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Des vêlages à 21,5 mois en prim’Holstein, c’est possible

D’après de récents travaux d’Inrae, optimiser l’alimentation des génisses prim’Holstein permet d’avancer leur puberté entre 7,5 et 9,5 mois et d’envisager une mise à la reproduction dès 12,5 mois. Avec un âge au premier vêlage attendu à 21,5 mois.

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La puberté des génisses a été identifiée par dosage de la progestérone, par le contrôle de cyclicité des ovaires et par le développement de l’utérus suivi par échographie.
© Inrae

« En prim’Holstein, l’âge moyen au premier vêlage est aujourd’hui de 29 mois, constate Christophe Staub, de l’unité expérimentale PAO à l’Inrae de Nouzilly. Avec un intervalle vêlage-vêlage de 13,5 mois et 2,5 lactations par vache en moyenne, les vaches sont improductives pendant la moitié de leur vie. »

Face à ce constat, de nombreux éleveurs cherchent à réduire la phase improductive en avançant l’âge au premier vêlage. De récents travaux d’Inrae montrent qu’en optimisant l’alimentation des génisses prim’Holstein, il est possible d’avancer leur puberté de trois mois par rapport à une conduite en vêlage à 24 mois, ce qui permet d’envisager un âge au premier vêlage à 21,5 mois.

Deux lots, deux objectifs de GMQ

Ces travaux, financés par la région Centre-Val de Loire (1) avec de nombreux partenaires (2) ont été menés de 2019 à 2023 dans le cadre du projet VeauFast. « L’objectif était d’étudier l’impact d’une alimentation optimisée des génisses sur la puberté et la reproduction, et d’établir de nouvelles références zootechniques sur la génétique actuelle de la race prim’Holstein », précise le chercheur.

Deux lots de 38 génisses prim’Holstein nourries différemment ont été comparés de la naissance à la puberté. L’essai a été répété en été et en hiver, deux années de suite. Les génisses étaient nourries au DAL avec un aliment d’allaitement jusqu’au sevrage à 9 semaines, puis avec un concentré à 19 % de protéines distribué au DAC et de la paille. Le lot témoin était alimenté pour avoir un GMQ naissance-puberté de 800 g/j et le lot optimisé pour un GMQ supérieur à 1 000 g/j.

L’objectif des 400 kg est atteint à 12 mois en moyenne en conduite ultra-précoce

Poids moyen des génisses et quantités totales ingérées de chaque lot

  Poids (kg)Quantité ingérée (kg)

De la naissance au sevrage (9 semaines)

 

Conduite témoin81  ± 5Lacto-remplaceur 39,4  ± 0,3
Concentré céréalier 23,7  ± 2,3
Conduite ultra-précoce95  ± 8(*)Lacto-remplaceur 59,7(*)  ± 1,9
Concentré céréalier 28,5(*)  ± 3,9

De la naissance à 6 mois

 

Conduite témoin172,6  ± 9,4321,3  ± 4
Conduite ultra-précoce220,4(*)  ± 12,1561,2(*)  ± 9,5

De la naissance à 12 mois

 

Conduite témoin323,8  ± 19,6980,1  ± 6,2
Conduite ultra-précoce402,8(*)  ± 161 664,8(*)  ± 19
De la naissance à 15 moisConduite témoin412,7  ± 25465,1  ± 7,5

(*) Différence statistiquement significative.

Source : Inrae-UEPAO

Une puberté trois mois plus précoce

Les génisses du lot témoin, qui ont eu un GMQ de 780 g/j de la naissance à la puberté, ont été pubères à 11,2 mois en moyenne, avec une variabilité de 9,5 à 14 mois. Elles ont atteint le poids cible de mise à la reproduction de 410 kg à 15 mois, permettant un âge au premier vêlage de 24,5 mois.

Le lot ultra-précoce, qui a eu un GMQ naissance-puberté de 1 018 g/j, a atteint la puberté à 8,4 mois en moyenne, avec une variabilité plus limitée, de 7,5 à 9,5 mois. Le poids de mise à la reproduction de 410 kg a été atteint juste après 12 mois en moyenne, permettant d’envisager un âge au premier vêlage à 21,5 mois. « Pour les besoins de l’expérimentation, afin de resynchroniser les animaux pour l’étude de la deuxième génération, les génisses pubères à 12 mois n’ont été inséminées qu’à 15 mois, mais leur développement aurait permis de le faire à 12 mois », précise Christophe Staub.

Les génisses du lot ultra-précoce ont eu une meilleure minéralisation squelettique, une meilleure croissance et un engraissement corporel plus important. « L’âge à la puberté dépend du poids et de la morphologie. Le GMQ de 1 018 grammes a permis aux génisses d’avoir un engraissement corporel plus important et d’atteindre la puberté trois mois plus tôt que les génisses du lot témoin. »

Pas d’impact sur la première lactation

Les génisses du lot ultra-précoce consommant plus d’aliment d’allaitement et de concentré, elles ont par contre ingéré moins de paille, ce qui a impacté le développement du rumen. « L’impact était significatif à 12 semaines, avec un volume de rumen de 10 litres pour le lot ultra-précoce, contre 15 litres pour le lot témoin. À 18 semaines toutefois, il n’y avait plus de différence entre les lots. »

La différence ruminale n’a pas impacté la croissance des veaux du lot ultra-précoce qui avaient un GMQ supérieur à 1 100 g/j à cet âge. Il n’y a pas eu de perturbations métaboliques liées au régime optimisé et pas d’impact sur la reproduction et les premières lactations. Et il n’y a pas eu d’effet saison, les veaux des deux groupes étant toutefois significativement plus gros à la naissance en hiver qu’en été.

