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Des coups de chaleur plus fréquents en volailles à l'horizon 2050

L'Itavi a réalisé une estimation de la fréquence des coups de chaleur des poulets au cours des prochaines décennies, à partir de modèles prévisionnistes sur le réchauffement climatique.

Poulets en situation de risque coup de chaleur. Le nombre de jours à risque thermique extrême va s’accroître fortement dans la décennie 2030, si les modalités ...
Poulets en situation de risque coup de chaleur. Le nombre de jours à risque thermique extrême va s’accroître fortement dans la décennie 2030, si les modalités (densité, ventilation…) de l’élevage du poulet conventionnel en claustration restent inchangées.
© P. Le Douarin

Afin d’évaluer les conséquences du changement climatique sur la production de poulets de chair en période estivale, l’Itavi a réalisé une estimation de la fréquence des coups de chaleur à venir dans l’ouest de la France. 

Lire aussi : « J’aborde les périodes chaudes plus sereinement dans mes poulaillers »

Les simulations indiquent un nombre moyen d’événements de stress sévère multiplié par 7 en Bretagne et 4 en Pays de la Loire à l’horizon 2050 par rapport à la référence (1976-2005). Cette étude fait partie du projet Fermadapt – multifilière et multipartenaire – qui porte sur la transition et la durabilité des systèmes de productions agricoles face aux changements climatiques en régions Bretagne et Pays de la Loire.

Une augmentation du nombre de jours critiques

Les climatologues tablent sur un scénario climatique de réchauffement mondial moyen à + 3 °C à la fin du siècle, dont + 4 °C pour la France. Ce scénario sert de référence à toutes les actions d’adaptation menées en France dans le cadre de la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (Tracc).

Lire aussi : Coup de chaleur : l’Itavi évalue les fortes températures ressenties par les poulets

Pour évaluer les conséquences concrètes dans les élevages de poulet, l’Itavi a extrait les températures et humidités quotidiennes de juin à septembre des années à venir, à partir des données climatiques disponibles sur le site web du ministère de la Transition écologique. Ces données sont régionalisées, et même spatialisées au niveau local à l’échelle de carrés de 8 km de côté.

 

 
Graphique : Évolution des joursn à THI sévère en régions Bretagne et Pays de la Loire jusqu'en 2060 - Le nombre de jours de stress thermique va augmenter dans les ...
Graphique : Évolution des jours à THI sévère en régions Bretagne et Pays de la Loire jusqu'en 2060 - Le nombre de jours de stress thermique va augmenter dans les décennies à venir avec des disparités en fonction de la zone géographique. © Source : Itavi

Dans un premier temps, ces données ont permis de calculer l’indice THI (1) de stress thermique et le nombre de jours au-dessus du niveau « sévère » de risque de coup de chaleur. Pour la Bretagne, le nombre moyen atteindrait 6,1 jours de stress sévère en 2050 contre 0,9 jour pour la période de référence (1976-2005). Pour la région Pays de la Loire, ce chiffre passe à 14,8 jours en 2050 contre 3,6 jours pour la référence. Ces résultats dépeignent le stress potentiel à l’extérieur des poulaillers et sous abri.

Quantifier le potentiel de stress thermique

Dans un second temps, l’Itavi a construit un modèle thermodynamique pour traduire les conditions extérieures de THI dans une ambiance intérieure, dans le but d’évaluer les conséquences dans des bâtiments à ventilation dynamique remplis de poulets les plus susceptibles d’être affectés.

 

 
Graphique : Évolution du nombre de jours de THI au niveau de stress très sévère jusqu'en 2090 - La Bretagne sera moins affectée que les Pays de la Loire, surtout dans sa ...
Graphique : Évolution du nombre de jours de THI au niveau de stress très sévère jusqu'en 2090 - La Bretagne sera moins affectée que les Pays de la Loire, surtout dans sa partie nord-ouest comme le montrent les cartes © Source : Itavi

Le modèle développé intègre des paramètres tels que la densité, le poids vif, le taux de renouvellement d’air et le débit de brumisation. Des simulations ont été effectuées pour un bâtiment de type Colorado de 1 200 m², avec une extraction maximale de 350 000 m3/h, une densité de 42 kg/m² (risque maximum) et un débit de brumisation de 500 litres d’eau par heure. Avec cette configuration, en 2050 le seuil critique sera dépassé 4,4 jours en Bretagne de début juin à fin septembre, contre 0,4 jour pour la référence historique. Dans le cas ligérien, le chiffre passe à 10,9 jours contre 2,1 jours. Il s’agit de moyennes régionalisées, le modèle pouvant calculer les variations territoriales comme l’illustrent les cartes.

Simuler des leviers de prévention

Cette première étude pose la question des outils de gestion d’un cheptel soumis à de fortes chaleurs dans les bâtiments d’aujourd’hui et de demain. Ce modèle pourra être utilisé pour étudier l’influence de tel ou tel paramètre sur le niveau de THI intérieur. Pour une situation météo donnée, il est possible de calculer la meilleure combinaison entre le débit de brumisation et le taux de ventilation, afin de garder au maximum l’air le plus frais possible dans le bâtiment. Il peut également être possible d’estimer le niveau de densité animale ayant une influence significative sur le THI et prendre la bonne décision pour déclencher un enlèvement intermédiaire.

L’Itavi a aussi développé un modèle prenant en compte l’influence de la vitesse d’air sur la réduction de la température ressentie en tout point du poulailler. Cela permet de prédire les hétérogénéités spatiales de THI et peut servir à dimensionner finement les équipements de refroidissement, tels que des brasseurs d’air.

Yann Guyot (guyot@itavi.asso.fr)
(1) Temperature humidity index : Critère qui intègre à la fois la température et l’humidité

Un indicateur combiné du stress thermique

Combinant la température de l’air et l’humidité relative, l’indice de stress thermique (THI) évalue la capacité des animaux à réguler leur température corporelle et à réagir au stress. Un THI élevé signifie une capacité diminuée pour les animaux à évacuer la chaleur et donc un risque de coup de chaleur. Il existe plusieurs formules pour cet indicateur et plusieurs niveaux de seuils de stress. Le choix de l’Itavi s’est porté sur un indice exprimé en °C. Une valeur de 30 °C est considérée comme seuil de stress sévère impliquant un risque élevé de mortalité.

 

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