Les producteurs anticipent la disponibilité de la main-d’œuvre saisonnière
Les producteurs de fruits et légumes tentent d’anticiper et de sécuriser la disponibilité de la main-d’œuvre saisonnière pour les travaux à venir en tenant compte des contraintes sanitaires.
Les producteurs de fruits et légumes tentent d’anticiper et de sécuriser la disponibilité de la main-d’œuvre saisonnière pour les travaux à venir en tenant compte des contraintes sanitaires.
Les producteurs de fruits dépendent largement des saisonniers étrangers qualifiés pour réaliser différents travaux dans les vergers, notamment au printemps et durant l’été. Et vu l’imprévisibilité de la pandémie, le risque d’un nouveau confinement doublé d’une fermeture des frontières et d’une éventuelle pénurie de main-d’œuvre ne peut être écarté. D’autant que les pays prêteurs de main-d’œuvre cherchent aussi à se prémunir de la Covid-19.
Renforcer l’attractivité de nos métiers
« Début août, les contrats OHI ont commencé à revenir en France, puis à partir du 15 août tout s’est à nouveau refermé, indique la directrice de la FNPFruits, Stéphanie Prat. Le territoire marocain a souhaité, lui aussi, se protéger et donc a mis des contraintes pour la circulation de ses travailleurs vers la France. » A l’heure actuelle, la seule manière de garantir la venue de main-d’œuvre étrangère est donc de négocier un protocole sanitaire strict et à caractère obligatoire, au niveau départemental et avec le préfet, assure Stéphanie Prat. Selon le président de Légumes de France, Jacques Rouchaussé, une nouvelle campagne de recrutement « Des bras pour ton assiette » aura lieu « en février-mars ». Pour le responsable, une question se pose. « Comment peut-on intéresser les nouveaux chômeurs sachant qu’on peut leur offrir un CDD pour un travail peu qualifié, et qu’on pourrait ensuite faire des formations pour renforcer l’attractivité de nos métiers », précise-t-il. « On réfléchit également à monter plus de groupements d’employeurs multisectoriels : en maraîchage, arboriculture, viticulture… et que ce soit attractif pour les salariés », ajoute Jacques Rouchaussé. Une réflexion qu’il promet de porter en début d’année au sein de la commission emploi de Légumes de France avant de faire des propositions à la FNSEA.
Un protocole sanitaire négocié
Fin décembre, le département des Bouches-du-Rhône a accueilli par vol spécial, 71 saisonniers originaires du Maghreb après en avoir accueilli 21 la semaine précédente. Ces travailleurs agricoles, embauchés dans le cadre des contrats validés par l’Office français d’immigration et d’intégration, sont venus récolter des salades et des épinards avant d’enchaîner sur les travaux de taille dans les vergers. « Nous avons obtenu une procédure dérogatoire grâce à l’intervention du préfet auprès du ministère pour permettre l’arrivée de ces salariés qui sont absolument indispensables pour nos exploitations », a indiqué la directrice de la FDSEA locale Isabelle Giordano. 150 autres saisonniers devraient arriver en janvier et encore plus en février. Les Bouches-du-Rhône ont négocié un protocole sanitaire renforcé pour « sécuriser » la venue de saisonniers qualifiés, sur le modèle de celui fait en Corse en octobre pour la récolte des clémentines. D’autres départements comme le Vaucluse et la Drôme ont engagé une démarche similaire.
« Des bras pour ton assiette » saison 2
La start-up WiziFarm, qui a lancé la campagne « Des bras pour ton assiette » durant le premier confinement, lancera une nouvelle campagne de recrutement sur les réseaux sociaux en février-mars. Jean-Baptise Vervy, fondateur de WiziFarm, s’attend à ce que les frontières restent ouvertes aux saisonniers étrangers au printemps 2021, mais les besoins en main-d’œuvre seront néanmoins importants. Plusieurs projets sont en cours. La start-up testera, en janvier, le savoir être des candidats afin de mettre en avant les meilleurs profils. Depuis début décembre, les employeurs doivent verser une contrepartie au-delà de trois mises en relation. « Une offre payante qui va s’étoffer dans les prochains mois », mentionne Jean-Baptise Vervy. WiziFarm travaille aussi sur des partenariats avec des organismes de formation pour « combler le delta » entre les compétences des candidats et celles attendues par les recruteurs. « Autant de projets rendus possibles par l’arrivée durant l’été de sept nouveaux actionnaires qui ont permis de lever 700 000 euros », mentionne le fondateur de la start-up.