Forte progression des résultats technico-économiques des élevages de porc en dix ans
Selon les données de GTE et de GTTT à nouveau diffusées par l’Ifip, les performances techniques des élevages français ont fait un bond en dix ans, notamment en termes de productivité et d’indices de consommation.
Selon les données de GTE et de GTTT à nouveau diffusées par l’Ifip, les performances techniques des élevages français ont fait un bond en dix ans, notamment en termes de productivité et d’indices de consommation.
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Les résultats techniques mesurés par la GTE ont fortement progressé depuis dix ans chez les naisseurs-engraisseurs. Avec 25,3 porcs produits par truie présente par an en 2023 (+ 12 % en dix ans) et des porcs charcutiers de plus de 121 kg vifs à l’abattage, une truie produit désormais pratiquement 3 000 kg vifs par an en moyenne, soit une amélioration de 16 % en dix ans. Cette amélioration de la productivité annuelle est directement liée au gain de productivité des truies au sevrage.
Écart de marge attendu pour un écart de résultat technique | ||
Pour une amélioration de | L'écart de marge attendu est de | |
Euro par truie et par an | Euro par porc produit | |
+ 0,5 porcelet sevré/portée | 104 | 3,8 |
- 0,1 IC en postsevrage | 30 | 1,1 |
- 1 % de pertes en postsevrage | 28 | 1,1 |
- 0,1 IC en engraissement | 83 | 3,2 |
- 1 % de pertes en engraissement | 34 | 1,3 |
- 5 €/tonne d'aliment (tous aliments) | 44 | 1,7 |
+ 1 point de TMP | 29 | 1,1 |
+ 5 points dans la gamme | 20 | 0,8 |
Contexte économique 2023. Source : Ifip d'après GT Porc, outil GT-Direct |
Sur la même période, les références de GTTT affichent 13,2 porcelets sevrés par portée, soit + 1,6 porcelet sevré en dix ans. Pour les naisseurs-engraisseurs, la productivité est néanmoins freinée par les pertes survenant entre le sevrage et la vente, dont le taux a augmenté légèrement chaque année, pour atteindre 6,4 % en 2023. C’est en post-sevrage que les pertes ont le plus augmenté (+ 17 %). Cette dégradation peut s’expliquer par la hausse de la prolificité des truies, entraînant une plus forte proportion de porcelets plus légers au sevrage et des cases plus chargées en post-sevrage. Par ailleurs, l’interdiction d’usage des traitements antibiotiques préventifs depuis janvier 2022 a pu contribuer à augmenter les pertes dans certains élevages. En engraissement, les niveaux de pertes sont maîtrisés et se réduisent doucement pour atteindre 3,5 % en 2023.
Évolution des performances techniques GTE des naisseurs-engraisseurs en dix ans | |||
Naisseurs-engraisseurs | 2014 | 2023 | Évolution |
Nombre d'élevages | 1 748 | 1 140 | - 35 % |
Nombre de truies présentes | 220 | 269 | + 22 % |
Résultats globaux | 2014 | 2023 | Évolution |
Nombre de porcs produits/truie prés./an | 22,5 | 25,3 | + 12 % |
Nombre de kg vifs produits/truie prés./an | 2 576 | 2 997 | + 16 % |
Consommation aliment/truie prés./an | 1 207 | 1 244 | + 3 % |
IC économique global, kg/kg | 2,85 | 2,76 | - 3 % |
Résultats sevrage-vente | 2014 | 2023 | Évolution |
Poids d'entrée/poids de sortie, kg | 7,1/118,1 | 6,8/121,4 | - 4 %/+3 % |
Taux de pertes et saisie, % | 6,0 | 6,4 | + 7% |
en PS | 2,4 | 2,8 | + 17 % |
en ENG | 3,7 | 3,5 | - 5 % |
IC technique 8-115 kg, kg/kg | 2,51 | 2,43 | - 3 % |
IC 8-30 kg (PS) | 1,69 | 1,70 | + 1 % |
IC 30-115 kg (ENG) | 2,73 | 2,64 | - 3 % |
GMQ technique 8-115 kg, g/j | 700 | 719 | + 3 % |
GMQ 8-30 kg (PS) | 475 | 473 | - 0 % |
GMQ 30-115 kg (ENG) | 807 | 842 | + 4 % |
TMP | 60,8 | 61,2 | + 1 % |
% gamme | 85,1 | 83,3 | - 2 % |
Source : Ifip GTE GT-Porc |
Meilleure efficacité alimentaire des mâles entiers
