthonome sur pomme de table
BRUNO CORROYER ET JEAN-CHARLES CARDON, chambre régionale d’agriculture de Normandie
« L’anthonome et l’hoplocampe sont régulièrement présents sur le verger à cidre. Mais en 2016, ils ont commencé à être observés en vergers de pomme de table. Les programmes de lutte déclenchés ont pu contenir les dégâts. Cette présence est en partie liée à l’usage d’insecticides contre le puceron à usage spécifique, et non plus à large spectre. En 2016, des symptômes de moniliose fleur ont touché plus de variétés et plus de vergers. Cette maladie concerne habituellement surtout le verger à cidre sur quelques variétés à la sensibilité reconnue. Aucun produit n’est homologué pour cet usage sur fruits à pépins. »
Sortie de feu bactérien
MYRIAM BERUD, station d’expérimentation La Pugère (13)
« 2016 se caractérise par une sortie de symptômes marqués de feu bactérien en secteur Basse Durance. Les premiers symptômes sur bouquets sont signalés dès fin avril sur des parcelles historiquement touchées mais pas uniquement. Les symptômes se sont peu développés au cours de l’été. L’hiver doux, l’été chaud et le mois de septembre exceptionnellement doux ont été favorables à la cératite. Des captures sont enregistrées dès le 10 août autour d’Avignon. Après récolte, des dégâts sur fruits sont ponctuellement observés sur fond de cueille ».
Le chancre toujours là
FANNY LE BERRE, station d’expérimentation La Morinière (37)
« Grâce à l’hiver doux et humide, les périthèces de Neonectria ditissima, le champignon du chancre, ont été mûrs très tôt en saison ce qui a provoqué des projections précoces fin janvier. L’été chaud et sec a ensuite contenu le développement de la maladie mais de nombreux pics de projections de conidiospores ont ensuite été observés mi-novembre avec le retour des conditions douces et humides. Nous avons aussi observé une forte augmentation des parcelles avec présence d’acariens rouges. Le temps chaud et sec a limité l’activité des acariens prédateurs (phytoséides) et a augmenté l’activité de l’acarien rouge ».
Pou de San José en recrudescence
CYRIL SÉVELY, chambre d’agriculture de l’Hérault
« Le Colletotrichum est un champignon formellement identifié cette année. Il a occasionné des dégâts importants dans certains vergers plantés en Cripps Red ou Granny. Le pou de San José est aussi en recrudescence dans certains vergers. Les attaques, visibles en septembre, restent localisées par foyers, sur le haut des arbres, mais leur intensité peut être élevée. La protection mise en oeuvre en pré-floraison est satisfaisante. La précocité du vol de la mouche méditerranéenne et la durée du risque ont appelé à la vigilance mais la pression est demeurée modérée ».
Identification d’Alternaria sp.
MANUELA DAGBA, Fredon Rhône-Alpes
« Sous l’effet des conditions météo humides, d’importants symptômes, caractérisés par de petites ponctuations violacées qui évoluent en taches circulaires marron, sont apparus sur certaines parcelles de pommiers sur feuilles début mai. Les taches ont évolué au gré des pluies pour former des plages marron étendues. Les feuilles attaquées ont fini par jaunir et chuter courant juin. Des prélèvements ont été réalisés en juillet puis en octobre pour rechercher l’origine de la maladie. Le genre Alternaria sp. a été identifié, mais les analyses se poursuivent afin d’essayer de déterminer si Alternaria mali peut être à l’origine des symptômes ».
Dégâts de monilia fleur
JEAN-LOUIS SAGNES, chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne
« Les conditions pluvieuses sur le mois d’avril ont favorisé des dégâts de monilia sur la floraison et de botrytis de l’oeil. Certaines parcelles de Granny, de Chantecler, de Juliet et même de Gala ont été particulièrement touchées par le monilia, avec une très forte proportion de boutons floraux desséchés mais aussi avec des chancres sur bois d’une virulence inhabituelle sur pommier. Les parcelles les plus affectées par le monilia sont souvent des parcelles déjà contaminées les années antérieures en 2015 et surtout en 2013 ».