Courgette : comment identifier les plantes qui éloignent les pucerons ?
Dans le cadre du projet Repulse, le CTIFL évalue la capacité de répulsion de différentes plantes vis-à-vis des pucerons sur la culture de courgette, grâce à l’émission naturelle des composés organiques volatils.
Dans le cadre du projet Repulse, le CTIFL évalue la capacité de répulsion de différentes plantes vis-à-vis des pucerons sur la culture de courgette, grâce à l’émission naturelle des composés organiques volatils.
En 2021 et 2022, le centre CTIFL de Balandran a mis en place des plantes répulsives sur une culture de courgette (variété Twitter cultivée sous abri) afin d’étudier leur capacité de répulsion des pucerons. L’objectif est d’identifier des plantes répulsives de ces ravageurs afin de construire des stratégies de protection des cultures qui nécessitent moins de produits phytosanitaires. Les plantes sélectionnées et testées sont issues de la littérature scientifique, mais aussi des essais d’olfactométrie menés en laboratoire par l’unité PSH d’INRAE. En 2022, à la suite de premiers résultats sans intérêt obtenus en 2021 sur l’œillet d’Inde « Double nain orange », plusieurs plantes ont été testées dans le même essai afin de pouvoir effectuer un screening plus rapide de celles potentiellement répulsives. « Il a en effet été montré, dans d’autres essais du projet, que la présence de plusieurs modalités de plantes répulsives ne semble pas masquer leurs effets respectifs », expliquent les auteurs d’un article paru dans Infos CTIFL.
Des plantes répulsives des pucerons sur courgette
Ce sont donc le romarin « Majorca Pink », le lavandin « Grosso » et le basilic demi-nain « Pistou » qui ont été étudiées. En 2022, le basilic demi-nain « Pistou » semble avoir permis de retarder le développement de pucerons dans la culture. Mais de nouvelles expérimentations sont nécessaires pour confirmer ces résultats qui ne sont d’ailleurs pas confirmés en laboratoire par INRAE unité PSH. En revanche, le lavandin « Grosso » semble avoir un potentiel, mis en avant avec les essais d’olfactométrie, qui n’a pas été retrouvé en conditions de production sur le centre CTIFL de Balandran.
« L’utilisation de plantes répulsives comme moyen de lutte contre certains ravageurs est une technique difficile d’utilisation, car les composés organiques volatils produits par les espèces végétales testées ne sont pas toujours connus et leur émission dépend de nombreux paramètres difficilement maîtrisables. Par exemple, une plante blessée peut émettre des composés organiques volatils liés à une plaie qui pourraient contrecarrer l’émission des autres molécules », commentent les spécialistes. « Il faudrait donc continuer les travaux d’expérimentation avec les plantes répulsives et étudier de nouveau le basilic demi-nain « Pistou » et le lavandin « Grosso » afin de valider ou non leur intérêt en tant que plantes répulsives des pucerons sur courgette », conclut l’article. À la suite de ces nouvelles expérimentations, si leur intérêt était validé, il serait nécessaire de déterminer la densité de plantation de ces plantes répulsives afin de garantir leur efficacité, avant de transférer les résultats vers les professionnels.
Des molécules olfactives émises par les plantes
Les plantes de services et plus particulièrement les plantes répulsives sont l’une des solutions alternatives aux produits phytosanitaires pour le contrôle et la régulation des populations de ravageurs des productions maraîchères. Cette stratégie repose notamment sur les composés organiques volatils, des métabolites secondaires sous forme de molécules olfactives émises par les plantes. Les composés organiques volatils proviennent en grande majorité des fleurs, mais ils peuvent également être issus des tissus végétatifs en particulier en cas de blessure ou d’infection par un agent pathogène. Ils peuvent servir aux insectes ravageurs pour repérer une plante hôte à coloniser, mais ils peuvent également présenter un effet répulsif vis-à-vis d’autres ravageurs. Il existe beaucoup d’études portant sur l’utilisation de composés organiques volatils contre les ravageurs, mais la plupart emploient des extraits de plantes ou des huiles essentielles, tandis que les travaux réalisés dans le cadre du projet Repulse concernent l’installation de plantes entières.