Fourrages : le trèfle violet, une légumineuse à reconsidérer pour vos vaches laitières
Cultivé en pur ou associé, le trèfle violet fournit en quantité un fourrage de bonne valeur alimentaire. Il s’intègre aussi en prairie multi-espèce destinée au pâturage.
Cultivé en pur ou associé, le trèfle violet fournit en quantité un fourrage de bonne valeur alimentaire. Il s’intègre aussi en prairie multi-espèce destinée au pâturage.
Certes, le trèfle violet est moins pérenne que la luzerne. Comptez deux à trois ans face à cinq ans pour sa concurrente. Mais il a bien d’autres atouts. Il supporte tout type de sol et résiste aux conditions humides et au pH acide. Là où la luzerne est limitée.
« Il est vraiment intéressant en parcelle hydromorphe », conseille Bruno Osson, chez Semae. « Le trèfle violet pourrait retrouver toute sa légitimité dans des secteurs pluvieux comme l’Ouest ou la Bretagne », complète Patrice Pierre, de l’Idele. Moins tolérant à la sécheresse que la luzerne, il s’est pourtant bien accommodé des fortes températures de l’été 2022, selon les deux experts.
D’installation facile et rapide, il étouffe les adventices. « S’il en subsiste, elles disparaîtront avec la première coupe », rassure Bruno Osson. L’effet nettoyant se constate aussi sur le long terme grâce aux fauches successives qui épuisent les vivaces. Comme toute légumineuse, le trèfle violet restitue de l’azote à la culture suivante. Son système racinaire profond et pivotant améliore la structure et la fertilité du sol. « C’est un bon précédent dans la rotation, devant un blé ou un maïs après une première coupe. »
Associé idéalement au ray-grass hybride en fauche
Doté d’une forte capacité de production, le trèfle violet associé à une graminée permet de constituer des stocks importants d’un fourrage de qualité pour les systèmes peu ou pas pâturants. L’idéal étant le ray-grass hybride, de même durée de vie et agressif à l’implantation. Les deux espèces se récoltent facilement en ensilage ou enrubannage. Ils sont complémentaires en valeur alimentaire et en calendrier de pousse. Le RGH démarre tôt au printemps garantissant une production précoce en première coupe. La deuxième coupe est équilibrée, tout comme celle d’automne. La fauche d’été est dominée par la légumineuse.
En prairie multi-espèce pour le pâturage
Dans les systèmes pâturants, le trèfle violet trouve sa place en prairie multi-espèces. Agressif à l’implantation, il occupe l’espace le temps que le trèfle blanc s’installe, suivi des légumineuses d’été, luzerne et lotier. « L’idée est de renforcer la contribution des légumineuses dans le mélange avec une installation rapide », confirme Patrice Pierre.
La dose sera limitée à 5 kg/ha pour une valorisation en fauche et à 3 kg/ha pour un usage en pâturage à cause du risque de météorisation. Ce risque disparaît si on affourage en vert mais aussi après floraison. Laisser vieillir la prairie après les deux premières fauches constitue un report sur pied intéressant pour le pâturage estival. « Après 50 à 60 jours de repousse, les vaches peuvent pâturer. Le trèfle vieilli tamponne la perte de valeur du mélange due à la graminée. »
En pur pour les sols humides
Le trèfle violet est peu cultivé en pur sauf pour exploiter les sols humides. Dans ce cas, il est ensilé, enrubanné ou distribué en affouragement en vert. Le pâturage est exclu. Le Geves(1) indique un potentiel moyen de 14 tMS/ha dans des conditions optimales. Riche en eau, sa récolte est délicate, surtout à l’automne. « Il faut un préfanage suffisant pour sécher le couvert sans trop brasser les andains pour ne pas perdre les feuilles. » Contrairement à la luzerne, la teneur élevée en sucre permet de se passer de conservateur dans l’ensilage.
Une implantation idéale au printemps
Comme pour toute légumineuse, les conditions d’installation du trèfle violet sont idéales au printemps. Les petites graines (poids de mille grains PMG de 1,86 g) nécessitent une terre fine sur 6-7 cm et un sol rappuyé en profondeur. Le semis en surface sera précédé et suivi d’un roulage. En association, la graminée est souvent semée avec un semoir à céréales et le trèfle à la volée. Aucune solution n’étant autorisée contre les limaces, « il faut donc prendre la nature de vitesse en semant dans des conditions optimales de température et humidité », conseille Bruno Osson.
Sous couvert à l’automne ou à la volée dans une céréale avant moisson
Un semis peut également s’envisager en septembre. Cela dit, les conditions encore estivales obligent souvent à décaler la mise en place début octobre. Une alternative est d’implanter la prairie multi-espèce sous couvert d’un mélange céréales-protéagineux durant la première décade d’octobre en semis simultané. Une fois le mélange récolté, la prairie est parfaitement implantée. « Cette technique se répand dans le Grand Ouest », livre Patrice Pierre.
Autre piste : semer le trèfle violet à la volée dans une céréale avant récolte. Le trèfle s’installe doucement puis explose après moisson. Une première coupe est possible dès août. Grâce à une levée rapide et agressive, la légumineuse a une bonne aptitude au sursemis.
Un faible besoin en fertilisant
Question fertilisation, le trèfle violet est autonome en azote. Seul un apport de 150 à 200 unités de potasse par hectare est nécessaire à l’implantation. Ensuite les effluents d’élevage épandus avant l’hiver suffisent à couvrir les besoins. Les exportations sont de 28 unités de potasse/t]]>MS et de 5 à 8 unités de phosphore/t]]>MS.
À retenir
Le trèfle violet est très appétent pour les vaches laitières. Riche en azote et en énergie (150 à 180 gMAT/kgMS et 0,80 à 0,90 UFL en ensilage et enrubannage) et affichant des valeurs PDI légèrement supérieures à la luzerne, c’est un bon complément azoté dans une ration à base de maïs. À intégrer en tenant compte des valeurs à l’analyse. Un ensilage de TV-RGH peut servir de ration unique pour des génisses. Pour stocker un fourrage de qualité, il faudra faucher au bon moment (stade bourgeonnement), écourter le délai entre la fauche et la mise en silo pour ne pas perdre de valeur, et ensiler à environ 30 % de matière sèche.
Le saviez-vous ?
À ce jour, 30 variétés de trèfle violet sont inscrites au catalogue officiel. Neuf critères variétaux sont à considérer pour réussir son choix : la date de départ en végétation, la date de début floraison, la productivité en 1re coupe, celle de printemps (1re et 2e coupes), celle d’été et d’automne, la productivité annuelle, la résistance à la verse et à l’oidium et la pérennité. Depuis deux ans, les variétés sont notées dans le Herbe-book, en fonction de leur prédisposition : usage en fauche ou mixte (fauche et pâturage).