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Conjoncture économique
[Covid-19] Agri et agro toujours assez peu touchés et retour au niveau d’activité de fin 2019 qu’en mi-2022

La Banque de France a publié, le 14 décembre, un nouveau point de conjoncture et des prévisions macroéconomiques pour la période 2021-2023. Tour d’horizon.

© Nattanan Kanchanaprat / Pixabay

Le niveau de taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie agroalimentaire (IAA) ressort à 77 % en novembre, contre 78 % en octobre. Si l’on note un tout petit retrait en raison des nouvelles mesures de confinement, la note de conjoncture, publiée le lundi 14 décembre, précise que cette activité demeure proche de son niveau d’avant-crise pour les IAA. Dans la restauration, le taux d’utilisation des capacités de production avait atteint 61 % lors du déconfinement mais il s’est rétracté à 10 % en novembre et il ne sera pas meilleur en décembre (11 %). Il était inférieur à 10 %, lors du premier confinement en avril.

Ce taux est par ailleurs de 73 % sur novembre et décembre pour l’ensemble de la branche industrie hexagonale (univers dans lequel les IAA sont rattachées). A titre de comparaison, on peut aussi signaler un taux à 69 % dans l’automobile en novembre (71 %) ou encore à 67 % pour les deux mois dans l’habillement textile.

Les entreprises interrogées mensuellement par la Banque de France (environ 8 000) pour sonder l’activité économique du pays estiment qu’elles se situent à 95 % de leur activité normale en novembre (97 % en octobre et quasi 80 % en avril). Les chiffres relevés pour l’industrie en général, pour l’automobile et pour l’habillement textile sont respectivement de 91 % (91 % et 50 %), 88 % (91 % et 10 %) et enfin 83 % (88 % et 35 %). Pour le mois de décembre, les IAA estiment qu’elles atteindront 95 % de leur activité normale, stable donc.

En ce qui concerne l’impact de la Covid-19, la branche d’activité Agriculture et Industrie a enregistré une perte d’activité de 5 % en novembre, contre 4 % en octobre et -31 % en avril par rapport au niveau d’avant crise. La perte d’activité pourrait être de 5 % en décembre. Pour l’agriculture et les IAA seulement, les chiffres de pertes s’affichent à respectivement -3 %, -2 % et -9 %. Celle de décembre serait la même qu’en novembre. Pour le secteur du commerce de gros et de détail, des transports, de l’hébergement et de la restauration, la perte d’activité se chiffrerait à -32 % en novembre, contre -9 % en octobre et -45 % en avril. Celle de décembre atteindrait -19 %.

Enfin, on peut encore signaler que le niveau des carnets de commandes, déjà pas très haut, faiblit à nouveau en novembre et que la tendance sur ces carnets de commandes baisse à nouveau aussi.

Au final, « en prenant en compte nos estimations de perte d’activité pour les mois d’octobre, novembre et notre anticipation de reprise graduelle pour décembre, nous estimons que le PIB au 4e trimestre 2020 diminuerait d’environ -4 % (après +18,7 % au 3e trimestre selon les comptes nationaux trimestriels publiés par l’Insee) et de -9 % en moyenne annuelle pour 2020 », écrivent les experts de la banque centrale française.

Et pour 2021-2023 ?

Intervenant lors de cette présentation des projections macroéconomiques pour la période 2021-2023, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a parlé de « prévisions prudentes mais confiantes ». Bien sûr, de fortes incertitudes demeurent, ce qui a conduit les équipes de la banque centrale française a envisagé trois scénarios. L’un est dit scénario central et a les faveurs de l’établissement bancaire. Il est articulé autour d’hypothèses qui maintiennent un virus circulant encore début 2021 et un plein effet de la vaccination à fin 2021.

Dans ce cas, « début 2021, l’activité économique serait pénalisée par une consommation des ménages encore contrainte, avec une levée progressive des mesures sanitaires. Dans ces conditions, le niveau d’activité de fin 2019 ne serait retrouvé qu’à mi-2022, et le rattrapage s’étalerait sur 2021 et 2022, avec une croissance du PIB autour de 5 % sur chacune de ces deux années. En 2023, la croissance serait encore un peu supérieure à 2 %, un rythme certes toujours élevé, mais moins inhabituel », peut-on lire dans la note de projections économiques. Le scénario plus favorable avance une croissance du PIB de +7 % et le scénario plus sévère une baisse de 1 %.

Concernant l’inflation, le taux resterait très faible, avec cependant une légère remontée, ce qui ferait passer ce taux de 0,5 % fin 2020 à + 1 % en 2023. Côté emploi et chômage, le gouverneur rappelle que la France avait créé plus d’un million d’emplois entre 2016 et 2019. Le taux de chômage frôlerait les 11 % début 2021 et reculerait ensuite sur la barre des 9 % fin 2022.

Reste le cas de l’épargne : on atteindrait un surplus d’épargne fin 2020 de l’ordre de 130 Md€, soit 5 % du PIB, un volume intéressant dans le cadre de la relance de la consommation. Les Français ne semblent pas impatients de consommer cette épargne très rapidement et, selon le scénario central de la Banque de France, il faudrait attendre fin 2021, voire début 2022, pour que les cordons de cette épargne se desserrent. En attendant, le taux d’épargne des ménages français a atteint 22,2 % du revenu disponible brut en 2020, contre 14,9 % en 2019 (dans la moyenne longue nationale). IL ressortirait encore à 19,5 % en 2021, avant de revenir à 14,5 % en 2022 et 14,6 % en 2023. « Le rythme de la consommation du stock d’épargne accumulé en 2020 joue un rôle important dans l’évolution de la consommation des ménages, soumis à des aléas à la hausse comme à la baisse », conclut Olivier Garnier, directeur général.

Enfin, la Banque de France appuie son scénario 2021-2023 sur un baril de pétrole Brent à 41,6 $ fin 2020 puis 44 $ en 2021, 45,7 $ en 2022 et 46,9 $ en 2023 (en euros, respectivement : 36,5 ; 37,2 ; 38,6 et 39,7). Les matières premières hors énergie progresseraient de 0,8 % en 2020 en euros, puis de 4,3 % en 2021, 0,4 % en 2020 et 1,6 % en 2023. Le PIB mondial, après un recul de 3,5 % en 2020, se ressaisirait avec +5,6 % en 2021, +3,9 % en 2022 et +3,4 % en 2023. Il est bon de noter que la croissance du PIB mondial hors zone euro en 2021 (+5,8 %) et en 2023 (+3,6 %) sera légèrement supérieure à celle du PIB mondial avec la zone euro. Les deux indicateurs feraient jeu égal en 2022.

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