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Melon : des leviers agroécologiques contre la fusariose

Le projet Synergies vise à mobiliser les principaux leviers agroécologiques pour lutter contre la fusariose. Les premiers résultats témoignent de leur importance.

Le projet Synergies cherche à gérer les maladies telluriques du sol, notamment la fusariose, en mobilisant les principaux leviers agroécologiques. Les premiers travaux réalisés par le CTIFL visent à comprendre l’impact des facteurs biotiques (micro-organismes…) et abiotiques (pH, humidité…) sur le développement de ce champignon. Les premiers résultats d’un travail d’enquête et d’analyses réalisé à partir de sol de parcelles « contrastées », qui exprimaient des situations inattendues comme rotation intensive/peu de mortalité de plants, montrent que le pH du sol, ses taux de limon et de manganèse ont une action significative sur l’expression de la maladie (voir encadré). Le fer et le calcaire actif jouent également un rôle dans l’expression du potentiel du sol et leur action est corrélée à celle du manganèse et du pH.

Résister aux attaques de fusariose

« Les producteurs qui apportent de la matière organique semblent avoir moins de problèmes de fusariose. Mais l’échantillon trop faible de l’enquête manque de représentativité », mentionne Marie Torres, CTIFL. Le projet Synergies évalue également le potentiel des sols en constatant qu’il existe une grande diversité avec des contrastes surprenants entre le niveau de présence du champignon et les dégâts engendrés. « Des observations en laboratoire mettent en évidence l’effet de certains composts sur le pourcentage de mortalité des plants », précise la spécialiste. La biodiversité de la flore du sol est également un levier de réduction des attaques de fusariose. Plus elle est élevée, plus la « résistance du sol » s’améliore. Un essai avec plusieurs modalités a permis de mettre en œuvre ses différents leviers agronomiques. Deux sols connus pour leur sensibilité à la fusariose ont été abondés avec deux composts seuls, puis un compost avec un produit antagoniste (complexe de plusieurs bactéries et champignons ayant des effets connus sur Fusarium oxysporum.) et un autre compost avec un produit mycorhizien contenant des spores de Glomus intraradices. Un produit de biofumigation (pellets de Brassica carinata à incorporer au sol avant plantation), suivi d’un apport d’antagonistes, a également été associé dans une cinquième modalité. « L’objectif est de mettre la plante dans la meilleure situation possible pour résister aux attaques de fusariose », précise Marie Torres. L’ingénieure est déçue des résultats car toutes les modalités ont au final été affectées à plus de 80 %. Toutefois, les résultats permettent de mettre en évidence des différences dans la dynamique de progression de la maladie et des comportements très différents entre les deux sols, précise le compte rendu présenté lors de la rencontre melon, organisée en novembre dernier par l’Aprel et SudExpé.

L’azote a un effet négatif

Les observations ont également montré trois phases de progression distinctes de la maladie. « D’abord une progression lente, qui correspond à la pénétration du champignon dans les racines, puis une accélération de son développement et enfin la mortalité de la plante », décrit Marie Torres. La mise en place d’un essai complémentaire a eu pour objectif de comprendre l’impact qu’a pu avoir la fertilisation azotée sur la maladie. Celui-ci a permis d’éclaircir les résultats obtenus dans l’essai Synergies en pots. Il montre que la dose d’azote apportée joue sur l’évolution de la maladie. « L’azote a un effet négatif quelles que soient la forme et la dose, ce qui n’est pas forcément en accord avec la bibliographie », commente la spécialiste, en précisant qu’il semblerait que les différences observées proviennent uniquement d’effet du fertilisant sur plante ou sur les micro-organismes du sol et non sur le pathogène. « Les symptômes qui progressent plus vite sur les modalités fertilisées témoignent d’un métabolisme plus « gourmand » avec des besoins en eau plus importants, donc une absorption et un déplacement plus importants dans les vaisseaux qui favorisent la propagation de la maladie », analyse Marie Torres.

A lire aussi : Melon : le problème croissant des virus

 

Trois facteurs de risque

pH du sol : plus il est élevé, plus le potentiel d’attaque de fusariose est faible

Taux de limon : un sol à faible teneur en limon présente un plus faible potentiel à la fusariose

Taux de manganèse : un faible taux de manganèse réduit le risque fusariose.

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