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« Donner des signaux positifs aux éleveurs ovins français »

La France a pris le 1er janvier 2022 la présidence de l’Union européenne pour six mois. Les enjeux sont nombreux pour la filière ovine française et européenne rappelle Michèle Boudoin, présidente de la FNO et du groupe ovin du Copa-Cogeca.

Les négociations autour des accords de libre-échange entre l’Union européenne et l’Océanie ont repris, quelles demandes allez-vous porter sur ce thème ?

 

 
Michèle Boudoin, présidente de la FNO et du groupe ovin du Copa-Cogeca, représentant les éleveurs et coopératives européens.
Michèle Boudoin, présidente de la FNO et du groupe ovin du Copa-Cogeca, représentant les éleveurs et coopératives européens. © B. Morel

 

Michèle Boudoin - « Nous sommes très prudents. La filière ovine ne doit pas être sacrifiée à l’autel d’autres secteurs, agricoles ou non. Les éleveurs ovins français fournissent 45 % de la consommation nationale. Nous avons donc besoin d’importer de la viande ovine, mais pas à n’importe quelles conditions, et de préférence des autres pays de l’Union européenne dont les normes sociales et environnementales sont proches des nôtres. Les négociations avec la Nouvelle-Zélande vont reprendre, et nous souhaitons que de nouvelles modalités techniques soient intégrées à l’accord. L’objectif est de préserver le revenu des éleveurs ovins français et européens. L’accord actuel prévoit un contingent sans tarifs douaniers ni distinction entre le « frais » (en fait conservé avec de l’azote liquide) et le congelé par exemple. Cela doit être revu. De même, un séquençage des livraisons doit être prévu pour éviter un afflux de viande hors saison de consommation parce qu’un autre marché s’est refermé pour les éleveurs néo-zélandais. »

La prédation est une préoccupation importante, comment ce sujet est-il abordé ?

M.B. - « Aujourd’hui, nous avons réussi à faire reconnaître qu’il ne s’agit pas de « cohabiter » avec les prédateurs, mais de « coexister ». Nous travaillons auprès des parlementaires et de la commission pour modifier le classement du loup de « strictement protégé » à « protégé », ce qui permettra d’aborder différemment le sujet. L’objectif est de faire changer la façon dont la régulation des populations est organisée et de travailler de façon transfrontalière tout en donnant plus de souplesse aux États membres pour gérer la prédation. Nous demandons également que le financement des mesures de prévention et d’indemnisation liées à la prédation des troupeaux ne soit plus lié au second pilier de la Pac, mais par d’autres fonds qui n’empiètent pas sur le développement agricole et rural. »

La transportabilité des animaux vivants est aussi à l’agenda, quels sont les enjeux ?

M. B. - « Sur ce sujet du transport des animaux vivants, ce sont principalement les pays comme la Roumanie, exportant quasiment tous leurs animaux vivants, qui sont ciblés. Il existe déjà des règles, il faut qu’elles soient appliquées pour le bien-être des animaux. En France plus spécifiquement, il est certain que l’abattage à la ferme n’est pas la solution. Cela pose la question du lien entre bassins de production et de consommation, mais aussi du maillage territorial des abattoirs et de leur seuil de rentabilité économique. C’est un sujet important qui est travaillé au niveau français avec les toutes les familles au sein de l’interprofession. Elle recoupe avec la question du bien-être animal dont s’est saisie la profession agricole pour mieux valoriser ses bonnes pratiques. L’enjeu principal est surtout d’aboutir à des règles qui soient cohérentes sur le terrain et qui ne remettent pas en cause la pérennité économique de toute une filière. »

L’élevage est attaqué de toutes parts, comment le défendre au niveau de l’UE ?

M. B. - « Les éleveurs de ruminants sont malmenés depuis de nombreuses années, par la société civile, les médias, les ONG, et le monde politique. Ils oublient toutes les aménités positives de l’élevage sur l’environnement, la vie économique des territoires, l’entretien des paysages, et bien sûr avant tout, la production d’une viande de qualité. C’est un travail collectif entre toutes les filières que nous menons depuis longtemps et que nous allons devoir intensifier, au risque de voir les installations insuffisantes et péricliter l’élevage. C’est aussi un enjeu de souveraineté alimentaire. Nous devons donner des signaux positifs au monde de l’élevage. »

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