L’efficacité alimentaire des animaux s’est largement améliorée ces dix dernières années. L’indice de consommation économique global s’est réduit de 3 %. Il atteint 2,76 kg/kg en 2023. Cette amélioration est très largement liée à de meilleures efficacités alimentaires en engraissement. Si l’indice de consommation (IC) est resté stable en post-sevrage, l’IC technique entre 30 et 115 kg s’est réduit de presque 0,10 point en dix ans, pour atteindre 2,64 kg/kg en 2023. L’augmentation de la part des élevages produisant des mâles entiers dans l’échantillon explique une partie des progrès constatés : elle est passée de 25 % en 2014 à 40 % en 2023. En parallèle, les progrès génétiques, ceux liés à l’alimentation et à la conduite des animaux, contribuent aussi à réduire les indices de consommation. La croissance s’est également accélérée, avec 35 grammes gagnés par jour en moyenne sur dix ans en engraissement. Cette croissance plus forte peut contribuer à produire des porcs plus lourds, ou bien à augmenter la durée du vide sanitaire en engraissement. Les carcasses plus lourdes en 2023 sont aussi plus maigres, avec un TMP moyen de 61,2 points, améliorant la plus-value technique alors que le pourcentage dans la gamme peine à progresser.
Des gains économiques dans un contexte de prix élevés
L’amélioration des résultats techniques depuis dix ans (+ 12 % pour la productivité et + 3 % pour l’IC global), associée à un prix du porc élevé en 2023, permet aux éleveurs de dégager en moyenne une marge sur coût alimentaire et renouvellement mesurée par la GTE confortable, malgré un prix de l’aliment toujours élevé. Les niveaux de performances économiques atteints en 2023 sont d’un très bon niveau. Mais ils correspondent à des résultats moyens, qui traduisent donc toujours des marges d’amélioration possibles. En comparant le groupe des élevages du tiers supérieur, présentant la marge la plus élevée, au groupe du tiers inférieur, l’écart de marge observé s’explique à plus de 64 % par les écarts de performances techniques entre ces deux groupes.

Dans le contexte économique exceptionnel de 2023, l’amélioration des critères techniques est d’autant plus synonyme de gain de marge important. Une amélioration de 0,5 porcelet sevré par portée laisse espérer un gain de marge de + 104 euros par truie présente et par an. Une réduction de l’IC en engraissement de 0,1 point permet de gagner 83 euros de marge. Si on se place dans un contexte économique moyen correspondant aux dix dernières années, et que l’on compare un élevage dont les performances techniques seraient celles de 2014 à un élevage avec les performances de 2023, l’écart de marge obtenu s’élève à 317 euros par truie présente. Mais la marge GTE ne fait pas tout : l’ensemble des charges restant à payer par l’éleveur au-delà de l’aliment et du renouvellement a fortement augmenté en dix ans. Les dépenses de santé, l’eau, l’énergie, le bâtiment ou encore le coût du travail sont autant de postes qui impactent le revenu de l’éleveur. Aussi, l’amélioration continue des performances est essentielle pour permettre aux éleveurs de dégager un revenu correct et de maintenir leur activité.
Alexia Aubry, alexia.aubry@ifip.asso.fr
Le saviez-vous ?
Les références GTTT (Gestion technique des troupeaux de truies) et les résultats techniques issus des références GTE (Gestion technico-économique) peuvent de nouveau être diffusés. Ces indicateurs techniques tant attendus permettent de connaître le niveau de performances des élevages français aujourd’hui, et aussi d’apprécier leur évolution depuis dix ans !
Les résultats calculés pour l’année 2023 sont accessibles dans la revue Le porc par les chiffres :
et sur le site internet de l’Ifip :
Repères
Le dispositif de références connaît une baisse régulière du nombre d’élevages suivis et une hausse de la taille moyenne des cheptels. Ces tendances sont en cohérence avec l’évolution de la production porcine sur le territoire français ces dernières années. Néanmoins les données des élevages suivis en gestion technique des troupeaux de truies (GTTT) et en gestion technico-économique (GTE), apportées par dix-neuf organisations de producteurs, demeurent représentatives de la situation française. En 2023, avec respectivement 1 410 et 1 238 élevages avec truies référencées, ces échantillons représentent 49 % et 42 % des truies présentes en France.