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Agriculture périurbaine : ces villes qui ouvrent de nouveaux champs

Plusieurs villes et agglomérations veulent accompagner un développement agricole de proximité essentiellement maraîcher et soutenir l’agriculture locale. Certaines au travers de « quartiers fertiles », d’autres via une régie agricole, d’autres encore par l’implication dans des groupements collectifs.

Quatre ans après leur lancement officiel par le gouvernement, les quartiers fertiles se déploient, chacun à leur rythme, sur l’ensemble du territoire. « Le projet de Laval, en Mayenne, est un des plus importants, en termes de superficie, avec celui de Joigny, dans l’Yonne », présente Nicolas Le Roux, responsable du pôle Ville productive et créative à l’Anru, agence nationale de rénovation urbaine.

« Il englobe presque toutes les problématiques. En effet, sur dix-huit hectares, sur des terres non polluées, avec une biodiversité très satisfaisante, de la récupération d’eau de pluie, et avec une grande concertation des habitants, le projet suit sa feuille de route. Il s’inscrit dans la vague d’appels à projets des “quartiers fertiles”, abondés par des fonds publics (1) et lancés en janvier 2021. Nous avons reçu près de 150 dossiers et 98 lauréats ont été désignés, sur l’ensemble du territoire, avec plusieurs villes, agglomérations, communautés de communes », précise-t-il.

Une dynamique dans des quartiers prioritaires

En périphérie de Laval, quartier Saint-Nicolas berceau de la future ferme, le projet prend sa place comme une des pièces d’un grand puzzle qui se dessine, dans ce quartier prioritaire où résident 6 000 personnes. Le projet de ferme vient se greffer au projet politique ambitieux des élus pour ces quartiers. « C’est une dynamique globale qui se joue là, avec le projet “zéro chômeur longue durée” qui se développe en parallèle », témoigne l’élu Patrice Morin, adjoint au maire en charge du logement, de la mixité et la sécurité. « Nous ne sommes pas du tout en concurrence avec l’agriculture traditionnelle, tient à souligner l’élu. Les maires des trente-deux communes rurales sont d’ailleurs derrière nous. Cela ne fait même plus débat », insiste-t-il.

Hervé François, le chef de file du projet à l’agglomération, détaille : « On va écouler 200 tonnes de fruits et légumes d’ici 2030. Un tiers passera par la restauration, et les deux tiers par la vente directe. L’objectif est de créer aussi des ateliers de cuisine, afin de lutter contre la précarité alimentaire. » L’objectif est de créer 25 emplois, à travers la société qui prendra la forme juridique de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) impliquant tous les acteurs concernés. « C’est un projet très fédérateur qui suscite énormément d’intérêt de la part de tous et notamment des habitants du quartier », témoigne l’élu. Dans la même veine mais sur des surfaces plus restreintes, on peut mentionner des projets portés par les villes de Vierzon (Cher), Blois (Loir-et-Cher) ou Périgueux (Dordogne).

Des régies agricoles et communales se créent

Agriculture périurbaine : ces villes qui ouvrent de nouveaux champs

Avec le souhait de fournir une alimentation locale et de qualité aux citoyens, plusieurs communes ont par ailleurs innové en créant une régie communale agricole. Mouans-Sartoux, dans les Alpes-Maritimes, est considérée comme la pionnière en la matière. Avec plus de 9 000 habitants, la municipalité a décidé, dès 2010, de fournir une alimentation bio et locale aux élèves des cantines scolaires. « Aujourd’hui, la régie embauche trois agents et permet de produire 25 tonnes de légumes bio par an qui alimentent à 85 % les cantines des trois écoles ainsi que les crèches, soit l’équivalent de 1 000 repas servis par jour », détaille Gilles Pérole, adjoint à l’enfance et qui porte ces thématiques au sein de l’Association des maires de France (AMF).

