Aller au contenu principal

« Des matières premières haut de gamme à bon prix grâce à l’achat en commun pour complémenter mon troupeau »

À l’EARL Haugoubart dans la Nièvre, des matières premières sont achetées en commun par camions entiers avec un groupe de voisins. Ceci permet à cet élevage de 50 vaches d’accéder à des prix très intéressants.

Mathieu Haugoubart et Amandine Martin élèvent à Cervon dans la Nièvre une cinquantaine de blondes d’Aquitaine et des brebis en système 100 % herbe. Ils vendent des broutards et des reproducteurs, et engraissent une partie des vaches de réforme. Leurs besoins en concentrés représentent donc des volumes relativement modestes. Les éleveurs ont besoin d’à peu près 25 tonnes d’un aliment complet composé du mélange de matières premières pour les broutards, les reproducteurs et les agneaux, et de 20 tonnes de tourteau de colza pour les vaches suitées.

Depuis quatre ans, Mathieu Haugoubart s’est organisé avec un groupe de sept à dix éleveurs allaitants pour acheter en commun les matières premières. Ces éleveurs sont ses voisins, mais sont dans des systèmes très variés et élèvent de 30 à 300 vaches. Mais ils se rejoignent sur la recherche d’efficacité économique, ont envie de faire les choses ensemble, et ils ont déjà des habitudes de travail en commun pour le matériel via une Cuma. Le groupe consomme environ 250 tonnes de matières premières par an.

Lire aussi : Prix record en colza : vers les 600 euros/tonne ?

Auparavant, tous se faisaient livrer par un commerçant à raison de 3 à 5 tonnes d’aliment à la fois. Désormais, ils commandent par camions entiers cinq à sept matières premières différentes au cours de l’année. « On a maintenant un peu de recul, explique Mathieu Haugoubart. Finalement on travaille avec six ou sept fournisseurs principaux pour la pulpe, la luzerne, le maïs grain. Ce ne sont pas des courtiers ni des coopératives qui nous permettent d’obtenir les meilleures transactions mais plutôt de petits négoces. » Chacun regarde les cotations et entretient ses contacts, et quand un prix intéressant est trouvé, les commandes des différents éleveurs du groupe sont relevées et la marchandise est bloquée. Il est rare que des fournisseurs permettent au groupe d’éleveurs d’accéder aux mêmes conditions que les gros clients, mais cela leur arrive.

« Pour le tourteau de colza, on commande en direct via l’appli FeedMarket un camion entier à l’usine Saipol du Meriot, dans l’Aube, raconte Mathieu Haugoubart. On a fait cette année une économie de 60 à 70 euros par tonne, et on peut différer la livraison de jusqu’à cinq mois. » Le groupe travaille dès que possible en direct avec les céréaliers voisins pour le maïs et les autres cérales. Il commande chaque année une benne de graines de soja directement à des producteurs du département. « La Cuma départementale dispose d’un toasteur, et on a comme ça accès à une excellente source de protéines locales pour nos troupeaux. » Ils achètent aussi de la farine de biscuit à un grand négociant. « C’est un aliment très intéressant. Il n’y a pas d’aplatissage à faire, c’est plus riche en protéines et en sucres qu’une céréale et cela ne crée pas de risque d’acidose. »

Lire aussi : Différents régimes pour l'engraissement des vaches de race Blonde d'Aquitaine

Pour les règlements, les éleveurs n’ont pas créé de structure particulière. Ils les font en leur nom et s’arrangent entre eux pour les cessions et les facturations. « Quand un camion arrive, on utilise le pont-bascule mobile de la Cuma départementale. Chaque éleveur vient avec son tracteur et sa benne chercher sa commande. Un ticket de pesée est édité, explique Mathieu Haugoubart. Cela vaut le coût de passer une demi-journée de temps en temps à chercher les bonnes affaires. »

Un bel aliment complet au meilleur prix

Pour les broutards et les reproducteurs, Mathieu Haugoubart compose un aliment complet avec de la luzerne déshydratée, de la pulpe déshydratée, du maïs grain, de la farine de biscuit, du tourteau de lin et de la graine de soja toastée. « À 17,5 % de MAT, il apporte 1,1 UF et contient 6 % de matières grasses. Il nous revient à 235 euros la tonne cette année (2020-2021) en comptant les achats et la fabrication. J’estime économiser 70 euros par tonne, soit pour mon élevage environ 2 000 euros par an, calcule l’éleveur. C’est surtout un gage de qualité. À ce prix dans le commerce, un aliment complet n’est pas composé des mêmes matières premières. »

Pour les vaches suitées, il complète son ensilage et enrubannage de prairies avec du tourteau de colza, et, s’il y a besoin d’un peu d’énergie, avec de la farine de biscuit.

Mathieu Haugoubart a installé deux cellules bétonnées pour le stockage à plat, d’une capacité totale de 100 tonnes. Il fait intervenir en prestation de service un camion usine une fois par an.

Les plus lus

éleveur taureau charolais
Entreprise de travaux agricoles : « Je délègue mes 30 hectares de cultures à une ETA et je consacre mon temps à mon troupeau »

Passionné par la sélection et la technique, Julien Demongeot réserve son temps et son énergie à son troupeau de cent…

éleveur tracteur ETA délégation travaux agricoles
Entreprise de travaux agricoles : « Nous déléguons de A à Z les cultures »

Jean-Marc et Patricia Touillon, éleveurs de charolaises dans la Nièvre, se consacrent à leur cœur de métier autour de la…

éleveur éleveuse parthenaise
Entreprise de travaux agricoles : « Nous avons confié notre centaine d’hectares de cultures diversifiées »

L'EARL de Lartois, dans le Nord, délègue à une ETA une bonne partie des travaux de ses cent hectares de cultures. Son matériel…

Commerçants en bestiaux : « Les négociants s’engagent au quotidien, ils ont aussi des attentes vis-à-vis de leurs partenaires »

Lors du 35ème congrès d'Elvea le 5 septembre dans le Puy-de-Dôme, la Fédération française des commerçants en bestiaux a…

éleveur salers chevaux de trait bretons prairie
Entreprise de travaux agricoles : « Éleveur double actif, je délègue mes 15 hectares de foin à une entreprise »

Julien Goibier préfère investir dans la génétique que dans du matériel, et étant double actif, il gagne du temps en faisant…

éleveur prairie charolaises
Gain de temps : « Je délègue la fabrication de l’aliment à la ferme à un camion en Cuma »

Dans la Loire, un camion de fabrication d’aliment détenu par la Cuma La fourragère du Roannais circule de ferme en ferme.…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande