Aller au contenu principal

Jean-Bernard Lozier : « je me suis libéré de l’hyper dépendance au glyphosate en changeant mon système »

Agriculteur à Coudres (Eure), Jean-Bernard Lozier est revenu au labour et a diversifié sa rotation culturale pour mieux contrôler les adventices tout en réduisant l'usage des herbicides.

« Jusqu’à la fin des années 1990, j’utilisais du glyphosate à raison de 2 l/ha sur les 90 hectares de mon exploitation, de manière systématique avant les semis pour détruire les couverts et les adventices levées. J’étais en non-labour. Mais cela ne me satisfaisait pas car j’étais hyperdépendant au glyphosate. Et pour autant, j’avais de plus en plus de problèmes d’adventices, à cause entre autres de ma rotation à base de blé, orge et colza d’hiver.

Je fais partie du réseau des fermes Dephy, suivi par la chambre d’agriculture et, en 2000, j’ai constitué un groupe d’agriculture intégrée dans l’objectif de diminuer les pesticides et aussi les engrais de synthèse. Pour cela, il fallait changer la rotation culturale. Je suis dorénavant sur une rotation de neuf ans avec une diversité de cultures d’hiver et de printemps, où le blé revient tous les trois ans. J’ai arrêté d’utiliser le glyphosate. En contrepartie, j’ai repris le labour, de manière systématique avant les cultures de printemps et parfois avant celle d’hiver. Il est réalisé à une profondeur modérée, de 10 à 15 centimètres. La charrue reste un bon outil de désherbage. Avec ce travail du sol effectué en hiver, j’estime ne pas trop porter atteinte à la vie du sol ni trop déstocker le carbone. J’ai introduit un peu de désherbage mécanique avec la herse étrille et j’ai décalé mes semis de façon à pouvoir réaliser des faux-semis contre les adventices. Mes parcelles ne sont pas rigoureusement indemnes d’adventices. Je les tolère et les gère à l’échelle de la rotation et non à la culture.

J’ai systématisé les couverts d’interculture, y compris avant culture d’hiver, avec des mélanges "performants". Ils sont constitués de légumineuses, de phacélie, de radis, d’un peu de tournesol. Mes couverts sont laissés le plus longtemps possible en place et captent beaucoup de carbone. Je considère que l’impact sur l’environnement est moins fort avec un labour raisonné et les couverts qu’avec l’utilisation de pesticides dont le glyphosate. Mon indice de fréquence de traitement se situe entre 0,5 et 0,8 en herbicides, et à 0,4 hors herbicides. Avec une moisson que je fais faire, le temps de travail est lissé sur toute l’année sans gros pic. Je reconnais que la consommation de carburant est un tiers supérieur depuis l’abandon du glyphosate. J’essaie d’y travailler en limitant le travail du sol au labour et à la préparation de semis. À l’époque du non-labour, je multipliais les déchaumages. »

EARL Lozier Jean-Bernard. 90 hectares : colza, blé, orge, lin textile, pois, sorgho, tournesol, colza… En bassin d’alimentation de captage.

Les plus lus

Moisson des blés dans les plaines de la Marne.
Moisson 2024 : des rendements très décevants sauf dans le sud

La météo continue à faire des siennes et les moissons se déroulent dans des conditions difficiles. Rendements faibles, qualité…

Parcelle de blé tendre en cours de récolte.
Moisson 2024 : le ministre de l'Agriculture évoque des aides exceptionnelles pour les céréaliers

En visite sur une exploitation céréalière d'Eure-et-Loir ce 29 juillet, Marc Fesneau a échangé avec la profession sur les…

Parcelle de blé tendre fin mai dans le Nord
Variétés de blé tendre : adopter progressivement la nouvelle génétique pour rester au top
Surfaces, profil des variétés, timing… Pour rester à la page du renouveau variétal proposé par les semenciers et testé par les…
Moissonneuse batteuse transférant la récolte de blé tendre dans une benne.
Moisson 2024 : "hétérogénéité immense" à fin juillet dans la moitié nord de la France

Alors qu’en orge d’hiver et en colza, les chantiers touchent à leur fin dans la majorité des régions, en blé tendre, ils se…

Mélange variétal de semences de fermes chez Clément Thomine à Nécy dans l'Orne
Mélanges variétaux de blé : un levier efficace contre les maladies
Semer des mélanges permet de cumuler les caractéristiques intéressantes de différentes variétés. Principal avantage démontré…
Pascal et Louis Guérin, agriculteurs à Billy-lès-Chanceaux (21) :«Cette campagne, nous n'avons pas pu intervenir pour biner les colzas à cause de la météo. Mais le ...
Colza biologique : préparer la plante à faire face aux ravageurs et aux adventices
Le colza biologique est sous la forte pression des ravageurs à l’automne ainsi que des adventices, notamment en Bourgogne-…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures