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Achats phytosanitaires : au plus près des besoins

Conseil, réactivité, proximité avec des prix au plus juste : les exigences des producteurs de fruits et légumes pour leurs approvisionnements en intrants phytosanitaires sont à la hauteur de leurs objectifs de qualité et de rentabilité. Les distributeurs adaptent leur offre pour être au plus près de leurs attentes…

Bien acheter ses intrants phytosanitaires dépend avant tout du profil de chaque producteur. Les choix d’approvisionnement seront nécessairement très différents selon la taille de l’exploitation, les cultures et les stratégies de protection, l’appartenance ou non à une organisation de producteurs, le besoin de suivi ou de conseil...

Le distributeur est l’interlocuteur privilégié

Pour tous les producteurs qui ne font pas partie d’une OP négociant les achats, c’est souvent un approvisionnement de proximité et régulier qui est recherché avec un rôle majeur pour le distributeur. « En maraîchage, souligne Vincent Baills, de la société Omag, négoce dans le Sud-est de la France, les démarches sont la plupart du temps individuelles avec des volumes de plus en plus faibles pour les produits phytosanitaires et de plus en plus importants pour les solutions alternatives pour lesquelles nous devons proposer un conseil très pointu et ajuster notre logistique. Les auxiliaires, par exemple, très utilisés dans des productions comme la tomate, l’aubergine ou encore la fraise, nécessitent à la fois une anticipation dans la commande et une proximité au moment des applications ». Le distributeur apparaît alors comme un interlocuteur privilégié même si les producteurs travaillent souvent avec plusieurs d’entre eux pour des raisons de disponibilité mais aussi pour les mettre en concurrence. « Mais ce qui compte avant tout pour le producteur, c’est le bon produit au bon moment », ajoute Vincent Baills. « Notre rôle est multiple, observe Pierre Hesse du groupe Compas en Champagne. Les maraîchers que nous suivons représentent 15 à 20 cultures, ils ont besoin d’informations sur les produits, les évolutions réglementaires et ils ne veulent pas gérer de stocks sur des produits qui représentent souvent à peine 1 % de leurs achats globaux ».

Acheter au fur et à mesure des besoins

L’accompagnement technique, la disponibilité et la proximité apparaissent en effet comme des critères majeurs de choix pour les producteurs. Ce que confirme Jean-Luc Valleix, technicien chez Terres du Sud, « les producteurs de légumes sous serre que nous suivons sont très demandeurs d’informations sur les nouveautés, en particulier dans le domaine du biocontrôle qui se développe fortement. Notre engagement est à la fois de les accompagner dans ces évolutions techniques tout en tenant à disposition dans nos points de vente tous les produits dont ils peuvent avoir besoin pour protéger leurs légumes ». En arboriculture, les volumes sont plus importants et l’achat de morte saison historiquement plus conséquent, « de l’ordre de 60 % il y a 10 ans contre 30 % aujourd’hui », selon Vincent Baills. Car les achats en saison se développent à la fois pour être au plus près des besoins en fonction des observations mais aussi pour limiter le stockage des produits sur les exploitations. « L’achat en morte saison sur des volumes occulte une partie de l’approche service liée au produit. La recherche de prix plus attractifs ne doit pas faire oublier que pour 1 kg de pommes dont le coût de production est de 35 centimes d’euros, 4 centimes sont consacrés aux intrants, y compris les engrais. On comprend alors que la priorité des exploitants soit avant tout la disponibilité du produit au bon moment pour garantir une production de qualité pour le consommateur », précise Vincent Baills. « Les achats en morte saison sont aussi liés à la trésorerie de l’exploitation », selon un technicien de terrain dans le Sud-est de la France. Et de ce point de vue également, la tendance va plutôt vers des achats en saison.

Anticiper la campagne et les achats avec son organisation de producteurs

En revanche, pour les exploitants qui font partie d’une organisation de producteurs, la démarche d’achats en morte saison prend toute son importance. « Cela représente 80 % de nos achats, souligne un responsable technique d’une organisation de producteurs de pommes dans le Sud-ouest. Les achats se font après une réunion technique qui définit une politique de protection claire avec appels d’offres auprès de plusieurs structures de distributeurs dans toute la région. Et plus que les prix, nos producteurs négocient des délais de paiement car ils n’ont pas toujours la trésorerie pour payer leurs achats anticipés ».

Certains groupements de producteurs répartissent parfois leurs achats vers plusieurs distributeurs avec, à la clef, des négociations tarifaires car ils ne veulent pas financer un conseil qu’ils offrent eux-mêmes à leurs adhérents. « En revanche, sur des problématiques comme les usages mineurs ou encore les dérogations 120 jours, le distributeur retrouve à nouveau tout son rôle de conseil, réactivité et disponibilité des produits », explique Jean-Robert Roos, expert technique chez DuPont.

