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Des efforts payants sur la baisse d’antibiotiques en volaille

Le réseau national Réfavi confirme la réduction importante des usages d’antibiotiques au sein de la filière avicole. Elle est le fruit d’importants efforts, menés collectivement depuis dix ans.

Le travail sur la qualité de l'eau a été  fondamental dans la réduction des antibiotiques.
Le travail sur la qualité de l'eau a été fondamental dans la réduction des antibiotiques.
© A. Puybasset

Selon l’observatoire national Réfavi, piloté par l’Itavi, les usages d’antibiotiques ont chuté de 32 % pour l’espèce poulet et de 45 % en dinde entre 2018 et 2020. Alors que la filière avicole est souvent sous le feu des critiques, ces chiffres méritent d’être largement diffusés. Mieux communiquer sur les efforts réalisés est d’ailleurs l’un des deux objectifs de ce réseau créé en 2017, le premier étant d’avoir des indicateurs plus précis par espèce avicole. Seule une référence « toutes volailles » était disponible jusqu’à présent. « Pour les organisations de production, l’intérêt est de pouvoir se positionner par rapport à une moyenne nationale, explique Nathalie Rousset, de l’Itavi. L’enjeu est aussi de se comparer à d’autres pays qui ont une approche par espèce, tels que l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Pologne. »

Les résultats 2020 de Réfavi confirment la baisse d’utilisation d’antibiotiques constatée par d’autres systèmes de référence, en particulier le suivi des ventes d’antibiotiques réalisé chaque année par l’Anses et l’Agence nationale du médicament vétérinaire.

 

 
Des efforts payants sur la baisse d’antibiotiques en volaille
© Itavi

 

Depuis la mise en place du plan Ecoantibio de lutte contre l’antibiorésistance en 2011, il a montré une baisse d’exposition aux antibiotiques de 60,5 % en volaille et de 45,3 % toutes espèces animales.

Mieux évaluer les solutions alternatives

Cette réduction globale souligne les efforts considérables réalisés à tous les étages et de manière collective, avec une remise en cause des pratiques pour l’éleveur mais également pour le vétérinaire. « Notre métier a beaucoup évolué, a confirmé Thierry Mauvisseau, l’un des trois vétérinaires avicoles invités à une table ronde sur les antibiotiques, organisée par l’Itavi pendant le Space. « On est beaucoup plus axé sur la prévention et sur l’accompagnement technique, en particulier sur la thématique de la qualité de l’eau de boisson. Ce levier a été un aspect fondamental dans la réduction des antibiotiques. »

En parallèle, la recherche de solutions alternatives à propriétés antibactériennes ou stimulant l’immunité s’est renforcée (extraits végétaux, probiotiques…). « Pour aider à choisir la solution adaptée et démontrer son efficacité, on s’est appuyé sur des analyses de laboratoire via la démarche d’accompagnement Alterbiotique de Réseau cristal. »

Agir simultanément sur tous les leviers

Au groupement chair d’Eureden, la stratégie pour avancer sur la démédication a été d’impliquer tous les éleveurs autour d’une même thématique et d’agir en synergie par un accompagnement à la fois technique, nutritionnel et sanitaire. « En dinde, par exemple, on a travaillé sur les troubles digestifs, qui étaient à l’origine de la moitié des traitements antibiotiques, explique le vétérinaire Jérémy Boutant. Les principaux leviers techniques ont porté sur la qualité de l’eau, la ventilation, le renouvellement de la litière, les transitions alimentaires. Au niveau nutritionnel, cela s’est traduit par une évolution de la formulation (incorporation d’enzymes, utilisation de matières premières plus sécurisées et par l’ajout d’un additif (métabolisat de levures) incorporé systématiquement dans l’aliment jusqu’à six semaines. Suite à ces actions, le recours aux traitements digestifs a été divisé par deux. On a constaté une baisse de quatre points d’indice de consommation et une moindre dégradation de la litière. »

Davantage de monitoring en repro

Au niveau du maillon multiplication/accouvage, les efforts ont également été centrés sur la prévention. « Cela a mobilisé toutes les équipes et nécessité davantage de communication et d’anticipation », poursuit Claire Parmentier, vétérinaire Chêne Vert. Deux axes de travail ont été définis : 1. le suivi d’indicateurs à travers les plans de prélèvements bactériens (d’environnement ou lors du vide sanitaire) en élevage ou au couvoir ;

2. L’optimisation des plans de vaccination pour stimuler l’immunité vaccinale des cheptels. « Cela intègre la réalisation de contrôles sérologiques sur tous les bâtiments, la formation des équipes de vaccination et la mise en place d’autovaccin contre les colibacilles (criblage des souches deux fois par an). »

L’enjeu pour la filière est aujourd’hui de poursuivre tous les efforts engagés. Il est aussi de parvenir à mieux les valoriser auprès des consommateurs. L’objectif est que les éleveurs puissent en tirer les bénéfices, ne serait-ce que par la mise en avant de la volaille française, mieux disant sur la démédication que certaines volailles importées d’Europe.

Moins d’exposition aux antibiotiques critiques

Animé par l’Itavi, l’Anvol et l’Anses, le réseau regroupe les données de 40 % des abattages de poulets et de dindes depuis 2018.

Les indicateurs d’exposition utilisés sont « le poids vif traité-jour » (nDDkg), représentant la quantité de matière active recommandée pour une journée de traitement d’un kilo de poids vif et « le poids vif traité » (nCDkg) qui prend en compte la durée totale de traitements sur le lot.

Entre 2018 et 2020, l’indicateur nDDkg a diminué de 32 % en poulet et de 45 % en dinde. Avec l’indicateur nCDkg, la baisse est respectivement de 30 et 43 %.

Les usages en volaille de fluoroquinolone, qui fait partie des antibiotiques critiques, représentent 2 % des usages toutes productions animales. Ils ont baissé entre 40 à 48 % selon l’indicateur en poulet et entre 29 et 32 % en dinde.

L’objectif fixé en 2017 de réduire de moitié en cinq ans les usages de colistine est largement dépassé : la baisse est de 77-79 % en poulet et de 56-67 % en dinde.

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