Engrais : l’arrêt de production de potasse au Bélarus fait craindre une hausse des prix sur les marchés
En proie à des grèves des ouvriers des mines de potasse, la Biélorussie perd une partie de ses devises. Si la situation perdure, elle pourrait impacter le marché de ce fertilisant. Près de 20 % de la production mondiale de potasse provient du Bélarus.
En proie à des grèves des ouvriers des mines de potasse, la Biélorussie perd une partie de ses devises. Si la situation perdure, elle pourrait impacter le marché de ce fertilisant. Près de 20 % de la production mondiale de potasse provient du Bélarus.
Les mines de potasse fournissent une bonne part des devises de la Biélorussie. Coincé entre des états de l’Union européenne, la Russie à l’Est et l’Ukraine au Sud, la Biélorussie (appelée aussi Bélarus) est dans la tourmente sur le plan politique et social suite aux élections présidentielles contestées du 9 août dernier. « La Biélorussie est un fournisseur important de potasse avec près de 20 % du sourcing mondial en 2019, précise Patrick Loizon, responsable de la Commission économique à l’Afcome(1) et responsable des achats de fertilisants au sein d’Inoxa, regroupement de 21 coopératives et négoces. Si l’on coupe cette ressource pendant longtemps, cela ne peut pas ne pas avoir d’impact sur le marché de la potasse dans le monde. »
Pas de rupture d’approvisionnement jusqu’à présent
Depuis une quinzaine de jours, les mines de potasse ont arrêté leurs productions avec des ouvriers qui se sont mis en grève. Actuellement, la situation n’est pas claire en Biélorussie, entre reprise du travail ou prolongation des grèves. « La Biélorussie a d’importants stocks en produits potassiques lui permettant d’honorer des contrats importants, notamment pour ses deux importants clients, la Chine et l’Inde, remarque Patrick Loizon. Il n’y a pas encore de rupture d’approvisionnement et si les mines redémarrent leurs productions dans dix jours, la grève n’aura été qu’un épiphénomène. Au-delà, il y aura un impact sur le marché si une part importante de la production annuelle de 12 millions de tonnes devait manquer au départ de Biélorussie. » Le spécialiste perçoit alors une réaction en chaîne où un autre important producteur tel le Canada pourrait reprendre la place vacante laissée par le Belarus sur le marché pour approvisionner la Chine et l’Inde. Cela se répercutera par une modification de l’équilibre entre l’offre et la demande et un effet sur les prix. « Le prix de la potasse est au plus bas depuis quelques années mais cela peut bouger dans les quinze jours à trois semaines, » observe Patrick Loizon.
Peu de potasse biélorusse en France mais davantage de solution azotée
Y aura-t-il un impact sur le prix des engrais en France ? « Le Bélarus est une source mineure de potasse pour la France avec seulement 0,012 million de tonne (Mt) de K2O pour une consommation annuelle de 0,4-0,5 Mt. La France se fournit essentiellement auprès de pays de l’UE comme l’Allemagne notamment, précise Lukasz Pasterski, de l’association Fertilizers Europe. En revanche, le Bélarus est devenu un important fournisseur de solution azotée depuis les taxes anti-dumping imposées par l’UE sur les provenances de Russie, des États-Unis et de Trinidad-et-Tobago. L’UE et en particulier la France sont des marchés clés pour ce pays avec 0,4 Mt fournies (la France en consomme 2,2 Mt par an). Mais à notre connaissance, la production de solution azotée n’est pas arrêtée au Bélarus au contraire des produits potassiques. Le Bélarus est aussi un fournisseur non négligeable d’engrais NPK pour certains pays de l’UE mais pas pour la France. » Les yeux restent tournés vers l’Est pour suivre les évènements.
EN CHIFFRES
Belaruskali troisième producteur mondial
- 72 millions de tonnes de potasse produites dans le monde et autant de consommation annuelle
- 3ème producteur mondial : Belaruskali (Biélorussie) fournit près de 20 % de la potasse mondiale
- 25 % de la production a pour origine le Canada et le Nord des USA (sociétés PCS, Canpotex…)
- 6 millions de tonnes proviennent de l’Allemagne (K + S), principal fournisseur intra UE
- 45 % de la demande mondiale vient de l’Asie, principalement de la Chine et l’Inde