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« En distribuant la ration le soir, les bouses sont beaucoup plus homogènes »

Distribuer la ration le soir a eu un impact positif sur le troupeau. Jean-Baptiste Decheppe, éleveur dans le sud de la Meuse, en filière AOP brie de Meaux au lait cru, n’est pas prêt à revenir en arrière. La digestion de ses 160 vaches à 9000 kg de lait est plus régulière et les taux ont augmenté.

Jean-Baptiste Decheppe. "Avant, on distribuait la ration le matin. Le problème, c'est que quand arrivait le soir, non seulement la ration était déconcentrée car les vaches avaient trié toute la journée, et en plus elles n’avaient pas forcément toujours suffisamment à manger durant la nuit. " © DR
Jean-Baptiste Decheppe. "Avant, on distribuait la ration le matin. Le problème, c'est que quand arrivait le soir, non seulement la ration était déconcentrée car les vaches avaient trié toute la journée, et en plus elles n’avaient pas forcément toujours suffisamment à manger durant la nuit. "
© DR

« C’est flagrant. Il y a quelques années, quand on a commencé à distribuer la ration après la traite du soir, on a tout de suite vu une nette évolution des bouses. Elles sont beaucoup devenues plus homogènes que lorsqu’on distribuait la ration complète mélangée le matin et qu’on la repoussait le soir. A cette époque, on observait beaucoup de variations au niveau des bouses au cours d’une même journée. Et quand on les analysait au pHmètre avec Lionel Vivenot de l’Union Laitière de la Meuse, on trouvait de forts écarts. Aujourd’hui, on ne fait même plus ces mesures, les bouses sont nickel. Cette stabilité est le signe d’une digestion elle-même plus homogène.

Distribuer le soir oblige l’un des associés à revenir sur la ferme à 18h. Il faut compter trois quarts d’heure pour préparer la ration mélangée. C’est surtout embêtant l’été, pendant les travaux de culture car cela oblige l’un d’entre nous à revenir à la ferme spécialement pour la distribution. Ca demande plus d’organisation mais on le fait pour les vaches, car on voit bien que ça leur réussit beaucoup mieux. 

Distribuer le soir nous permet de mieux maîtriser les refus

Concrètement, on prépare la ration complète mélangée pour nos 160 laitières en fin de journée. Environ 60 % du volume de la mélangeuse est distribué le soir, le reste n’est distribué que le lendemain matin. Après ce gros repas, les vaches ingèrent une ration fraîche le soir et se couchent la panse pleine. Elles digèrent tranquillement la nuit. Le matin, il reste juste un petit cordon à repousser qu’elles finissent avant la traite. Puis, après la traite, elles reçoivent le reste de la mélangeuse préparée la veille. Elles bénéficient ainsi d’un second « effet de frais » avec une ration équilibrée. Alors qu’avant, quand arrivait le soir, non seulement la ration était déconcentrée car les vaches avaient trié toute la journée, et en plus elles n’avaient pas forcément toujours suffisamment à manger durant la nuit. C’était la double-peine en quelque sorte ! Quand on arrivait le matin et qu’il ne restait pas grand-chose à l’auge, on ne savait pas depuis combien de temps cela durait… En distribuant la ration le soir, la question ne se pose plus. On peut ajuster la distribution à la consommation des vaches car dans l’après-midi, on visualise facilement s’il manque du fourrage à l’auge.

En préparant la mélangeuse le soir, nous n’avons jamais été confrontés à un problème de ration qui avait chauffé, même en été. La nuit, les températures restent suffisamment fraîches pour limiter ce risque. En général, en saison estivale, on distribue plutôt 70 % de la ration le soir et 30 % le matin.   

On a vu une amélioration flagrante des taux

Les vaches sont également plus calmes. La nuit, elles sont beaucoup plus statiques et ruminent tranquillement dans leurs logettes. On a remarqué ce changement de comportement à l’état de l’arrière des logettes. Le matin, c’est la misère à tout nettoyer !

Autre conséquence importante : les taux se sont améliorés. La distribution d’une ration régulière au fil de la journée a vraiment eu un impact positif sur le TB et le TP. C’est normal, en limitant le tri et l’effet « auge vide », le potentiel des vaches s’exprime beaucoup mieux. Je ne reviendrais pas en arrière. A moins d’opter pour un robot d’alimentation. C’est la seule alternative que je peux imaginer. »

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