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Comment tarir le quartier d'une vache en cours de lactation

Un problème dans l’écoulement du lait ou une infection chronique peuvent conduire au tarissement d’un quartier en cours de lactation. La meilleure solution est actuellement l’arrêt de la traite combiné à l’administration d’un obturateur.

 

1 Deux indications pour tarir un quartier

Deux raisons majeures peuvent faire envisager le tarissement sélectif d’un quartier d’une vache en cours de lactation . La première indication est un problème dans l’écoulement du lait à la traite. Il peut être le plus souvent lié soit à un écrasement du trayon, soit à la présence d’un clapet en haut du canal du trayon ou d’un lambeau de kératine faisant office de bouchon dans le canal. Lors d’obstacle à l’écoulement du lait, il existe en effet un risque important de surinfection lors d’emploi de procédés visant à favoriser cet écoulement. Ceux-ci consistent en l’utilisation de sondes souple ou métallique, de mèches dilatatrices (ou pire à l’emploi d’un trayonotone). Dans tous les cas, le risque d’introduire une infection dans le quartier est très élevé. Il faudrait pouvoir travailler de manière parfaitement stérile, ce qui est très délicat en élevage. L’expérience montre que l’issue de ces manipulations est souvent la même : déclenchement d’une mammite clinique dont un des moyens majeurs de lutte, la vidange de la mamelle, est entravé. Cela se termine le plus souvent par la perte du quartier, associé à des coûts de traitement parfois élevés.

La deuxième raison de tarir un quartier en cours de lactation est une infection chronique qui se traduit par des concentrations cellulaires individuelles élevées ; ce type de mammite est très difficile à guérir en cours de lactation (en particulier en cas de staphylocoques). Le tarissement du quartier n’est envisageable que sur une infection subclinique (c’est-à-dire sans modification du lait ni congestion du quartier) et complètement exclue lors de mammite clinique. En effet, dans ce dernier cas, la vidange de la mamelle est une pratique essentielle pour sa guérison.

2 En pratique, comment tarir un quartier

La technique qui est actuellement la plus indiquée est un arrêt de la traite combiné à l’administration d’un obturateur de trayon. Celui-ci accélère le tarissement du quartier par augmentation de la pression intramammaire du fait de l’empêchement de l’écoulement. Cette pratique n’a toutefois pas été scientifiquement évaluée quant aux possibilités de guérison et de récupération fonctionnelle.

Dans le cas d’un arrêt simple de la traite du quartier, sans administration d’un obturateur, l’involution complète du quartier est très longue. 6 % des quartiers sont réellement taris au bout de 40 jours ! Cela s’accompagne d’une certaine douleur pour la vache, sans parler du risque de surinfection.

L’arrêt de la traite combiné à l’administration intramammaire d’un antibiotique avec ou sans obturateur est à proscrire. Aucun produit antibiotique intramammaire de tarissement n’a d’autorisation d’emploi dans ce type d’indication. Pour la quasi-totalité des molécules disponibles, il est établi que des concentrations d’antibiotiques détectables sont présentes dans le lait des autres quartiers. Cette pratique ne peut donc être conseillée du fait du risque d’inhibiteurs, sans parler du risque de branchement accidentel du quartier.

Une autre technique consiste à l’administration intramammaire de désinfectants ou autres produits pour éliminer infection et sécrétion lactée. Il existe dans la littérature un produit à base d’hydrolysats de caséine qui, administré à chaque traite pendant trois jours, permet un tarissement du quartier sans entrave de sa capacité fonctionnelle future. Ce produit n’est pas disponible en France. Certains désinfectants (chlorhexidine à la concentration de 0,5%, Lotagen (antiseptique à base de policrésulène)) sont parfois administrés, à des dilutions variables, dans des quartiers infectés. Ces techniques mériteraient plus amples détails et évaluations pour être conseillées.

3 L’administration d’un intramammaire n’est pas un geste anodin

Le risque d’introduire, en même temps que l’obturateur, une infection dans le quartier est très élevé. Surtout si on ne peut pas travailler dans de bonnes conditions, quand la vache est rétive, donne des coups de pied ou que l’ environnement est sale. Pour limiter les risques au maximum, il faut :

- intervenir sur un trayon parfaitement propre. C’est le plus souvent le cas à la fin de la traite mais il est prudent de le renettoyer (cela enlève d’éventuels germes déposés en cours de traite) et de surtout bien le sécher ;

- désinfecter obligatoirement et systématiquement l’extrémité de ce trayon, avec des serviettes désinfectantes qui sont toujours vendues avec l’intramammaire, ou avec un coton imbibé d’alcool ;

- insérer l’embout de la spécialité dans de bonnes conditions. Si la vache est rétive, il vaut mieux prendre le temps d’appliquer une bonne contention ;

- bien tremper le trayon avec le produit de post-trempage après l’administration ;

- bloquer la vache (idéalement une heure mais au moins un quart d’heure) après l’administration d’un obturateur de trayon pour que celui-ci reste bien en place.

Ces mesures sont vraiment indispensables pour éviter l’apparition d’une mammite grave dans les jours qui suivent le tarissement.

À savoir

Il y a une compensation fonctionnelle des autres quartiers en terme de production : + 4 % par quartier.
Les données manquent sur le devenir des quartiers taris lors de la future lactation.

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