« Ce n’est qu’une affaire de volonté politique », affirme l’élu. Plusieurs autres municipalités ont sauté le pas comme Vannes dans le Morbihan qui a aussi créé sa propre régie communale en maraîchage bio. À la crèche Paul-Vaillant-Couturier de Villejuif, dans le Val-de-Marne, en première et dense couronne parisienne les enfants dégustent maintenant les légumes de la ferme municipale. Située à plus de 100 kilomètres, à Tannerre-en-Puisaye, dans l’Yonne, cette exploitation maraîchère de 14 hectares est devenue propriété de la mairie, en 2020. « On réconcilie l'urbain et l'agricole », insiste le maire Pierre Garzon très fier de cette acquisition.

Lorient Agglomération sanctuarise son foncier

D’autres agglomérations veulent accompagner le monde agricole en préservant le foncier. « Nous aurons figé 8 000 hectares de surfaces agricoles et espaces naturels dans les vingt ans qui viennent sur l’agglomération de Lorient », explique Pascal Tocquer, chargé de mission agriculture et alimentation. L’agglomération morbihannaise fait partie des pionnières sur les sujets, depuis une trentaine d’années et a d’ailleurs intégré les espaces agricoles dans ses documents d’urbanisme (Scot, PLU), dès 2015. « Les espaces agricoles ont longtemps été considérés comme une réserve foncière au profit de l’urbanisation », témoigne le responsable qui travaille en étroite collaboration avec la chambre d’agriculture.

« En 2021, nous avons aussi rédigé une charte de l’agriculture, avec les organisations agricoles. » L’agglomération travaille par ailleurs à l’organisation des circuits de proximité et l’achat de produits locaux pour ses cantines. « Nous octroyons aussi des aides financières à l’installation de 6 000 euros – en plus de dotation jeunes agriculteurs (DJA) – et des aides à la certification bio. » L’agglomération accompagne par ailleurs cédants et porteurs de projet et développe des espaces tests agricoles. Tout ceci en concertation avec les acteurs professionnels du territoire.

« La signature d’une convention avec la Safer prévoit l’achat de terres afin de créer des réserves foncières agricoles », Laurent Duval, Lorient Agglomération

(1) Programmes d’investissement d’avenir (PIA), la Banque des territoires, le ministère de l’Agriculture et l’Ademe. 34 millions d’euros de subventions pour financer études, ingénierie, animation, construction, entretien. Soutiens et accompagnement par l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru).

Agglomération de Laval

100 lauréats membre du réseau de « quartiers fertiles » soutenus par l’Anru, avec 10 ha de production, au cœur d’un quartier de 8 000 habitants, projet de nourrir 1 000 habitants ;

200 t d’aliments produits, avec 100 espèces de légumes cultivés ;

25 emplois ouverts à partir d’activités d’agriculture biologique, agroforesterie, permaculture, écopâturage. Une biodiversité préservée, avec implantation de ruches.

Soutenir l’installation d’agriculteurs

Agriculture périurbaine : ces villes qui ouvrent de nouveaux champs

Les projets alimentaires territoriaux (PAT) ont pour objectif de relocaliser l’agriculture et l’alimentation dans les territoires en soutenant l’installation d’agriculteurs, les circuits courts ou les produits locaux dans les cantines. Issus de la loi d’avenir pour l’agriculture qui encourage leur développement depuis 2014, ils sont élaborés de manière collective à l’initiative des acteurs d’un territoire. Près de 460 projets alimentaires territoriaux ont déjà vu le jour sur l’ensemble du territoire, dont au moins un PAT par département. Les 64 lauréats du dernier appel à projets soutenu financièrement par le ministère de l’Agriculture (3,3 millions d’euros), par l’Agence de la transition écologique (1 million d’euros), et par le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités (540 000 euros) ont été dévoilés au dernier Salon international de l’agriculture.

« Pour relocaliser 10 % de la consommation de légumes frais autour de villes comme Pau, il faudrait créer sur le territoire 50 à 100 fermes maraîchères de 2 ha ».

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