Etude
De nombreux résidus de pesticides persistent dans les sols selon l’Inrae
Des travaux menés par l’Inrae montrent qu’un grand nombre de pesticides persistent dans les sols sous forme de résidus. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Environmental Science & Technology.
Des travaux menés par l’Inrae montrent qu’un grand nombre de pesticides persistent dans les sols sous forme de résidus. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Environmental Science & Technology.
Alors que la contamination de l’environnement par les résidus de pesticides fait depuis de nombreuses années l’objet d’une surveillance pour les milieux aquatiques et l’atmosphère, il n’en va pas de même pour les sols. C’est pourquoi des chercheurs de l’Inrae, en collaboration avec des scientifiques de l’université de Bordeaux, ont décidé d’évaluer la contamination par les pesticides de près d’une cinquantaine de sols, prélevés dans toute la France métropolitaine, entre 2019 et 2021, à une profondeur de 0 – 20 cm. Il s’agissait principalement de sols cultivés (grandes cultures, vignes et vergers) mais aussi des sols supposément non traités (prairies, forêts, friches). En tout, 111 substances, priorisées par l’Anses sur la base des usages et du comportement dans l’environnement, ont été recherchées dans les prélèvements de sols. Ce projet, dénommé Phytosol, a été financé par l’Anses via une convention de recherche et ses résultats ont été publiés dans la revue Environmental Science & Technology.
67 molécules retrouvées avec une majorité de fongicides et herbicides
En se basant sur le Réseau de Mesures de la Qualité des Sols (RMQS), les chercheurs ont pu mesurer la persistance de ces substances et les risques associés pour la biodiversité des sols. Résultat : 98 % des sites étudiés présentent au moins une substance. Au total, 67 molécules différentes ont été retrouvées, majoritairement des fongicides et des herbicides. Les parcelles de grandes cultures sont les plus contaminées, avec jusqu’à 33 substances différentes retrouvées dans un seul site, et une moyenne de 15 molécules dans les sols. Les chercheurs ont également mis en évidence que dans les sols sous forêts, prairies permanentes, en friche ou en agriculture biologique depuis plusieurs années, plus de 32 pesticides différents ont été détectés, à des concentrations majoritairement plus faibles que pour les sites en grandes cultures.
#RP_INRAE🔎Persistance des résidus de #Pesticides dans les sols, des travaux de nos experts montrent que
— INRAE (@INRAE_France) May 24, 2023
👉98% des sites étudiés en France en contiennent au moins un
👉Au total, 67 molécules différentes sont retrouvées
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Le glyphosate en tête
Selon les chercheurs, les molécules les plus fréquemment détectées sont le glyphosate et l’AMPA, son métabolite principal, présents dans 70 % et 83 % des sols prélevés. Des fongicides de la famille des triazoles (époxiconazole) ou des fongicides inhibiteurs succinate deshydrogénase (SDHI) sont également retrouvés dans plus de 40 % des sites, tout comme des insecticides de la famille des pyréthrinoïdes comme la tefluthrine.
Si la majorité des substances recherchées sont utilisées uniquement en agriculture conventionnelle, quelques molécules peuvent cependant être utilisés en agriculture biologique, comme les pyréthrinoïdes.
Les vers de terre très exposés aux insecticides et herbicides
Les chercheurs estiment que si les herbicides contribuent le plus aux concentrations totales en pesticides retrouvées dans les sols, le risque majeur estimé pour les vers de terre est dû aux insecticides et aux fongicides. Les risques de toxicité chronique pour ces vers de terre sont modérés à forts pour toutes les parcelles cultivées.
Des concentrations supérieures à celles escomptées
L’Inrae et l’université de Bordeaux arrivent à cette conclusion : « Ces travaux de grande ampleur démontrent une persistance inattendue des molécules de pesticides dans l’environnement, bien au-delà de leur temps de dégradation théorique et à des concentrations supérieures à celles escomptées. Ces résultats soulignent un besoin accru de surveillance des sols, qui pourrait s’appuyer sur le réseau national RMQS, en place depuis plus de 20 ans ».