Une limite à ne pas dépasser

La conduite testée, avec un GMQ supérieur à 1 000 g et une alimentation solide à 19 % de protéines, constitue toutefois sans doute une limite à ne pas dépasser. « Les chercheurs américains recommandent aussi de ne pas dépasser ces niveaux, indique Christophe Staub. Au-delà, l’engraissement des génisses peut être trop important et impacter négativement le métabolisme, le développement de la glande mammaire, la reproduction… »

(1) Région Centre-Val de Loire APR 2016 - 00108517.
(2) Université de Tours, Bonilait Protéines, Tellus, Eliance, IMV Imaging, Medria solutions, Urban, La Buvette, Hanskamp.
 

Un surcoût à l’insémination de 127 € pour le lot ultra-précoce

Surcoût alimentaire en euros par génisse entre les deux lots

en €/génisse

De la naissance 

au sevrage 
(9 semaines)

De la naissance 
à 6 mois

De la naissance 

à 12 mois

De la naissance 
à 15 mois
Surcoût en lactoremplaceur+ 50+ 50+ 50+ 50
Surcoût en concentrés+ 2+ 84+ 240+ 77
Surcoût alimentaire total+ 52+ 134+ 290+ 127


Dans le lot ultra-précoce, l’alimentation a entraîné un surcoût de 50 € en aliment d’allaitement. Pour le concentré, le surcoût s’élève à 240 € à 12 mois. Soit un surcoût alimentaire total de 290 €, avec une mise à la reproduction possible à 12 mois car le lot atteint l’objectif des 400 kg.


Dans le lot témoin, les génisses ont dû être nourries trois mois supplémentaires pour atteindre les 400 kg permettant de les inséminer. Le surcoût engendré pour les nourrir entre 12 et 15 mois s’élève à 163 €. D’où une différence de coût de concentrés entre les deux lots (de la naissance à l’objectif des 400 kg) égale à 77 €.


Au final, le surcoût à la première insémination est donc de 127 € pour le lot ultra-précoce. « Si l’on tient compte des avantages de la puberté précoce en termes de gestion du troupeau, d’organisation du travail, de coût de main-d’œuvre et d’entretien des bâtiments, il ne fait aucun doute que le léger surcoût d’alimentation est compensé par les gains réalisés », assure Christophe Staub.

Source : Inrae-UEPAO

Les marqueurs épigénétiques à l’étude

Un prolongement de VeauFast, initié en 2023, est le projet VeauFit, financé par APIS-GENE, qui vise à étudier les marqueurs épigénétiques liés à un régime optimisé des génisses. « L’épigénétique étudie les mécanismes moléculaires qui modifient l’expression des gènes sans changer la séquence de l’ADN, explique Christophe Staub. Le but de VeauFit est de voir si l’alimentation optimisée des génisses modifie les marques épigénétiques des génisses des générations suivantes, c’est-à-dire si ces modifications sont héritables, ce qui permettrait d’expliquer une adaptation des animaux beaucoup plus rapide que celle dépendante la génétique seule. »

1 665 kg de concentré consommés à 12 mois

À la naissance, les veaux ont reçu 2 litres de colostrum à 24 Brix 2 heures après la naissance, puis 8 heures après. Ils ont ensuite été nourris au lait entier deux fois par jour pendant 48 heures, avant de passer à l’aliment d’allaitement. Ils ont alors été répartis en deux lots : un lot avec un objectif de GMQ naissance-puberté de 800 g et un lot avec un objectif de GMQ de 1 000 g. Les deux régimes étaient basés sur les mêmes aliments : Univor Premium (Bonilait Protéines) pour l’aliment d’allaitement et Floribelle (Tellus) pour le concentré (aliment sans soja, avec tourteaux de colza et tournesol).

Pour l’aliment d’allaitement, distribué en quatre repas par jour, la concentration en poudre était de 155 g/l pour le lot optimisé et 115 g/l pour le lot témoin. Les quantités étaient aussi augmentées, jusqu’à 9 l/j pour le lot optimisé et seulement 8 l/j pour le témoin au pic du plan de lactation à 5 semaines. Les veaux témoins ont consommé chacun 40 kg d’aliment d’allaitement et ceux du lot optimisé 60 kg.

Pour le concentré, distribué en cinq repas, seules les quantités variaient. Après 2 semaines, les veaux ont eu accès à du concentré qui, après sevrage, est devenu la principale source d’alimentation. Tous les veaux avaient de l’eau et de la paille à volonté, mais ne recevaient pas d’autres fourrages. Au final sur un an, les génisses du lot témoin ont reçu chacune 980 kg de concentré et celles du lot optimisé 1 665 kg.

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