Fertilisation et oligoéléments : des carences rectifiables rapidement sur les céréales
Les céréales à paille et le maïs peuvent être sujets à des carences en manganèse, en cuivre ou en zinc localement, comme sur les terres sableuses des Landes ou du Grand Ouest. Présentation des situations et remèdes.
Les céréales à paille et le maïs peuvent être sujets à des carences en manganèse, en cuivre ou en zinc localement, comme sur les terres sableuses des Landes ou du Grand Ouest. Présentation des situations et remèdes.
![La carence en manganèse sur céréale s'exprime dans les bandes où le sol est très aéré, mal rappuyé, entre les trains de roue par exemple.](https://medias.reussir.fr/grandes-cultures/styles/normal_size/azblob/2023-06/_RGC376_DOSS_CEREALESMAIS_NIV1_01.JPG.webp?itok=advgGgZ6)
La mise en culture de terres autrefois dévolues à la forêt ne s’est pas faite sans accroc, notamment dans les sols pauvres en éléments. À l’instar des sols sableux de Haute Lande qui montrent un pH acide et retiennent peu les éléments à cause de la quasi-absence de complexe argilo-humique. « Le cuivre est un des éléments particulièrement manquant, ce qui bloque le rendement des cultures après la défriche des parcelles », présente Justine Sourisseau, directrice du GRCeta des sols forestiers d’Aquitaine.
Grâce à des apports réguliers depuis des dizaines d’années bien intégrés dans les pratiques agricoles, la carence en cuivre est devenue rare. Elle peut encore survenir dans les situations à forte teneur en matière organique. Le cuivre est très surveillé dans les analyses de sol.
Ces dernières sont très importantes en Haute Lande. « Nous avons régulièrement besoin de références en termes de pH, de matière organique, de carbonates, de divers oligoéléments dont le cuivre notamment et d’autres éléments nutritifs car ils peuvent évoluer très vite. En cinq ans, un pH peut baisser d’1,5 dans nos sols, décrit Justine Sourisseau. Sur les mêmes parcelles, une analyse de sol est indispensable tous les deux à trois ans, d’autant que nous avons des cultures légumières à forte valeur ajoutée dans notre secteur, en plus du maïs. » Les analyses de terre permettent de piloter avec précision la fertilisation.
« La carence en manganèse est plus fréquente que celle en cuivre dorénavant, observe Justine Sourisseau. Elle est souvent provoquée par des pH qui ont été exagérément augmentés, des sols soufflés, des printemps frais. Le maïs et nombre de cultures légumières y sont sensibles. »
Sur maïs, la carence se manifeste par un cornet qui s’éclaircit, des décolorations entre les nervures, des zébrures dans le sens de la longueur des feuilles, un aspect jaune clair sur les feuilles du haut. « Heureusement, c’est une carence assez réversible. Les apports de solutions liquides en foliaire permettent de bien la redresser pour un coût modique de l’ordre de 5 à 6 euros de l’hectare. Il faut malgré tout réagir vite car les jeunes feuilles font l’activité photosynthétique et donc le rendement. »
Les sols sableux ont fait l’objet de chaulages réguliers pour en relever le pH. « On a pu parfois assister à du sur-chaulage avec des sols réagissant trop vite à cause de produits mal adaptés, signale la spécialiste du GRCeta. Cela peut entraîner un blocage du zinc, pour lequel le maïs est assez exigeant. C’est arrivé, par exemple, après l’épandage de fientes de poules riches en calcium CaO. » Le zinc peut être apporté via une application foliaire.
Christine Lesouder, d’Arvalis, rappelle qu’il existe une interaction négative entre le zinc et le phosphore. « Une carence en zinc peut survenir après un apport excessif de phosphore. Mais c’est beaucoup moins le cas maintenant avec une fertilisation phosphatée raisonnée. Nous relevons beaucoup moins cette carence sur maïs qu’il y a vingt ans. »
« Dans le Grand Ouest (Bretagne, Pays de la Loire et l’ex Basse-Normandie), les carences en manganèse sur céréales à paille deviennent plus fréquentes », selon Éric Masson, ingénieur régional Arvalis. Les situations de sols sur granit avec de fortes teneurs en sable et en matière organique pèsent fortement sur ce risque. « Les pH élevés conditionnent également l’apparition de cette carence. Or, ils augmentent d’année en année dans une région comme la Bretagne », constate-t-il.
Selon Christine Lesouder, l’objectif de pH sur les sols bretons doit être entre 6 et 6,5. « Nous avons des situations où les pH ont été amenés à 6,8 : c’est surévalué. Or, la carence en manganèse est la plus préjudiciable de toutes les carences en oligoéléments sur céréales. Mais quand elle se manifeste, on peut encore la corriger. »
Des apports foliaires en deux ou trois passages à raison de 500 mg/ha de l’élément permettent de rétablir complètement la situation si la première application a lieu dès l’apparition des symptômes en janvier ou février. Des variétés se montrent plus sensibles que d’autres aux carences en manganèse mais aucun classement robuste sur ce caractère n’a été établi à ce jour.