Comment la communication sur le vin s'est confinée
Face à l’arrêt brutal de l’événementiel et du CHR, la communication digitale s’est imposée comme le moyen de maintenir les liens avec son réseau confiné. Comment bien utiliser les mails et les réseaux sociaux ? Voici un retour sur quatre expériences judicieuses et peu coûteuses.
Face à l’arrêt brutal de l’événementiel et du CHR, la communication digitale s’est imposée comme le moyen de maintenir les liens avec son réseau confiné. Comment bien utiliser les mails et les réseaux sociaux ? Voici un retour sur quatre expériences judicieuses et peu coûteuses.
Les apéros live de Margot Ducancel, organisatrice d’évènements autour du vin
Margot Ducancel est aussi la créatrice du blog Rouge aux lèvres et du club de dégustation éponyme qui s’adresse spécifiquement aux Parisiennes. « Il a fallu que je me réinvente, et comme les gens passent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, j’ai rapidement eu l’idée des Apéros live », raconte-t-elle. Lancés sur son compte Instagram dès la semaine du 23 mars, les Apéros live ont eu lieu du lundi au vendredi à 18 h 30. « J’ai fait intervenir des sommeliers, des vignerons, des coopératives… Je voulais que ce soit éclectique », insiste Margot Ducancel. Les invités y présentaient leur parcours, leurs métiers, leurs coups de cœur et évoquaient leur quotidien pendant le confinement. « Avec les sommeliers, on a parlé des concours ou des vins à la mode, alors qu’avec les vignerons, on a abordé des sujets plus techniques, comme la confusion sexuelle ou la minéralité », indique la blogueuse qui tient à vulgariser les connaissances. Leur engagement environnemental faisait toujours partie des questions. « C’est un sujet qui intéresse fortement le consommateur. » En sept semaines, près de 35 personnalités ont participé à ces rendez-vous quotidiens qui ont cumulé chacun entre 500 et 1 000 vues. Ces participations n'étaient pas rémunérées. « La limite avec le live, c’est la dégustation », expose la blogueuse qui travaille sur un coffret composé de Vinottes contenant les vins sélectionnés à déguster pendant les lives qui devraient se poursuivre au-delà du confinement, mais à moindre fréquence. Les vignerons ayant participé témoignent avoir gagné des abonnés suite à leur passage dans le live. « Et pour ceux qui livrent, il y a eu quelques ventes réalisées par ce biais », se réjouit Margot Ducancel.
Les Instagram live de François Collin, patron du bar à vin L’Assommoir (Paris 9e)
François Collin commençait à peine à apprivoiser son compte Instagram en tant qu’outil de communication lorsque le Covid-19 l’a obligé à fermer. Alors il a plongé « à marche forcée" pour garder les liens avec ses clients. « J’ai compris que poster des photos ça ne fait pas tout. Il faut susciter de l’intérêt pour avoir de l’engagement ». Il a lancé des interviews de vignerons en direct sur Instagram à 18 h 30, sur une heure maximum, trois fois par semaine. Il contacte des vignerons de domaines qu’il vend ou qu’il espère vendre bientôt. Il a aussi invité un chef ou encore un sommelier. « Je ne fais pas payer. Beaucoup d’influenceurs le font », tient-il à souligner. Il prend le temps de bien préparer ces rendez-vous. Il n’hésite pas à aborder des questions (très) techniques « pour ne pas être dans des banalités », parce qu’il veut se distinguer et par passion. Grâce à ces lives, sa communauté a triplé pour dépasser la barre des 1 000. Des amateurs comme des professionnels de la filière l’ont rejointe. Certains domaines l’ont appelé pour participer. Il espère un effet bénéfique sur sa fréquentation quand il rouvrira. « ça m’occupe intelligemment, ça me familiarise avec un outil média porteur et novateur ». Il pense aussi avoir gagné en crédibilité et visibilité pour de nouvelles pistes : aider des particuliers à constituer une cave, être agent pour de jeunes vignerons… Il dit avoir déjà noué de nouveaux liens professionnels.
La newsletter quotidienne de Romuald Cardon, agent de vignerons.
Dès le début du confinement, Romuald Cardon a décidé de poursuivre sa communication habituelle sous forme de newsletter mais de l’adapter. Baptisée « Histoires de rencontres », elle est devenue une sorte de feuilleton envoyé quotidiennement. Avec Aurélie Soubiran, qui s’occupe de sa communication, il s’est dit que parler d’offres, de logistique ou de nouveaux vins impossibles à faire goûter était « de l’énergie perdue ». Alors ils ont décidé de présenter des clients. Le temps de 22 épisodes, des sommeliers, restaurateurs ou cavistes ont donc été les héros de petits récits sensibles. Autant d’épisodes témoignant des liens professionnels mais aussi humains que cet agent aime tisser grâce aux vins. « Faire du commerce mais pas que », résume Romuald Cardon. Chaque message envoyé à 1 500 destinataires évoquait aussi quelques-uns des 33 vignerons avec qui il travaille. « Le vigneron, c’est souvent le point de départ de la rencontre ». « On a eu des retours très chouettes », apprécie Romuald Cardon, citant des messages le remerciant de la « petite histoire du matin » ou d’avoir donné envie de découvrir des adresses… pour plus tard. Il a ainsi réussi à « réunir virtuellement » ceux qui font son quotidien. Bonne aussi pour le moral, cette newsletter confinée lui a inspiré d’autres idées pour continuer à cultiver les liens.
Le MOOC ou cours en ligne de la cave de Tain
La cave coopérative de Tain, dans la Drôme, produit régulièrement du contenu vidéo qu’elle publie sur les réseaux sociaux pour partager le quotidien des adhérents et des employés de la cave. « On avait à notre disposition tout un pool de vidéos et on s’est dit qu’on allait les mettre à profit pendant le confinement, car les gens ont à la fois le temps et le besoin de s’informer », explique Nicolas Ravel, technicien vignoble qui s’est chargé de réaliser le MOOC (1). De la plantation à la dégustation, en passant par l’œnotourisme ou le riflage, 10 vidéos d’une minute composent le MOOC. À l’issue de chacune, deux questions fermées sont posées. « On n’est pas des acteurs, l’idée est vraiment de montrer ceux qui font tourner la cave dans la vraie vie, avec beaucoup de naturel et dans un format très court », explique Nicolas Ravel. Avec près de 300 participants fin avril, le responsable du MOOC se dit très satisfait de la participation. « On l’a fait avec les moyens du bord, avec très peu d’investissement. Il a été assez bien relayé par les influenceurs ou la presse, ça fait plaisir », se réjouit-il. Fin mai, un tirage au sort a été effectué parmi l’ensemble des participants. Cinq cuvées parcellaires étaient mises en jeu.
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