Consommation

Alimentation saine et durable : Comment éduquer les enfants hors des écoles ?

FLD s’est intéressé à l’éducation alimentaire des enfants à l’école et comment les professionnels de la filière se saisissent du sujet [à lire dans FLD Mag de mai 2023]. Mais l’école et la cantine ne doivent pas être le seul lieu d’éducation alimentaire. Les lieux de loisirs, de par leur attrait ludique, peuvent être exploités. Les lieux d’achats semblent être l’endroit adéquat mais les distributeurs sont-ils prêts à jouer le jeu ?

Le bien-manger fait partie des sujets forts chez Lidl, comme le rappelle Léa Kirhlal, responsable du sponsoring chez Lidl : « Nous sommes responsables de l’alimentation de nos clients et de leurs enfants. » A la veille du Salon de l’Agriculture 2023, Lidl a dévoilé sa Charte pour une Alimentation Consciente, visant à agir activement pour la transition agroalimentaire, dans laquelle elle s’engage à une alimentation saine, à une alimentation durable et à la transparence. Parmi les engagements annoncés haut et fort : dès cette année, Lidl ne diffusera plus aucune publicité (TV, radio, prospectus, réseaux sociaux) dédiée aux enfants de moins de 16 ans pour des produits malsains* à marques propres. Et d’ici 2025, l’enseigne modifiera le visuel des emballages des produits malsains pour qu’ils ne soient plus spécifiquement attractifs pour les enfants (visuels colorés, illustrés de personnages, etc.).

* selon la grille nutritionnelle définie par l’OMS, évaluant la teneur en lipides et sucre, matières grasses saturées et édulcorants, sel et densité calorique.

Manger bouger, mais avec plaisir et des fruits, promeut Lidl

L’engagement de cette Charte est plutôt de ne pas faire de mauvaises pratiques sur les produits malsains, sans encourager spécifiquement la consommation de fruits et légumes chez les enfants. En revanche, dans le cadre d’activités périscolaires, Lidl a lancé l’opération “Handball toi”, en juin 2022 : 350 enfants de 8 à 12 ans de 11 clubs de Handball ont pu participer à une demi-journée d’initiation, avec une nutritionniste pour les sensibiliser à des goûters équilibrés notamment dans le cadre d’une pratique sportive.

Un goûter était offert à la fin de la journée (une barre de céréales, un fruit -pomme, poire ou orange- ou une compote de fruits, une petite bouteille d’eau) avec un sac de goodies. Un livre de recettes, avec les recettes préférées des enfants revisitées avec des fruits et légumes, a été aussi donné. « 5 fruits et légumes par jour, c’est la base pour une alimentation saine et on sait que ce n’est pas évident d’en faire manger aux enfants. Donné lors d’animations dont “Handball toi”, ce livre a très bien fonctionné, il a même été réclamé pour la vente », a précisé Léa Kirhlal. Les retours -y compris quant à la constitution du goûter- ont été positifs. Lidl va donc réitérer cette opération d’avril à juin 2023, cette fois sur toute la France, toujours en lien avec les ligues régionales de Handball. Pour accompagner l’initiative, une signalétique a été mise en place en magasin avec la mention “validé par les équipes de France de handball”. Trois produits identifiables par cette signalétique : des barres de céréales, des compotes en gourde et un assortiment de fruits secs.

Selon une étude menée par Lidl en 2019, une majorité des enfants de 5 à 12 ans pratique une activité sportive extra-scolaire (81 %) et prend un goûter tous les jours (91 %) alors que les 12-16 ans ne sont que 72 % à pratiquer une activité sportive extrascolaire et à prendre un goûter tous les jours. La notion “manger bouger” semble se perdre. Toujours selon les chiffres de Lidl, les goûters des enfants intègrent majoritairement des produits céréaliers (79 %) mais peu de produits à base de fruits (57 %) et encore moins de produits laitiers (28 %).

En 2019 et 2020, Lidl avait sensibilisé parents et enfants avec le joueur international français de handball Nikola Karabatic via la mini websérie “l’entraînement commence à table”.

Salon de l’Agriculture : the place to be

Quel meilleur endroit à l’éducation alimentaire dans toutes ses formes que la plus grande ferme de France ? Chaque année, le Salon de l’Agriculture est l’occasion pour les marques et pour les organisations de sensibiliser les petits -et leurs parents- au mieux manger et à l’histoire des produits. Ateliers ludiques sous forme de jeux ou ateliers de cuisine se succèdent d’un stand à l’autre.

Citons pour l’exemple le Rallye Fétasoupe, par Open Agrifood, initié en 2022 et réitéré en 2023 : les 25 et 26 février, les enfants ont pu (re)découvrir les fruits, les légumes et autres tubercules, comment les cultiver, les cuisiner et les déguster, auprès de différents stands du salon des partenaires participants : le CNIPT, la SEMAE (semences), Agridemain, la FNSEA, et Phyteis (ex UIPP, protection des plantes). Comme le rappelle Florence Dupraz, directrice d’Open Agrifood, la transmission et la cuisine en famille sont, depuis deux à trois générations de plus en plus rare, et la méconnaissance alimentaire ne cesse de croître. « Une prise de conscience immédiate est nécessaire!, Que l’on comprenne qu’apprendre à s’alimenter est aussi important qu’apprendre à lire, à écrire et à compter ! revendique-t-elle. C’est l’impulsion que nous souhaitons donner via le Rallye Fétasoupe. »

Toujours raconter une histoire

Autre pays, autres mœurs. En Allemagne la moitié des marchés de gros gèrent aussi les marchés de plein vent dans leur ville. Ainsi, dans le cadre de sa communication régulière auprès des jeunes, afin de les sensibiliser aux avantages d’acheter sur marchés, l'association des marchés de gros et de détail allemands GFI a édité un petit récit pour les enfants, livre distribué gratuitement sur les marchés allemands. “Nous allons au marché” raconte ainsi l’histoire de Tom et Linda, faisant les courses au marché avec leurs parents et passent d’étal en étal.

Le pain tout chaud, la viande bio “dont on sait d’où elle vient”... La mise en scène est alléchante. Mais ce sont les fruits et légumes qui ont la part belle avec 4 doubles pages illustrées. Fraîcheur des produits récoltés la veille par Félix, le maraîcher détaillant, le goût des tomates, saisonnalité, les produits qui viennent de loin -banane, kiwi- grâce au marché de gros, la diversité des variétés de pommes de terre en fonction de leur usage culinaire… Et le plaisir d’un dessert aux fruits -ici fromage blanc et fruits rouges plutôt qu’un gâteau.