Carotte : désherber mécaniquement sur butte
Les méthodes de désherbage alternatives en culture de carotte sont complexes à mettre en œuvre. Le désherbage mécanique en culture sur butte est une solution à combiner avec des traitements herbicides.
Les méthodes de désherbage alternatives en culture de carotte sont complexes à mettre en œuvre. Le désherbage mécanique en culture sur butte est une solution à combiner avec des traitements herbicides.
Les programmes de désherbage en culture de carotte peinent à contrôler certaines adventices depuis les retraits successifs de molécules de synthèse. Des essais de la station du Sileban (Manche) visent à proposer aux producteurs de carotte une palette de solutions alternatives à l’utilisation d’herbicides de synthèse, permettant une maîtrise satisfaisante des adventices. L’objectif est d’agir à différents stades : diminuer la pression adventice avant mise en culture, limiter la concurrence des adventices lors des stades jeunes de la carotte et éviter leur développement en cours de culture.
Parmi les stratégies évaluées, le désherbage mécanique se raisonne en complément d’applications d’herbicides. « Quel que soit le mode d’implantation de la culture, l’effet du programme de traitement par herbicides reste prédominant dans le contrôle global des adventices, prévient Bruno Pitrel, du Sileban. Un programme de désherbage carotte ne se détermine qu’en combinant les deux méthodes. De plus, le contexte climatique 2021 a rappelé la difficulté de recourir au désherbage mécanique sur des périodes non propices à cette méthode ».
Revoir les configurations de semis
En Normandie, les producteurs de carotte pratiquent la culture sur butte et la culture en planches à plat. Pour la culture sur butte, une stratégie de désherbage associe un désherbage chimique localisé sur le haut de la butte (largeur traitée d’environ 20 cm) et un désherbage mécanique sur les flancs de butte avec une bineuse de type angulaire.
« Les bineuses de type angulaire qui permettent de passer les flancs de buttes sont devenues des outils couramment utilisés par les producteurs dans la Manche, indique Pauline Boutteaux, du Sileban. La principale difficulté reste la gestion du haut de butte et donc du rang. Des constructeurs travaillent au développement de bineuses rangs serrés pour pouvoir passer le haut de buttes mais cela demandera de revoir les configurations de semis ». Les carottes sont en effet majoritairement semées en éclaté sur le haut de butte. Or, le binage en rang serré demande un semis en rang, qui pose d’autres contraintes, notamment le fait d’avoir un produit moins homogène à la récolte.
Sur adventices peu développées
Des producteurs du Val de Saire ont testé pendant deux saisons l’utilisation d’une bineuse angulaire, acquise et utilisée collectivement via leur OP, afin de nettoyer les fonds de buttes et les flancs. Deux passages de la bineuse étaient réalisés sur les carottes semées en mai, et un passage sur les carottes semées en juillet. Le premier passage a lieu un mois et demi après le semis, une fois que les carottes sont suffisamment développées pour ne pas les déchausser. Le passage peut avoir lieu assez tard dans la saison, jusqu’en septembre.
Les conditions de réussite sont les mêmes que pour d’autres matériels de binage, et dépendent beaucoup des conditions météo. L’intervention doit avoir lieu sur des adventices peu développées (jusqu’à 4-6 feuilles maximum), en conditions sèches, quelques jours avant et après un épisode de pluie. Il peut y avoir des difficultés à passer l’outil si la butte a trop séché et s’est resserrée. L’idéal est d’avoir une implantation de la culture réalisée au GPS RTK, ce qui facilite l’intervention ensuite.
Malgré un niveau de maîtrise des adventices satisfaisant, l’utilisation commune de ce matériel a été abandonnée. En effet, les réglages de la bineuse pour s’adapter aux buttes sont délicats et ne sont pas compatibles avec une utilisation en commun par de nombreux producteurs. « Une acquisition peut en revanche être tout à fait envisageable à deux ou trois producteurs, estime Pauline Boutteaux. Pour davantage d’utilisateurs, il faut envisager de fonctionner en prestation de service avec un conducteur, donc une seule personne qui agit sur les réglages de la machine ».
Le retrait du Racer complique le désherbage
L’homologation du Racer avait partiellement pallié le retrait du linuron, grâce notamment à son action sur morelles et matricaire. Malgré un positionnement en pré-levée strict, l’effet initial sur les flores difficiles permettait de limiter « le rattrapage » en post-levée. Depuis le retrait de cette solution, la phase de désherbage post-levée précoce (BBCH10 à BBCH12) devient critique en termes de moyens d’intervention, qu’il s’agisse de l’usage d’herbicides ou de moyens de lutte alternatifs.