Égalité femme homme en élevage, rien n’est acquis
La part des femmes cheffes d’exploitation a très peu évolué au cours des dernières années, plafonnant autour d’un quart. La place des femmes en agriculture et leur accompagnement pour une égalité des chances sont au cœur des priorités du ministère de l’Agriculture.
Avec 30 % de femmes à la tête des élevages caprins et ovins, contre 26 % en moyenne sur les exploitations agricoles françaises, ces filières font figure de bon élève sur le sujet de l’égalité femme homme. La question ne peut cependant pas se limiter à ce chiffre. « Femmes en agriculture, des avancées mais encore des défis à relever » était le thème d’une table ronde organisée par l’Afja(1) à l’Académie d’agriculture à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.
Françoise Liebert, haute fonctionnaire en charge de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation y a rappelé que « si les femmes ont toujours beaucoup travaillé en agriculture, leur statut lui est récent). » (voir encadré).
Identifier les freins à l’installation
Égalité des droits ne veut pas automatiquement dire égalité des chances. Un exemple bien identifié illustre ce fossé : les disparités dans l’attribution des aides à l’installation, avec de nettes différences entre les femmes et les hommes. « Cette situation s’explique par l’installation plus tardive des femmes, analyse Françoise Liebert. En effet, pour prétendre aux aides à l’installation, l’Europe impose actuellement un plafond d’âge limité à 40 ans, ce qui les pénalise. Par ailleurs, une formation technique agricole est demandée aux femmes qui, bien que souvent plus diplômées que les hommes, s’installent fréquemment après une reconversion. Nous devons donc travailler sur ces freins identifiés, accélérer le recours à la formation continue de manière à tenir compte de leur parcours tout en leur permettant d’accéder à des certifications ou des passerelles diplômantes. »
Plafond et paroi de verre pour les femmes
Autre lieu d’inégalité, leur représentation dans les instances de gouvernance des organisations agricoles. Selon Clémentine Comer, sociologue, « les femmes sont soumises à un double processus : le plafond et la paroi de verre. En clair, elles sont surreprésentées dans les petits échelons, et plus on monte, moins les femmes sont présentes, jusqu’à être quasi absentes des conseils d’administration et bureaux. On observe en plus un fléchage genré des compétences. Les femmes sont plus présentes dans un certain type de mandats : sujets territoriaux, de niche, communication… et assez peu dans les mandats considérés « prestigieux » ou les thèmes « stratégiques » ». On retrouve aussi cette segmentation dans le partage des tâches sur les exploitations.
Pour les trois agricultrices présentes à la table ronde, Michèle Boudoin, éleveuse, présidente de la Fédération nationale ovine, Véronique Marchesseau, éleveuse, secrétaire générale de la Confédération paysanne, et Aurore Paillard, productrice en grandes cultures et membre des Jeunes agriculteurs, que l’on soit une femme ou un homme, le collectif fait la force. Et le progrès est conditionné aussi à la volonté des hommes de faire une place aux femmes. L’agriculture n’est pas différente de la société et doit aussi évoluer pour plus d’égalité.