Achats à l’étranger, des règles à respecter

« Les achats à l’étranger représentent 15 à 20 % des approvisionnements en produits phytosanitairess dans notre région pour un différentiel de prix de 10 à 15 % . Mais la plupart du temps ces importations sont illégales avec des risques pour toute la filière tant sur le plan de l’environnement que sur le plan de la santé », observe Vincent Baills. En effet, si l’importation de produits phytosanitaires est autorisée, elle est très réglementée. Les producteurs doivent notamment vérifier que le produit importé est autorisé en France et doivent déclarer au préalable au préfet l’introduction de produits pour usage personnel et déclarer par la suite la liste des produits achetés. Ils sont également tenus de s’acquitter de la redevance pour pollutions diffuses. Autant de démarches et réglementations malheureusement oubliées dans la majeure partie des transactions effectuées par des producteurs en recherche de prix avant tout. Fort heureusement, avec la multiplication des contrôles, la tendance des importations frauduleuses est à la baisse. L’achat et l’utilisation de produits phytosanitaires non autorisés exposent les professionnels à des sanctions allant jusqu’à sept ans d’emprisonnement et 750 000 euros d’amende. A méditer pour ceux qui seraient tentés de passer la frontière en oubliant la réglementation !

EN PRATIQUE

Assurez-vous que le distributeur auprès duquel vous vous approvisionnez est agréé. La liste officielle est consultable sur : http://e-agre.agriculture.gouv.fr

Vérifiez les informations figurant sur l’étiquette du produit. A chaque spécialité commerciale correspond un numéro d’autorisation de mise en marché (AMM) qui figure sur l’emballage. Elle autorise son usage pour un type de culture, un type de parasite, de maladie ou d’adventice, une dose d’emploi et des conditions d’application.

Pensez à éliminer les emballages usés portant le pictogramme Adivalor via les distributeurs partenaires de la filière Adivalor.

AVIS D'EXPERT

YANNICK LECHAT, producteur de légumes sous serre sur 3,5 ha (44)

Un approvisionnement très technique en fonction des besoins

« Je cultive des légumes sous serre (tomates, concombres notamment) et je fais partie d’une coopérative où nous avons des groupes de travail pour la maîtrise des applications des solutions conventionnelles et la recherche de solutions alternatives. Si nous partageons les informations et sommes en contact avec plusieurs fournisseurs, l’approvisionnement reste individuel en fonction des besoins. Sur toutes ces questions, le Comité départemental de développement en maraîchage nous accompagne. Dans la mesure où nous sommes en production biologique intégrée, les intrants phytosanitaires sont peu importants. Les quantités sont souvent faibles mais l’approvisionnement est très technique et nécessite à la fois des conseils avisés et une logistique adaptée du distributeur local et/ou du fournisseur d’auxiliaires ».

AVIS D'EXPERT

MARTIN DELVOLVÉ, producteur de pommes sur 32 ha (82)

Des achats groupés en morte saison

« La stratégie phytosanitaire de l’organisation de producteurs dont je fais partie est préparée en début de chaque année et fait l’objet d’appels d’offres auprès de plusieurs distributeurs. Le marché est donné au plus offrant, les achats se font majoritairement en morte saison avec une livraison des produits fin février sauf pour les diffuseurs pour la confusion sexuelle qui sont livrés au dernier moment. Cette stratégie nous permet à la fois d’avoir des prix très compétitifs. Les intrants phytosanitaires représentent environ 10 % de notre coût de production, c’est à la fois peu (comparé au coût de la main-d’oeuvre) et beaucoup au regard du risque si la protection de nos vergers n’est pas assurée. Un approvisionnement en morte saison permet d’être plus serein ».

AVIS D'EXPERT

JACQUES HILAIRE, 15 ha de vergers et 25 ha de vigne (84)

Un approvisionnement de proximité

« Je suis en agriculture raisonnée et j’interviens donc en fonction de la pression parasitaire. Je m’approvisionne au plus près — ma coopérative d’approvisionnement est à trois minutes en voiture — et pour l’essentiel en saison ce qui m’évite d’avoir des stocks. Je bénéficie par ailleurs des conseils du technicien de la coopérative en particulier sur les nouvelles problématiques que nous avons à gérer, comme la mouche sur cerises. La proximité et le conseil sont deux valeurs sûres pour mon organisation ».

Un objectif de CEPP proportionnel aux ventes réalisées entre 2011 et 2015

La mise en place des CEPP (Certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques), mesure phare du plan Ecophyto II, pourrait faire renforcer les relations entre les producteurs et leur distributeur. En effet, chaque distributeur se verra attribuer un objectif de CEPP à atteindre en 2021 proportionnel aux ventes réalisées entre 2011 et 2015. Pour obtenir ces CEPP, les distributeurs devront accompagner les agriculteurs dans la mise en oeuvre de fiches action (en cours de validation) visant à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires. A la fin de l’expérimentation, les distributeurs devront détenir un nombre de CEPP au moins égal à 20 % de leurs ventes de référence et chaque certificat manquant fera l’objet d’une pénalité forfaitaire. Si des pénalités venaient à s’appliquer, certains distributeurs craignent que cela ne soit répercuté sur le prix de vente des produits phytosanitaires. Et d’autres rappellent que cette nouvelle réglementation franco-française pourrait conduire à une réduction des solutions techniques. A suivre !

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