Corse
Clémentine : une première usine de pressage sur l’Île de Beauté
Afin de valoriser les écarts en clémentine IGP, les Corses se lancent dans des projets d’unités de transformation, construits sur l’île même, au plus près des vergers. Le GIE Corsica Comptoir est le plus avancé dans son projet de pur jus : les premiers tests commencent ce mois-ci.
Afin de valoriser les écarts en clémentine IGP, les Corses se lancent dans des projets d’unités de transformation, construits sur l’île même, au plus près des vergers. Le GIE Corsica Comptoir est le plus avancé dans son projet de pur jus : les premiers tests commencent ce mois-ci.
La reconnaissance en IGP pour la clémentine de Corse en 2007, avec un cahier des charges strict et la volonté de se positionner sur un produit de niche et de qualité, a entraîné de nombreux écarts de fruits -entre 15 et 20 % selon les années- que la filière corse souhaitait valoriser.
« En parallèle, pendant le Covid, les importations de pur jus ont été difficiles et l’Etat s’est aperçu qu’il n’y avait pas d’unité de transformation d’agrumes sur le territoire français », relate Pierre-Paul Monteil, producteur et responsable des ventes au GIE Corsica Comptoir. Une enveloppe a été ouverte dans le cadre du plan France Relance.
Corsica Comptoir concrétise son projet de transformation
La Corse s’est donc lancée dans la valorisation de ses écarts de fruits par la construction d’unités de transformation, sur son territoire même -depuis trois ans, des fruits écartés étaient déjà expédiés sur le continent pour être transformés, en région lyonnaise. Un des deux projets est mené par l’Atelier Corse Fruits & Légumes (en partenariat avec les OP Terre d’Agrumes et OPAC) et est en cours de construction à Linguizzetta.
Plus avancé, le GIE Corsica Comptoir inaugure son unité de transformation de pur jus d’agrumes (clémentine, pomelo, citron et orange, en conventionnel et en bio) à Moriani. L’investissement global est conséquent, environ 6 millions d’euros. L’unité de transformation est aujourd’hui opérationnelle, la phase de rodage commence : conception et équilibre des jus, réglage des machines… avec l’appui des techniciens du groupe JBT.
« Les premiers jus sont attendus pour le 15 décembre. Et nous avons déjà des commandes commerciales pour cette première année !, se réjouit Pierre-Paul Monteil. Entre le 20 décembre et le 20 janvier, nous devrions pouvoir sortir quelques milliers litres de pur jus de clémentine, avant une petite saison en orange et un gros potentiel en pomelo Star Ruby. Nous pourrions totaliser une centaine de milliers de litres de pur jus pour cette première année, ce qui est important pour voir le comportement du produit. » Le potentiel est de 2 millions de litres de pur jus (tout agrume) et de 300 tonnes d’agrumes surgelés en cubes (IQF*) dès l’année prochaine.
* L’Individually Quick Frozen (IQF) est une technique de surgélation individuelle qui permet de surgeler en continu de petits produits et évite aux pièces de s’agglomérer entre elles.
Des petites séries très qualitatives pour des débouchés haut de gamme
Installée sur le site de l’entreprise de commercialisation Fruticor, à Moriani, cette unité s’étend sur 2 600 m2. L’apport en fruits se fera en flux tendu depuis les stations de conditionnement tout proche. Dans l’unité de transformation, la ligne permet l’effeuillage-équeutage des fruits, qui sont ensuite triés, calibrés puis pressés via le passage dans une machine à deux extracteurs, brevetée, du groupe JBT. « Nous misons sur la qualité, c’est notre leitmotiv. Nous n’avons pas les volumes donc nous ambitionnons de petites séries très qualitatives. » Les huiles essentielles sont mises de côté et destinées à des débouchés haut de gamme (le GIE est en discussion pour des partenariats avec des parfumeurs et opérateurs de la cosmétique) et le jus mis en fûts de 220 L. Dès l’année prochaine, la technologie IQF sera installée et l’usine pourra sortir des agrumes surgelés en cubes.
« On ne gagne pas d’argent sur la transformation », rappelle Pierre-Paul Monteil. L’objectif du projet est vraiment de valoriser les écarts de tri des producteurs. Les débouchés sont les transformateurs et industriels tels que les confituriers. « Nous verrons ensuite si nous pouvons aller plus loin, que ce soit dans largeur de gamme avec de la pâte à tartiner, du miel, etc., ou dans les ingrédients en nous rapprochant de producteurs d’abricots, de fraises… »
Le GIE s’est renseigné, a beaucoup discuté avec les ODG : il pourra communiquer sur la base IGP de la matière première. La filière pourrait aller encore plus loin en demandant une IGP Transformation. Ce n’est pas prévu dans l’immédiat mais c’est en réflexion.