Face au changement climatique, les politiques agricoles doivent plus soutenir l’innovation, selon l’OCDE
Le soutien à l’agriculture devrait davantage s’orienter vers l’aide aux agriculteurs pour s’adapter au changement climatique, grâce notamment à l’innovation, plutôt que le soutien de systèmes agricoles existants, selon un récent rapport de l’OCDE.
Le soutien à l’agriculture devrait davantage s’orienter vers l’aide aux agriculteurs pour s’adapter au changement climatique, grâce notamment à l’innovation, plutôt que le soutien de systèmes agricoles existants, selon un récent rapport de l’OCDE.
851 milliards de dollars : un niveau record du soutien à l’agriculture
Le soutien total à l’agriculture a atteint le niveau record de 851 milliards de dollars américains par an au cours de la période 2020-22, dans 54 pays étudiés, selon le dernier rapport de l’OCDE sur les politiques agricoles.
C’est 2,5 fois le niveau du soutien enregistré il y a vingt ans. Un soutien souvent destiné aux producteurs et aux consommateurs qui ne favorise pas assez l’adaptation des agriculteurs au changement climatique et la réduction de leurs émissions, selon l’OCDE.
L’aide agricole versée de 2020 à 2022 s’est chiffrée à 851 md USD par an, selon le 🆕 rapport de l’OCDE Politiques agricoles : suivi & évaluation.
Or l’urgence est de réorienter les fonds disponibles vers l’adaptation au #ChangementClimatique.https://t.co/LYWw90hrMp pic.twitter.com/C9D35dwDzA— OCDE (@OCDE_fr) November 1, 2023
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L’Union européenne pèse 13% du soutien à l’agriculture
« Le soutien à l’agriculture reste le fait d’une poignée de grandes économies productrices : avec 36% du total, la Chine a désormais détrôné les grandes économies de l’OCDE qui ont longtemps occupé la première place », souligne le rapport de l’OCDE. Les parts de l’Inde, des Etats-Unis et de l’Union européenne s’élèvent respectivement à 15%, 14% et 13%.
Le rapport souligne aussi que 630 milliards de dollars par an ont été transférés aux producteurs à titre individuel au cours de la période 2020-22 et les consommateurs ont bénéficié d’un soutien de 115 milliards de dollars.
600 mesures d’adaptation agricole au changement climatique
Près de 600 mesures d’adaptation agricole sont recensés dans le rapport de l’OCDE. Dont 61% concernent la planification de l’adaptation, l’investissement dans le renforcement des capacités, la fourniture de services climatologiques et la mise en place de mécanismes financiers et de dispositifs d’assurance.
Pour autant, « des mesures supplémentaires s’imposent pour que l’agriculture s’adapte au changement climatique », estime l’OCDE. « Les pouvoirs publics devraient dépasser le stade de planification et s’atteler de toute urgence à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des mesures d’adaptation », peut-on lire dans le rapport. « Pour préparer l’agriculture à l’apparition de nouveaux risques et à l’exacerbation des situations de vulnérabilité dans l’avenir, il faut des politiques agricoles qui favorisent l’agilité et incitent à s’adapter dans un environnement en mutation », pointe l’OCDE qui regrette que « l’essentiel du soutien renforce les structures de production existantes ».
L’OCDE estime aussi qu’il est urgent que les pays redoublent d’efforts pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’origine agricole, qui représentent 11% des émissions anthropiques mondiales.
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Une baisse des dépenses agricoles consacrées aux services d’intérêt général
Autre regret de l’OCDE : les investissements pour les services d’intérêt général (parmi lesquels la R&D, les services de biosécurité et les infrastructures) se chiffrent à 106 milliards de dollars, soit 12,5 de l’ensemble du soutien à l’agriculture contre une part de 15 à 17% en 2000. Près de la moitié de ce montant a été investi dans les infrastructures, en particulier celles liées à l’irrigation.
La part des dépenses publiques d’innovation rapportées à la taille du secteur agricole, elle, est passée de 0,9% sur la période 2000-02 à 0,6% sur la période 2020-22. « Les pays ont donc manqué une occasion notable de revoir leurs politiques de dépenses. La poursuite des progrès techniques passe par la réalisation d’investissements publics dans l’innovation, complétés par ceux du secteur privé », commente le rapport de l’OCDE.
Autre problématique : la stagnation des dépenses affectées aux systèmes d’inspection et de contrôle alors que les conditions climatiques influent sur la biosécurité.
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Six recommandations de l’OCDE pour des systèmes agricoles durables
Afin de soutenir la transformation des systèmes agricoles et alimentaires vers des modèles plus durables et plus résilients, l’OCDE rappelle ses recommandations formulées en novembre 2022 à savoir :
- Supprimer progressivement les mesures qui entravent l’ajustement de la production telles que le soutien par les prix.
- Focaliser l’action publique dédiée à la gestion des risques agricoles sur l’information, la facilitation et les risques de catastrophe
- Investir dans des interventions ciblées qui accompagnent l’adaptation au changement climatique et la transition du secteur vers des systèmes agricoles et alimentaires plus durables et plus résilients.
- Donner la préférence aux mesures dites « sans regret » qui favorisent la résilience dans des circonstances très diverses.
L’OCDE ajoute deux nouvelles recommandations à savoir :
- Améliorer les systèmes de connaissances et d’innovation agricoles et les focaliser sur une croissance durable de la productivité
- Encourager l’offre de biens publics, pour préserver a biodiversité et la qualité de l’eau, ou encore restaurer les habitats.